Ses avocats en appellent aux hautes autorités du pays estimant que l'Algérie risque de perdre un de ses valeureux enfants. "Je veux éviter une mort lente, une mort de lâches." Emprisonné depuis treize mois au pénitencier d'El-Harrach, le général à la retraite, Ali Ghediri, a rendu publique une lettre pour expliquer l'entame, depuis vendredi, d'une grève de la faim "illimitée". Ses avocats, qui ont organisé hier une conférence de presse, disent craindre pour sa santé. Dans une déclaration rédigée à la prison d'El-Harrach et datée du 6 juillet, Ali Ghediri, poursuivi pour "atteinte à l'armée", explique en effet que sa détention visait avant tout à "le faire taire" et à en faire "un confiné politique" pour l'éloigner "de la scène politique" à l'occasion de l'élection présidentielle de décembre dernier. À travers la grève de la faim, "je ne cherche nullement à susciter la compassion de quiconque", ajoutera Ali Ghediri, dont la lettre a été lue par ses avocats hier. "Je veux que tout le monde sache la vérité avant que cela ne soit trop tard", a-t-il encore écrit. Et de persister : "Ce que je fais est irréversible." Avec la grève de la faim, "je ne prétends pas démentir les accusations qui sont portées contre moi, mais c'est surtout pour prendre à témoin (...) le peuple algérien que ce que je subis depuis plus d'un an n'est que le résultat de vilains dispositifs qui ont pour but de salir ma réputation et celle de ma famille". Il explique que s'il a décidé d'observer le silence depuis plus d'une année, c'était pour veiller "à conserver la stabilité du pays" à cause des conditions de l'époque, écrit encore l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2019. Il rappelle, d'ailleurs, les grandes lignes de son engagement pour l'élection avortée d'avril 2019 et rappelle qu'il n'a jamais porté atteinte à l'armée qu'il a "servie durant 42 ans". "Pour que personne ne voie en mon recours à une grève de la faim comme une manœuvre (...) je jure au nom du sang des martyrs (...) que j'ai choisi cette voie pour éviter une mort lente, la mort des lâches que les décideurs ont choisie pour moi : je n'ai pas peur de la mort (...) et je suis prêt à mourir en martyr pour trois principes inévitables pour l'éternité de l'Algérie : la liberté, la justice et la démocratie", conclut-il. L'entêtement d'Ali Ghediri à poursuivre la grève de la faim inquiète ses avocats et ses proches. Khaled Bourayou décrit un homme affaibli. "Il est très affaibli, a beaucoup maigri. Sa belle architecture corporelle a disparu", a résumé l'avocat. Pour lui, le recours à la grève de la faim "est toujours la fin d'une illusion" qui qualifie le choix de son mandant de "très grave". "Nous avons essayé par tous les moyens de lui dire d'arrêter. Que c'est sa santé qui en pâtira et qu'il risque de perdre ses moyens physiques. En vain", regrette Me Khaled Bourayou, qui s'exprimait en compagnie de Nabila Selimi-Benhamdine et de Hakem Belkhencher, ses deux autres avocats. "Le connaissant, il ne reviendra pas en arrière", ajoutera Me Bourayou. Devant le risque qu'encourt Ali Ghediri, les avocats en appellent aux décideurs, dont le président de la République. "L'Etat est responsable de la sécurité de ses concitoyens. Nous lançons un appel non seulement à la justice, mais surtout à l'humanisme des dirigeants", a indiqué Me Bourayou. "Nous avons un espoir en le président de la République", a indiqué Me Hakem Belkhencher. "Nous ne voulons pas que l'Algérie perde un de ses valeureux fils", a-t-il ajouté. Ali Boukhlef