"Tous les lits des services dédiés aux malades du Covid-19 sont occupés", a alerté le directeur de la santé de la wilaya de Béjaïa. Après une décrue de courte durée, la pandémie de Covid-19 repart à la hausse dans la wilaya de Béjaïa. Elle se propage à une vitesse vertigineuse dans la région depuis le début du mois d'octobre dernier notamment. Il ne se passe pas un jour sans que la liste des contaminés et celle des personnes décédées s'allonge. En effet, on enregistre une moyenne de dix décès par jour dus au coronavirus, selon le directeur de la santé de la wilaya de Béjaïa, Idris Khoudja El-Hadj, à travers toute la région. Jusqu'à hier matin, on a enregistré quelque 500 malades atteints de la Covid-19 hospitalisés dans les cinq hôpitaux de la région, à savoir Kherrata, Aokas, Amizour, Sidi-Aïch et Akbou, ainsi qu'au CHU de Béjaï. "Tous les lits des services dédiés aux malades du Covid-19 sont occupés", a déclaré le DSP. Et de détailler le nombre de malades atteints de la Covid-19 hospitalisés dans chaque hôpital de la région jusqu'à hier matin : "149 hospitalisés dont 9 sont en réanimation au CHU de Béjaïa ; 122 hospitalisés dont 4 en réanimation à Amizour ; 43 hospitalisés dont 5 en réanimation à Kherrata ; 59 hospitalisés à Aokas ; 64 à hospitalisés à Sidi-Aïch et 44 hospitalisés à Akbou." Selon le DSP, le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 est à revoir à la hausse. "Il y a des malades qui suivent leur traitement en confinement chez eux. Ceux hospitalisés sont ceux qui arrivent tard dans nos hôpitaux et qui ont des difficultés respiratoires. La plupart sont des personnes âgées qui ont entre 60 et 70 ans. La classe d'âge a progressé", a expliqué Idris Khoudja El-Hadj, avant de préciser que ce sont des malades qui nécessitent une oxygénation importante de 60 à 70 l/mn. Concernant les décès, le DSP a indiqué que "l'on enregistre une moyenne de 10 décès par jour dans toute la wilaya". "Dans la nuit de dimanche à lundi, par exemple, nous avons enregistré 16 décès au total. Il y a des journées où il y en a moins", a-t-il souligné, non sans préciser que, là aussi, "la classe d'âge des décès progresse". Pour revenir à la progression de la courbe des contaminés par le Covid-19, le DSP s'est dit "inquiet de la situation, pour ne pas dire alarmé". Aussi, il n'a pas manqué d'avertir la population de la région que "la mobilisation des lits des autres services des hôpitaux aura des limites par rapport aux médecins et aux sources d'oxygène. Aussi, elle ne se fait pas sans dégâts". "Ce sont des lits de malades d'autres pathologies qu'on a mobilisés. Une prise en charge de cette catégorie de malades se fait dans des espaces réduits. On ne peut différer leur prise en charge indéfiniment", avertit-il à l'adresse de la population. Ira-t-on vers l'ouverture d'autres structures d'hospitalisation des malades atteints de la Covid-19 dans la wilaya, comme cela a été le cas d'avril à juin dernier ? "D'abord, lors de la première vague, nous n'avions pas un si grand nombre de contaminés hospitalisés comme c'est le cas aujourd'hui. Par conséquent, l'ouverture d'autres structures d'hospitalisation appelle une équipe médicale fraîche et une pression d'oxygénation suffisante au niveau des installations", a-t-il signalé. Il est vrai que la situation est pour le moment maîtrisée, mais le pire est à craindre si la population ne se ressaisit pas, craint le DPS. "Durant la première vague, nous avions des clusters professionnels. Maintenant, ce sont des clusters familiaux. Il y a des malades hospitalisés, membres d'une même famille", révèle-t-il. D'où son appel avec insistance à la population au respect rigoureux des gestes barrières et à la solidarité, une valeur ancestrale, comme cela a été de rigueur durant la première vague. "En l'absence de vaccin contre la Covid-19, seules les mesures préventives (hygiène, distanciation physique et port de la bavette) et la solidarité, par des opérations de désinfection des lieux publics, peuvent mettre un terme à cette épidémie. Le virus circule toujours", martèle-t-il avec force. Par ailleurs, M. Khoudja El-Hadj demande aussi qu'on cesse de "calomnier" le personnel soignant. "Nous sommes vraiment touchés d'entendre dire que les médecins perçoivent 300 000 DA pour chaque décès de la Covid-19 déclaré", déplore-t-il, très affecté. "Ce sont les enfants du peuple, au front depuis le début de la pandémie. Qu'on cesse de les démoraliser. Ils sont suffisamment sous pression pour les calomnier ou les agresser", lance-t-il, avant d'appeler la population à plus de responsabilité et de prise de conscience. S'adressant à ceux qui ne croient pas à l'existence du virus, le DSP les invite à venir "passer un moment dans un service Covid-19 dans l'un de nos hôpitaux pour se rendre à l'évidence".