Le collectif de défense de Khalida Toumi a fini par rendre publique la lettre adressée il y a plus d'un mois au président de la République. La démarche, expliquent les avocats, vise à faire «appliquer le droit à la libération» de l'ancienne ministre de la Culture en vertu des dispositions contenues dans la loi. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Cette missive datée du 29 août dernier est signée par quatre avocats célèbres du barreau d'Alger, Me Boudjemaâ Ghechir, Me Miloud Brahimi, Me Chellouch Fatiha et Me Anouar Tassabasset qui déclarent avoir « constaté avec consternation des violations d'une extrême gravité » dans la gestion du dossier de leur cliente. Le collectif précise que le président de la République est sollicité en sa qualité de premier magistrat du pays après échec de toutes les tentatives entreprises et indiquent à ce dernier qu'il leur est nécessaire de relater en premier lieu le cheminement de l'affaire. Ils rappellent que Khalida Toumi a « d'abord été la cible d'une campagne de rumeurs à laquelle a contribué une autorité, le procureur du tribunal de Tlemcen qui a déclaré que cette dernière n'a pu être auditionnée par le juge d'instruction car elle se trouvait à Paris alors qu'elle n'a pas quitté le pays depuis des années et qu'elle ne dispose pas d'un passeport en cours de validité». Ils rappellent également qu'après avoir été écoutée par la police judiciaire de l'Office central de répression des fraudes, le procureur de la Cour suprême lui a fait part des accusations suivantes : « Dilapidations volontaires de deniers publics, attribution volontaire d'avantages injustifiés dans des marchés publics, abus de fonction dans des affaires qui concernent la réalisation et concrétisation de ‘'Alger capitale de la culture et du monde arabe'' en 2007, le Festival panafricain en 2009 et ‘'Tlemcen capitale de la culture islamique'' en 2011 .» Les avocats de Khalida Toumi tiennent également à informer « le président de la République que durant les quatre mois qui ont suivi sa mise sous mandat de dépôt, elle n'a pas été convoquée par le juge d'instruction et n'a pas été auditionnée dans le fond. À l'expiration de cette période le magistrat instructeur a ordonné la prolongation de la détention pour quatre mois supplémentaires durant lesquels elle n'a été, encore une fois, ni convoquée par le juge d'instruction ni auditionnée dans le fond ». « Khalida Toumi est poursuivie pour des délits et, en la matière, la détention provisoire ne peut excéder huit mois, comme le stipule l'article 125 du code pénal. Il est regrettable que le magistrat instructeur ait agi en violation des dispositions de cet article, il aurait dû gérer et clôturer le dossier dans les délais prescrits et en cas d'impossibilité pour des motifs sérieux, il aurait dû libérer Mme Khalida Toumi en recourant aux alternatives prévues dans le code pénal, notamment la mise sous contrôle judiciaire. Ce magistrat a été jusqu'à renouveler une troisième fois la détention provisoire et le plus étonnant est que la chambre d'accusation a validé cette ordonnance .» « L'article 125 du code pénal est un acquis substantiel pour la protection des libertés », ajoutent ses avocats tout en précisant que le but de leur démarche n'est pas de « libérer et clore le dossier sans enquêter sur les accusations mais de faire respecter la gestion de son dossier (...) l'enquête doit prendre en compte des éléments importants. ‘'Constantine capitale de la culture arabe'', ‘'Festival panafricain d'Alger'' et ‘'Tlemcen capitale de la culture islamique'' sont des événements pas ordinaires où ont prédominé des aspects politiques de propagande pour l'image de marque de l'Etat, les voies et moyens de réalisation et concrétisation de ces événements diffèrent de la gestion ordinaire, ce que les enquêteurs n'ont pas assimilé (...) le premier ministre est même intervenu pour dépasser les écueils administratifs (...) le dossier est vide de toute accusation touchant au détournement, à la corruption, à l'enrichissement illicite, à l'octroi d'avantages au profit de parents et proches ». Dans leur lettre, les avocats font, enfin, part de l'intervention de Abdelmadjid Tebboune pour ce « droit à la libération qui ne saurait être interprété comme une immixtion dans les affaires de la justice car elle ne touche ni le fond de l'instruction ni les accusations mais porte sur le respect de la loi et la crédibilité des actes de l'administration de la justice ». A. C.