Medaouar joue à l'amalgame ! Après trois rencontres avec 31 des 32 clubs des deux ligues professionnelles, le président de la LFP a fait savoir que la décision de donner suite aux Championnats de l'exercice 2019-2020 incombe aux membres du BF. Enième cocasserie dans le feuilleton de la reprise des compétitions du football en Algérie. La «tournée» du président de la Ligue de football professionnel a pris fin lundi à l'occasion de la réunion avec les clubs du Centre évoluant en Ligues 1 et 2. Bien évidemment, l'absence des représentants du Paradou AC, club du président de la FAF, Kheireddine Zetchi, n'est pas passée inaperçue. Enigmatique à plus d'un titre, elle expliquerait en partie les «non-dits» dans les relations FAF-LFP souvent tendues sans vraiment faire exploser la «cocotte». Medaouar et Zetchi s'échangent généralement des amabilités par médias interposés. Le patron de la FAF ayant, à ce titre, planté son dernier clou lorsqu'il a été l'invité de la Radio nationale Chaîne 2 où il avait notamment rappelé que les instances doivent «prendre leurs responsabilités» face à la situation. Une pique à laquelle Medaouar a répliqué durant la conférence de presse, lundi, tenue à la fin de la rencontre avec les clubs du Centre à Dély Brahim, à quelques encablures plus loin du siège de la Fédération où se tenait hier la réunion du BF. «Nous sommes pour le bien commun et il faut que les décisions soient justes.», a-t-il d'abord affirmé, avant d'indiquer, «entre 90% et 95% des clubs voudraient que le championnat s'arrête. Ce n'est pas un défi à la FAF car nous ne perdrons absolument rien et nous ne gagnerons non plus rien si la saison venait à être arrêtée». Un propos qui nous change étrangement de celui tenu depuis quelques semaines par le président de la ligue, qui assurait que le championnat sera bouclé même s'il faut reprendre les compétitions en novembre. Quelque chose a changé depuis ? Medaouar ne le dit pas, même s'il persiste à riposter sèchement à ceux qui le soupçonnent d'avoir lancé sa campagne pour les prochaines élections. «Je le dis et je le répète, n'en déplaise à certains : je ne suis pas en campagne. Je ne fais que répondre au désir des clubs de s'exprimer sur un sujet qui a assez pris de temps. On doit se décider : soit on reprend soit on décrète l'arrêt définitif du championnat», a-t-il martelé. Les clubs jouent l'hypocrisie ! Comme d'habitude, doit-on écrire. Alors que la plupart des dirigeants des clubs évoquaient la nécessité de reprendre la compétition, notamment sur les plateaux de télévision, les émissions radiophoniques et sur les colonnes des journaux, leur «avis» a basculé aussitôt la rencontre avec Abdelkrim Medaouar tenue. Et ce sont ces mêmes présidents de clubs, qui demandaient à ce que «le championnat reprenne absolument», qui vont finir par avouer leur ralliement à la (nouvelle) cause du président de la LFP. L'illustration de ce revirement à 360° nous vient du président du CA de la SSPA/Doyen du MC Alger M. Almas, qui, souhaitant que la saison aille au bout pour pouvoir donner la chance aux clubs d'épuiser toutes leurs cartes, soit pour le titre ou le maintien, nous sert une nouvelle version selon laquelle « les clubs n'ont pas les moyens pour appliquer le protocole sanitaire». Il faudrait prendre la déclaration du dirigeant mouloudéen dans le contexte que vit le MCA, dont les bilans financiers sont au rouge, incitant la Sonatrach à bloquer ses apports tant que la situation comptable n'est pas assainie. Moins acide que d'habitude, mais toujours adepte de la reprise, M. Mellal assure que son club est pour la reprise. Non sans préciser que «la JSK respectera la décision finale qui sera prise par les autorités compétentes». Plusieurs autres clubs avaient émis cet avis, celui d'une reprise inconditionnelle du championnat avant le passage de Medaouar dans leur région. Le CSC, l'ESS et l'ASK mais aussi l'USMA, sans oublier le PAC (absent lundi) qui ne fait que respecter la démarche de son ex-président. Le CRB continue d'espérer... De tous les présents aux trois réunions, un seul club est demeuré rectiligne dans sa démarche. Il s'agit de l'actuel leader de la Ligue 1, le CR Belouizdad, dont le porte-parole et non moins directeur du pôle sportif a été plus explicite sur la teneur de la réunion des clubs du Centre avec Medaouar. «Nous avons exposé quatre points à la LFP concernant la reprise du championnat qui sera à mon avis très difficile. En effet, il faut savoir que sur le plan technique, un arrêt de quatre mois ne sera pas facile à combler pour les joueurs. On a vu qu'en Europe, plusieurs joueurs ont contracté des blessures avec tous les moyens de préparation qu'ils ont. Sur le plan de la santé, nos clubs ne sont pas prêts aussi à reprendre les entraînements et à assurer et respecter un protocole sanitaire strict. Les moyens financiers et matériels sont très limités au niveau de nos clubs. Ajouté à cela que les staffs médicaux travaillent généralement à temps partiel dans les clubs, donc il y a un réel risque de contamination si ces médecins travaillent dans les hôpitaux et en même temps au niveau des clubs», a fait savoir Korichi qui mettra à nu les insuffisances infrastructurelles des clubs des ligues professionnelles. «Il y a un manque d'infrastructures adéquates pour permettre une bonne application du protocole sanitaire et du confinement. Si on applique les règlements, deux ou trois stades seulement seront homologués.». Pour Toufik Korichi, le gouffre financier dans lequel nos clubs sont embourbés risque de se creuser davantage si la saison va au bout. «Tous nos clubs souffrent financièrement. La majorité de nos clubs ne sont même pas capables de payer leurs joueurs et même leurs simples employés. En résumé, avec tous ces paramètres que j'ai cités, ça sera vraiment impossible de relancer de nouveau le championnat. Nous avons tenu le même discours il y a deux mois de cela.», tenait-il à rappeler. Un arrêt définitif qui devrait, selon Korichi, permettre au CRB d'être sacré champion «en toute objectivité dans la mesure où il a dominé le championnat depuis son début». C'est cette alternative que d'autres clubs récusent et que ni Medaouar ni les dirigeants des équipes concernées par la course au titre n'ont voulu aborder au risque de saborder le «projet» de ne pas revenir terminer la saison. M. B. Arrêt du championnat La FAF dit «non» Alors que «90% à 95% des clubs» auraient, selon Medaouar, décidé de mettre fin à la saison 2010-2020, le bureau fédéral de la FAF, réuni hier, a signifié un niet catégorique aux desideratas de la majorité des clubs des Ligues 1 et 2. La FAF attendrait le feu vert des autorités publiques pour reprendre les différents championnats suivant le protocole sanitaire mis en place. Cette décision est motivée par le souci de la fédération de donner un maximum de chances aux clubs des différentes divisions pour jouer soit le titre, l'accession ou éviter la relégation. Et ainsi permettre le lancement dans les normes de la prochaine saison durant laquelle, une nouvelle pyramide des compétitions a été validée lors de l'AG extraordinaire de la Fédération en septembre dernier. M. B.