Des membres du collectif de défense du détenu Rachid Nekkaz ont organisé, hier, une conférence de presse au siège de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), de Zoubida Assoul, qui est membre du collectif. Ils ont dénoncé « la détention arbitraire » de leur client et exigé sa libération. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Pour le collectif des avocats de Rachid Nekkaz, ce dernier détenu depuis le 4 décembre 2019 à la prison de Koléa (Tipasa) est en « détention arbitraire » depuis le 5 avril 2020, date de renouvellement de son mandat de dépôt. Me Zoubida Assoul a expliqué que la mesure a été renouvelée en violation du code de procédure pénale selon lequel le mandat de dépôt devait être reconduit avant le 4 avril, soit avant l'expiration d'un délai légal de 4 mois à partir de la date de son incarcération. « La chambre d'accusation a renouvelé le mandat de dépôt avec effet rétroactif. Rachid Nekkaz est de ce fait en détention arbitraire. Elle a imposé son maintien en prison de façon arbitraire et en violation d'un principe constitutionnel qui punit la détention arbitraire », a-t-elle affirmé, rappelant que la défense avait introduit une demande de liberté provisoire le 19 octobre 2020 et qui a été rejetée par la justice le 11 novembre dernier. « La détention provisoire est codifiée dans le code des procédures pénales que les juges doivent respecter scrupuleusement. Nous sommes devant une situation de violation gravissime de la loi », s'est-elle offusquée. Elle a annoncé que d'autres demandes de liberté provisoire du détenu seront introduites, en attendant la programmation de son procès. Pour les avocats de la défense, l'affaire Rachid Nekkaz n'est pas une exception puisque plusieurs autres hommes politiques, des journalistes et des militants ont subi les mêmes dépassements. Partant de là, Me Mostefa Bouchachi a affirmé que « la solidarité avec Rachid Nekkaz est un devoir professionnel pour les avocats ». « La chambre d'accusation a violé la loi et n'a pas voulu réparer son erreur. Il n'y a ni justice ni application de la loi si les procédures ne sont pas respectées », a-t-il dit, en regrettant un recul de la justice dans le pays, y compris par rapport aux années 90 lorsque l'Algérie était traversée par la violence mais durant lesquelles « les formes étaient respectées ». Pour Me Bouchachi, la justice aurait pu placer Rachid Nekkaz sous contrôle judiciaire. Et de s'interroger pourquoi il est placé en détention. « Est-il mis en prison pour les besoins de l'enquête ou pour terroriser les activistes ? » s'est-il demandé en appelant les juges à appliquer la loi. L'intervenant s'interroge ensuite si les juges ne veulent pas appliquer la loi ou plutôt s'ils ont peur de l'appliquer. Les avocats de Rachid Nekkaz n'ont pas manqué l'occasion de revenir sur la dernière lettre adressée ce 1er décembre par le détenu à partir de sa cellule au ministre de la Justice pour lui demander le respect du code des procédures civiles en ce qui concerne son cas. « Il a demandé au ministre d'intervenir afin de mettre fin à cet autoritarisme parce que son rôle est justement de veiller à l'application de la loi », ont-ils expliqué. Dans cette lettre, Rachid Nekkaz s'est dit « victime d'une injustice flagrante », soulignant que « lors de ma demande de mise en liberté, un juge de la chambre d'accusation a violé le loi, notamment l'article 128 du code de procédure pénale qui interdit de prolonger un mandat de dépôt de façon rétroactive avec 24 heures de retard ». Il a demandé sa remise en liberté. K. A.