Une première réaction au projet d'ouverture d'une représentation diplomatique émiratie a été enregistrée hier à Alger. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Elle est venue en réponse à une question posée par des journalistes au MAE alors que celui-ci venait d'accomplir son devoir électoral. «Le droit international est clair à ce sujet», a déclaré ainsi Sabri Boukadoum avant d'ajouter que «la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est membre de l'Union africaine et qu'elle avait pleine autorité sur ses territoires». La réponse du ministre des Affaires étrangères algérien s'est arrêtée là. Elle n'a été ni précédée ni suivie, jusqu'à hier, d'un communiqué de son département pour arrêter la position officielle du pays sur cette question sensible. Dans des situations similaires, Alger avait réagi de manière très ferme, très sévère, en publiant des communiqués aux mots bien pesés lorsque des Etats africains avaient annoncé leur intention d'ouvrir des consulats sur les territoires occupés du Sahara occidental. En décembre dernier, l'Algérie avait fait montre d'une très grande intransigeance à la suite de l'annonce par les Comores de l'ouverture d'un consulat à Laâyoune, capitale du Sahara occidental. Elle en a fait de même lorsque le Gabon, la Guinée et la Côte d'Ivoire ont pris la même décision. Par la voix de son ministère des Affaires étrangères, Alger avait alors considéré ces démarches comme étant des agressions au droit international, aux principes fondamentaux de l'Union africaine (UA), au droit des Sahraouis et une tentative «d'imposer de fait la souveraineté du Maroc sur les territoires sahraouis». Les termes bien choisis des différents communiqués publiés dans de telles circonstances et l'intransigeance de l'Algérie ont d'ailleurs été suivis par des réactions similaires au sein de l'Union africaine. On se souvient aussi que l'affaire des Comores avait fini par induire une véritable crise avec Rabat qui ne souffrait pas de voir Alger s'élever contre la politique du fait accompli et les entraves aux efforts de la communauté internationale pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. La démarche des Emirats arabes unis relève de la même volonté. Au nom de la solidarité entre monarchies, Abou Dhabi a décidé d'ouvrir une représentation diplomatique à Laâyoune au moment qu'elle a choisi puisque des informations dignes de foi affirment que le projet en question remonte en fait à six mois. Il a été toutefois tempéré pour être annoncé la veille de l'adoption d'une résolution sur le Sahara occidental. Une résolution qui n'apporte aucune évolution pour les Sahraouis hormis la reconduction du mandat de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour référendum au Sahara occidental) et un autre appel à des négociations entre les deux parties en conflit. Des diplomates du monde arabe qui suivent de près le dossier affirment eux que l'entrée en jeu des Emiratis dans le conflit Maroc-Sahara occidental date d'un long moment et que ces derniers ont même poussé jusqu'à procéder à l'ouverture de locaux (officiellement) commerciaux qui servaient en fait de couverture à d'autres activités plus politiques. Avec l'accélération des événements qui ont occasionné une perte de vitesse aux Marocains dans le dossier sahraoui, le vieux projet a refait surface. Pour lui donner plus de poids, cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane a procédé lui-même à l'annonce officielle de l'ouverture d'une représentation officielle à Laâyoune, la première qu'entreprend un pays arabe dans ces territoires occupés. Le précédent est grave. Il appelle des réactions à la mesure de l'évènement. A. C.