Qualifiant la situation sanitaire actuelle de «critique» et d'«inquiétante», le professeur Ryad Mahiaoui tire la sonnette d'alarme. Il appréhende d'ailleurs, une éventuelle saturation des hôpitaux. Dans le but de freiner la propagation exponentielle de la pandémie de Covid-19 en Algérie, l'expert plaide pour des mesures dissuasives. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La tendance haussière des cas de contamination au nouveau coronavirus enregistrée ces dernières semaines, est pour le Pr Ryad Mahiaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de Covid-19, «très préoccupante» et «inquiétante». «La situation sanitaire actuelle est réellement grave. Elle est alarmante, inquiétante et critique», affirme-t-il hier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. Chiffres à l'appui, il souligne que la pandémie progresse de façon grave. «Le virus continue à circuler activement, contamine et tue», ajoute-t-il. Selon lui, la ruée vers les hôpitaux et la saturation de ces établissements sont l'un des indicateurs les plus inquiétants. «Nous enregistrons une importante recrudescence pour la troisième fois en Algérie. Certes, elle est lente mais elle est grave. De plus en plus de cas de contaminations à la Covid-19 sont enregistrés sans compter les cas non-déclarés notamment ceux qui se procurent le traitement en pharmacie et se traitent seuls». Evoquant toutes ces personnes qui échappent au comptage général, il avoue que le nombre de contaminations au virus SARS-CoV-2 doit être «un peu plus important que celui annoncé». Toutefois, l'expert ne cache pas son inquiétude quant au risque d'une saturation des hôpitaux. «Nous avons plus de 64 personnes en réanimation et en soins intensifs et ça nous inquiète beaucoup. Aujourd'hui, les malades qui arrivent dans les hôpitaux sont des patients qui doivent être hospitalisés», explique-t-il. Afin d'éviter la saturation de ces établissements et que ces malades ne soient refoulés faute de places et de moyens, il appelle à une prise de conscience et une mobilisation de tout le monde. «Si nous n'arrivons pas à contrecarrer cette propagation et à endiguer la pandémie, nous aurons d'énormes problèmes», alerte-t-il. Mais pourquoi cette recrudescence des cas de contamination au virus de la Covid-19 ? Le Pr Mahiaoui l'incombe au non-respect du protocole sanitaire mis en place, suite à la levée du confinement de la population et à la rentrée sociale, mais aussi à la reprise des regroupements familiaux, des mariages et des meetings politiques, professionnels et administratifs qui favorisent la promiscuité entre les personnes. «Il ne faut plus se rassembler, ne plus se regrouper, ne plus enlever le masque. Il faut être rigoureux, reprendre conscience et la responsabilité individuelle et collective pour lutter fermement tous, à partir des pouvoirs publics jusqu'à la base de la société, contre ce virus», dit-il. L'invité de l'émission estime, par ailleurs, que le personnel soignant est en train de payer la «lourde facture» de cette crise sanitaire. Selon lui, plus de 7 881 cas de contaminations ont été enregistrés dans les rangs de ces professionnels et 113 décès. «Il faut protéger le personnel soignant pour qu'il ne soit pas contaminé. Il faut le laisser se reposer pour éviter le burn-out. Bien que ces personnes soient à leurs postes et sont en première ligne, c'est très difficile pour elles de reprendre après une période durant laquelle les cas ont énormément baissé et de faire face une nouvelle fois, à une recrudescence qui s'installe de façon très lente mais très grave. Cette situation décourage un peu tout un chacun», note-t-il. Pour lui, la lutte contre ce virus n'est pas uniquement du ressort du ministère de la Santé, mais elle est plutôt multisectorielle. «Qui est garant de la bonne pratique du protocole sanitaire ? Chaque secteur doit prendre ses responsabilités. L'éducation nationale, le sport, l'économie, le commerce, les transports, chacun doit prendre ses responsabilités à son niveau et être comptable dans son secteur», dit-il. Insistant sur l'application du protocole sanitaire, le respect de la distanciation et du port de masque, et l'obligation du lavage des mains, il plaide ainsi pour des mesures «draconiennes» et «dissuasives» de lutte contre la Covid-19 et que tout contrevenant soit sanctionné. Ry. N.