Après deux reports, le procès en appel de l'ancien député Bahaeddine Tliba s'est ouvert, hier, à la cour d'Alger, où le procureur général a requis l'aggravation de la peine contre les accusés, dont les deux fils de l'ancien secrétaire général du parti FLN, Djamel Ould Abbès. Le dossier concerne l'élaboration des listes électorales du parti FLN aux élections législatives de 2017 entachées par des affaires de corruption. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Après l'appel des accusés et des témoins et une bataille de procédure au cours de laquelle la défense des accusés a plaidé l'abandon des poursuites pour des vices de forme, demande rejetée par la présidente de la séance, le procès en appel a été entamé par l'audition d'Iskander Ould Abbès, fils de l'ancien secrétaire général du FLN. Le fils d'Ould Abbès, poursuivi dans le cadre de l'élaboration des listes électorales du parti FLN aux élections législatives de 2017, pour blanchiment d'argent et infraction à la législation des changes, a été condamné en première instance par le tribunal de Sidi-M'hamed à 8 ans de prison et une amende de 8 millions de dinars. Devant la juge de la cour d'Alger, il a nié toutes les charges à son encontre, se disant victime de la « hogra » au tribunal de Sidi-M'hamed en qualifiant son procès de « procès politique ». Accusé d'avoir arrangé les listes électorales en vendant les premières places, Iskander Ould Abbès a répondu qu'il était impossible pour lui « de classer les candidats dans les listes électorales », ajoutant qu'il n'assistait pas aux activités du parti. Lors d'une opération de perquisition effectuée par les services de sécurité, des sommes d'argent ont été trouvées chez lui. « Dans le P-V de la police judiciaire, vous avez déclaré que cet argent appartient à Tliba », lui rappelle la juge. L'accusé répond : « Je n'ai jamais dit ça. Je n'avais pas dit ce qui était écrit dans le P-V après mon audition à la caserne de Antar. Le P-V de la police judiciaire est faux à 90% .» Il a ajouté qu'il connaissait très bien le député d'Annaba qui lui aurait offert son aide pour lancer des projets mais, a-t-il soutenu, « je n'ai aucun rôle dans la politique ou les élections ». L'accusé a précisé qu'une somme de 4,8 milliards de centimes a été trouvée chez lui, expliquant qu'elle provient de ses affaires commerciales avec Bahaeddine Tliba. Il a évoqué également une autre opération où Tliba lui avait envoyé une somme de 25 millions de DA en deux étapes, ajoutant que le député lui avait demandé de lui acheter une voiture de luxe. La juge le ramène aux faits. « Mais les services de sécurité ont trouvé des dossiers de candidature aux élections législatives chez vous .» L'accusé répond qu'il s'agit de dossier des personnes qui avaient demandé son aide «parce que mon père était le secrétaire général du parti ». La juge appelle, par la suite, le principal accusé, Bahaeddine Tliba, poursuivi pour incitation à trafic d'influence, blanchiment d'argent et infraction à la législation des changes. Il a été condamné en première instance par le tribunal de Sidi-M'hamed à 8 ans de prison ferme et une amende de 8 millions de dinars. Face à la juge, Tliba a réfuté les accusations, affirmant qu'il était victime dans cette affaire qu'il avait lui-même déclenchée en alertant, selon ses dires, les services de sécurité à propos du chantage que les fils d'Ould Abbès avaient exercé sur lui afin d'acheter sa place sur la liste électorale d'Annaba. « El Wafi Ould Abbès (le deuxième fils de Djamel Ould Abbès impliqué dans l'affaire et qui est en fuite à l'étranger, ndlr) m'avait contacté et m'avait exigé 7 milliards de centimes pour que je sois classé tête de liste à Annaba. J'en ai alerté les services de sécurité », a déclaré Tliba, ajoutant qu'il avait rencontré l'ancien chef des services secrets, Bachir Tartag. Selon toujours l'accusé, Tartag lui aurait demandé de rester en contact avec les fils d'Ould Abbès. « Je ne leur ai donné aucune somme d'argent », a-t-il précisé. Cela avant que la juge ne l'interroge sur ses biens, objet de la confiscation, et leur provenance. Il a répondu qu'il était promoteur immobilier à Ouargla depuis 1999 et qu'il détenait un bureau d'études. Le procès s'est poursuivi avec l'audition des autres accusés et témoins, à savoir Bouchnak Kheladi, ancien SG du ministère de la Solidarité, recruté par Ould Abbès pour contribuer à l'élaboration des listes électorales, qui a été condamné à 2 ans de prison ferme en première instance, le promoteur immobilier Mohamed Habchi, acquitté en première instance et Djamel Ould Abbès en qualité de témoin. Ce dernier a indiqué qu'il ignorait ce que faisaient ses enfants jusqu'à l'éclatement de l'affaire, ajoutant qu'il ne connaissait pas Tliba. Le procureur général a requis l'aggravation de la peine de tous les accusés et demandé une peine de 5 ans de prison à l'encontre de Mohamed Habchi, acquitté par le tribunal de Sidi-M'hamed. Rappelons, enfin, que El Wafi Ould Abbès, en fuite, a écopé d'une peine de 20 ans de prison ferme et un mandat d'arrêt international est lancé contre lui par le tribunal de première instance. K. A. Le procès Zoukh-Haddad reporté au 8 décembre La troisième affaire pour laquelle devait être jugé Zoukh devant le tribunal de Tipasa a finalement été reportée au 8 décembre prochain. Après une longue journée durant laquelle l'ancien wali d'Alger a comparu dans le cadre des dossiers Hamel et Tahkout, décision a été prise de renvoyer le procès Zoukh-Haddad. Quinze ans de prison ont été requis par le procureur de la République dans les deux affaires qui ont été jugées. A. C.