Le manque de services de réanimation médicale et l'absence d'une gestion centralisée des lits d'hôpitaux sont deux facteurs qui n'ont fait que compliquer la prise en charge des patients atteints de Covid-19. C'est ce que dénonce l'infectiologue, Pr Amar Aït Ali Slimane. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Intervenant, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 2, le professeur Amar Aït Ali Slimane, infectiologue à l'établissement hospitalier spécialisé en maladies infectieuses El-Hadi-Flici (ex-hôpital El-Kettar) à Alger, affirme que les hôpitaux sont inondés de patients atteints du virus Sars-CoV-2, responsable de la Covid-19. «Nous avons dépassé la barre de mille nouveaux cas positifs par jour. Parmi les contaminés, certains nécessitent une hospitalisation surtout les malades qui présentent des complications respiratoires et qui doivent être mis sous oxygène et autres traitements», dit-il. Alors que certains patients sont hospitalisés dans des services dotés d'oxygène, d'autres sont admis en service de réanimation médicale où sont disponibles des techniques d'oxygénation plus pointues. «Ce sont ces malades qui ont une hospitalisation plus longue, ce qui provoque un manque de lits dans les hôpitaux», note-t-il. D'ailleurs, poursuit-il, «je ne comprends pas d'où détiennent leurs chiffres ceux qui parlent de 50% de lits d'hôpitaux encore vides ! J'aimerais bien qu'ils nous indiquent où sont ces lits inoccupés pour caser les nombreux malades qui doivent être hospitalisés et qui attendent toujours». L'infectiologue fait remarquer à cet effet le manque de services de réanimation médicale en Algérie. Il énumère ainsi les quelques établissements hospitaliers de la capitale qui comptent un service de réanimation, notamment le CHU Béni-Messous, le CHU Mustapha-Pacha, le CHU de Bab-el-Oued, l'hôpital de Douéra, l'hôpital de Bologhine. «ça ne date pas d'aujourd'hui, les services de réanimation ont toujours manqué. Pourtant, ils sont très sollicités dans différentes situations telles que les comas, les encéphalites, les AVC, les accidents de la circulation...», dit-il. Toutefois, il estime qu'augmenter le nombre de places en réanimation n'est pas uniquement une question de lits et de matériel médical mais aussi un problème de personnel médical et paramédical qualifié. «Il faut savoir qu'un réanimateur fait cinq ans de spécialité et un infirmier en réanimation doit maîtriser le fonctionnement de tous les appareils de ce service», précise-t-il. Le Pr Amar Aït Ali Slimane déplore, en outre, l'absence d'une centralisation de la gestion des lits des hôpitaux. «La plateforme pour les PCR est disponible. Pourquoi ne pas créer une plateforme pour les lits d'hôpitaux en réanimation et dans tous les autres services qui permettra une organisation meilleure?», s'interroge-t-il. En l'absence de données, poursuit-il, «nous sommes obligés de remettre une lettre de recommandation au patient, souvent en difficulté respiratoire, et de lui demander de trouver lui-même une place libre. ça ne devrait pas se faire, c'est insensé !», s'indigne-t-il. L'invité de l'émission regrette également que nombre de spécialités ne soient pas associées à la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus. «La lutte contre cette maladie ne tombe que sur le pneumologue et l'infectiologue, et parfois sur l'interniste. Les autres spécialistes ne s'impliquent pas alors que dans les autres pays, tous les spécialistes même les gynécologues ont été mobilisés pour la lutte contre la Covid-19», dit-il. Ry. N.