Nouvel épisode dans la crise qui frappe le Front des forces socialistes depuis des mois et qui semble loin de son épilogue au vu de la féroce double bataille, judiciaire et organique, que se livrent les camps qui se disputent le leadership du vieux Front de l'opposition. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le tribunal de Sidi-M'hamed d'Alger a, en effet, reporté, lundi dernier, son verdict à propos de la plainte déposée par la direction nationale du FFS issue du congrès extraordinaire de juillet écoulé contre l'autre camp, celui conduit par Belkacem Benameur qui se prévaut, lui aussi, du statut de premier secrétaire national du vieux Front de l'opposition et qui détient le siège national du parti. Une seconde plainte, en fait, qui concerne le fond de l'affaire dudit siège national car une première plainte en référé a été déposée à l'effet d'évacuer les locaux du parti à Alger. Une plainte qui a vu le même tribunal délibérer en faveur de cette nouvelle direction nationale puisque Belkacem Benameur a été invité à quitter le siège national. Verdict par contumace que le maire de Naciria, dans la wilaya de Boumerdès, et ex-député, n'a pas accepté puisqu'il en a fait appel et est en attente de la sentence de la cour d'Alger. Et cette procédure judiciaire engagée par le premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, n'est pas du goût de l'autre premier secrétaire national du FFS, Belkacem Benameur. Le second accuse, en effet, le premier d'avoir «paralysé» le parti au nom de «transactions secrètes». Des contacts menés, selon lui, par des «cadres et des fonctionnaires attachés à la souveraineté et au leadership». Pour Benameur, le pouvoir «veut faire payer au FFS» sa «souveraineté» et son «autonomie» dans la prise de décision à la lumière des situations périlleuses qu'a connues le pays qui l'ont distingué par un fonctionnement bienséant, «toujours respecté pour sa crédibilité en termes d'objectivité de sa lutte, de ses revendications citoyennes, et de sa loyauté envers un peuple et des générations d'Algériens qui ont souffert de l'hégémonie politique et de la domination de la société dans toutes ses tranches». Pour l'ancien député de Boumerdès, «la crise interne et politique du parti qui incite la justice à rendre un jugement imprudent, précédé d'une annonce publique qui révèle la méthode réservée à faire du bourreau une victime, s'aligne dans une procédure qui renseigne sur la difficulté et la souffrance des détenus d'opinion incarcérés en prison sans comparaître et se défendre, et appuie la volonté d'imposer une tendance qui oblige l'ordre administratif à contrôler l'ordre judiciaire». Il dit, au nom de ses partisans, être «conscients de nos responsabilités et animés par la volonté de préserver le parti contre toute agression de son indépendance et sa ligne politique», réitérant «l'engagement de préserver les maigres acquis démocratiques arrachés par de grandes luttes, et à travers des générations d'Algériens, et que le Front des forces socialistes se reconstruira avec ses meilleurs fils qui ne reconnaîtront en aucune façon l'hypocrisie des responsables et leurs inspirateurs à hypothéquer son long combat, quelles que soient les manœuvres et les sympathies des antagonistes». L'autre bataille organique Et parallèlement à cette bataille du siège national que se livrent les deux premiers secrétaires nationaux, des communiqués émanant de structures de base battent en brèche l'assurance de Youcef Aouchiche qui réclamait, il n'y a pas longtemps, «l'adhésion» de la «quasi-majorité» des structures de base du parti à la nouvelle direction issue du congrès extraordinaire des 9 et 10 juillet écoulé et dont les résolutions ont été validées par les services du ministère de l'Intérieur. C'est ainsi qu'à l'issue d'une réunion tenue samedi dernier, les premiers secrétaires, coordinateurs des commissions administratives des sections et membres du conseil national de ladite fédération de Béjaïa, l'une des plus puissantes, sinon la plus puissante du vieux Front, ont «dénoncé avec la plus grande fermeté le recours par certains aux manœuvres machiavéliques pour installer des CAF parallèles, illégales et illégitimes avec des individus dont la majorité d'entre eux sont étrangers au FFS et d'autres sont des militants n'ayant ni renouvelé leur carte de militant ni payé leurs contributions d'élus locaux depuis le début de l'année 2018 à ce jour». L'allusion est ici claire et concerne la campagne de restructuration menée par l'équipe pilotée par Aouchiche et qui a concerné, entre autres, ladite fédération de Béjaïa qui a vu l'installation récente de sa nouvelle CAF (commission administrative fédérale) avec, à sa tête, Bachir Berkat comme nouveau fédéral à la place de Bachir Bouhrour qui se dit toujours titulaire de ce poste. Une CAF que les présents à ce conclave ont décidé de «renforcer» en sus de la «poursuite pour le parachèvement du renouvellement des sections restantes dans les différentes communes de la wilaya». Le cas de la fédération de Béjaïa ne serait pas isolé puisque la dissidence toucherait grand nombre de structures de base et intermédiaires du vieux Front de l'opposition. Une situation de désolation que Benameur dit «regretter» et qu'il explique par le fait que l'équipe menée par Aouchiche fait «exactement le contraire de ce qu'elle proclame publiquement, à savoir qu'elle n'a rien entrepris pour se rapprocher des structures de base du parti et de consacrer l'ouverture qu'il prône dans la perspective de l'organisation du 6e congrès ordinaire du parti qu'il promet rassembleur». Autant de «déphasages» et de «différends» qui font penser que la crise du FFS est loin d'être «derrière nous», comme le proclamait récemment Aouchiche. M. K.