Le président de la Ligue de football professionnel revient sur la scène. Et Abdelkrim Medaouar continue de faire de la politique en entretenant l'amalgame concernant l'avenir des Championnats, à l'arrêt depuis la mi-mars, en particulier son avis tranché sur la question. Hier, sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio nationale, l'ex-porte-parole de l'ASO Chlef a surtout mis l'accent sur le caractère démocratique qui doit prévaloir dans les relations entre les instances et les clubs qui leur sont affiliés. Une mise en bouche de ce que Medaouar comptait déclarer, entre autres, sa «position» sur la consultation lancée par la FAF en direction des membres de l'AG. «Elle est antiréglementaire», dira d'emblée Abdelkrim Medaouar qui expliquera que «le bureau fédéral pouvait prendre une décision sans que personne ait à redire. Là, on est en train de perdre du temps. Nous sommes devant une situation exceptionnelle et à situation exceptionnelle décisions exceptionnelles ». Aussi, interrogé sur la «réaction» de la JS Saoura qui voit en la «trouvaille» de la Fédération algérienne comme une manœuvre dans l'optique de la prochaine élection de la FAF, M. Medaouar assurera que «c'est ça la démocratie. Chacun a le droit de s'exprimer librement». Et de mettre en évidence la «double face» de nombre de dirigeants de clubs ou de responsables de ligues qui «disent des choses en coulisses qu'ils n'assumeront pas durant les réunions officielles», confie-t-il. Pour Medaouar, décréter la fin de la saison 2019-2020 est «une revendication que nous avons portée à la connaissance des décideurs depuis le début. On nous a pas écoutés et voilà où nous en sommes», affirme le patron de la LFP qui assure que «toutes les conditions ne sont pas réunies pour reprendre», tenant à souligner, quand il lui est demandé pourquoi d'autres pays moins nantis que l'Algérie ont ou vont reprendre, que «chaque pays a ses spécificités». Pis, selon Medaouar, les clubs de football en Algérie vont subir de plein fouet les effets de la crise du Covid-19. «Les gens ne le savent pas probablement. L'argent du sport, du football en particulier, sera consacré au secteur de la santé. Et là beaucoup de clubs, à tous les paliers, vont souffrir de crise financière.», révèle Medaouar sans préciser d'où il tient cette information en totale contradiction avec les orientations des responsables du pays pour qui le sport tient une place stratégique. L'ancien député aurait-il été «briefé» sur ce «transfert» de la manne consacrée au sport vers la santé ou s'agit-il d'une déduction tirée de la situation inconfortable du Trésor public dont les réserves ne permettraient pas le financement du sport ? «L'argent du sport ira au secteur de la santé» Medaouar fait-il dans la politique de la «terre brûlée» ? Lui qui avoue être favorable à une «amnistie» dans le cas où la saison 2019-2020 venait à être arrêtée officiellement. « Nous n'avons rien à gagner ni à perdre si les Championnats venaient à être arrêtés », a-t-il rappelé. Pour Medaouar, «décréter la saison blanche est un choix naturel qui va plaire à la majorité». Et d'insister sur le fait que «la FAF n'a pas respecté les clubs en ne tenant pas compte de leurs résolutions», dit-il. Et d'assurer : «Tout le monde veut monter ou veut éviter la relégation. Donc, le choix est facile à faire. Je ne serai pas étonné des réponses des membres de l'AG». Et d'annoncer que le BF se réunira pour annoncer les résultats de la consultation. «Mais rien ne dit que le choix des clubs et des ligues sera celui de la FAF. Il s'agit d'une consultation et celle-ci peut être prise en considération comme elle pourrait être facultative. Personnellement, j'aurais souhaité que la FAF se décide car elle a les prérogatives pour le faire», concède Medaouar. Evoquant l'avenir, Medaouar se montrera pessimiste en notant que la nouvelle pyramide des compétitions proposée et votée l'année dernière par l'Assemblée générale sera difficile à appliquer dès la prochaine rentrée. «Je me souviens d'avoir été l'un des rares qui avaient suggéré de laisser cette formule pour l'exercice 2021-2022. On m'a pas écouté et nous voilà confrontés à d'énormes difficultés pour prendre une décision sur une fin de saison inévitable», pense Medaouar, qui n'arrive toujours pas à expliquer le «basculement» que la prochaine pyramide provoquera sur le football national. «Nous aurons une configuration à 96% de clubs amateurs et le reste sera composé de clubs professionnels», fait savoir Medaouar, qui n'étaye pas son «constat» même s'il faut bien imaginer que cette réduction de corpus des entités sportives professionnelles devrait réduire considérablement ses chances de briguer un mandat présidentiel à la tête de la FAF. Medaouar dira seulement que «l'application de cette pyramide à partir de l'année sportive 2021-2022 pouvait offrir un moment de répit aux clubs professionnels pour assainir leur situation financière. Comme ça, les CSA vont hériter de lourds passifs en fiscalité et en dettes lesquels vont les condamner à disparaître». Un scénario que Medaouar dit avoir anticipé en programmant des mises à niveau au profit des clubs, opération interrompue par la crise du coronavirus. Medaouar qui accuse la FAF de jouer la «money-time», ne visait-il pas à en faire autant en portant son « projet » de retarder l'application de la nouvelle pyramide pour la saison 2021-2022 ? Un exercice qui verrait forcément un changement au sein des commandements de la FAF et certainement de toutes les ligues. Le (court) mandat de Medaouar à la présidence de la LFP (il a été élu en juin 2018 soit 15 mois après l'élection de Zetchi à la tête de la FAF) a été consacré exclusivement à faire admettre aux clubs des deux ligues professionnelles qu'ils n'ont pas assez de pouvoirs. Et qu'ils doivent se ranger derrière lui pour obtenir leurs droits. Une campagne en bonne et due forme pour prendre le contrôle du palais de Dély Brahim, en définitive. Ce que Medaouar a tout le temps nié estimant qu'entre lui et Zetchi « c'est l'interminable lune de miel ». Si bien qu'hier, Medaouar a fini par comprendre que la FAF, donc Zetchi, ne l'a jamais écouté. Déroutant. M. B.