Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
L'écriture romanesque plus efficace que le cinéma pour transcender les contraintes sociales Le film Si Mohand Oumhand de Ali Mouzaoui sortira prochainement
L'écriture romanesque permet de transcender certaines contraintes de la production cinématographique pour mieux rendre compte de la réalité sociale, a considéré, jeudi à Tizi-Ouzou, le cinéaste et écrivain Ali Mouzaoui, auteur d'un film et d'un roman sur le poète Si Mohand Oumhand.«L'écriture romanesque permet plus de créativité et incite au développement de l'imagination du lecteur qui, dans la position de spectateur, est dans un univers illimité», dira M. Mouzaoui, qui s'exprimait lors d'une émission de la radio locale consacrée au cinéma et à la littérature. L'écriture romanesque favorise, a-t-il soutenu, «le développement de l'imagination du lecteur contrairement au cinéma, qui le fige dans un décor déjà choisi», faisant remarquer, à ce propos, que «le roman s'appuie sur la description la plus large qui laisse vaguer l'imaginaire, alors que le cinéma est une succession d'ellipses qui le réduisent». De même que le roman permet, a-t-il poursuivi, «de transcender le poids de certaines réalités et contraintes sociales et culturelles dont l'expression demeure empreinte de pudeur dans notre société». Il y a, d'ailleurs, a-t-il souligné à ce titre, «certains aspects de la vie du poète abordés dans le roman que nous avons délibérément évacués du film, à l'exemple de certains poèmes célébrant la femme et l'amour qui peuvent être lus par un lecteur, mais qui, par commodité sociale et culturelle, créeraient des situations de gêne à être regardées en société». Le cinéaste a fait, également, remarquer lors de son intervention, que l'écriture, bien avant le cinéma, a été «un moyen plus efficient dans la transmission des vérités historiques» citant l'écriture de Mouloud Feraoun qui constitue «un certificat d'authenticité de la réalité coloniale face à la propagande du colonisateur». M. Mouzaoui souligne que celui-ci «n'est pas un documentaire, mais un film fiction, un film d'art où le côté fictif et imaginaire va jouer un grand rôle dans la restitution de certains événements». Des événements, a-t-il précisé, «personnels autant que collectifs ayant marqué la vie du poète qui a été un témoin d'une époque charnière de l'Histoire de l'Algérie, qui a vu son destin basculer. Lui qui était issu d'une famille aisée et destiné à des études savantes a vu son destin bouleversé, un destin lié à celui de tout un peuple dont il a côtoyé la douleur et la misère sur les routes». S'agissant des perspectives s'offrant au cinéma national, M. Mouzaoui a plaidé pour «une véritable réflexion sur le cinéma national qui devra s'interroger sur l'ensemble des aspects qui contribuent à cet art, à commencer par situer le public auquel on s'adresse, comment susciter son intérêt et lui inculquer la culture cinématographique et les moyens à lui consacrer».