Bernard Henri-Lévy bombardé d'œufs et de tomates en Libye. Je suis contre ! Absolument, fermement et résolument contre... ... le gaspillage de la nourriture ! Sur la toile, ils l'ont appelé Batman. Un chibani. Un retraité qui escalade péniblement une grille d'enceinte ceinturant un bureau de poste archi-bondé à Tiaret. Dans l'espoir de percevoir enfin sa pension. Son dû. Son argent. Son droit. D'autres scènes à travers le pays. D'autres chibani. D'autres Batman risquant leur vie, manquant à chaque escalade de s'embrocher sur les piques acérées des barrières. Ah ! Les barrières ! Il n'y a jamais eu de pénurie de barrières en Dézédie, ni de fer forgé à placer devant les gueules des gueux venus réclamer leur flous ! Des Batman septuagénaires, voire octogénaires, il y en a devant tous nos bureaux de poste, ou presque. Des acolytes de Batman, des Robin, forcément plus jeunes, « moins retraités » aussi, venus eux percevoir leurs salaires de fin de mois, ou leurs allocations chômage. Ou tout bonnement clients d'une institution qui s'appelle la Poste ! La Poste de Dézédie. Et devant les images de Batman le Tiaréti, du Batman-DZ, j'ai décidé de poser une arme sur mon bureau. Un stylo acéré et létal. Le premier qui ose me parler de « crise des liquidités », je le flingue à l'encre. Et pas à l'encre sympathique ! Je classe l'expression « manque de liquidités » dans la rubrique «T'yah Lek'lam », insultes et gros mots ! La date des fêtes et de l'Aïd, les conditions sanitaires, tout le monde les connaît par avance, et la Poste en premier. Alors, de grâce, ne dégainez surtout pas cette phrase immonde « manque de liquidités ». Parce que moi, du liquide, je n'en manque jamais ! Je pourrais noircir avec des pages et des pages. À longueur d'écœurement ! Tout en fumant du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.