L'envolée des prix des pâtes alimentaires est «injustifiée» pour l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement. Elle accuse les grossistes de spéculation, puisque le texte de loi interdisant l'utilisation du blé tendre et dur subventionné dans l'industrie de la transformation pour la fabrication des pâtes alimentaires et du couscous a été gelé. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les pâtes alimentaires connaissent, depuis maintenant plusieurs semaines, une considérable hausse de prix. Aucune marque de macaroni, de spaghetti, de couscous ou d'autres dérivés de la semoule de blé dur n'a été épargnée. Sur les étals des épiceries et supérettes, ces produits de large consommation ont pris entre 10 et 30 dinars de plus. Le paquet de pâtes alimentaires de 500 grammes est passé de 50 à 65 dinars, et celui du couscous d'un kilo, cédé auparavant à 110 dinars, affiche aujourd'hui entre 130 et 140 dinars. L'augmentation du prix de ces produits de première nécessité pour les Algériens a affecté davantage leur pouvoir d'achat en ces temps de crise sanitaire de Covid-19, où nombre de ménages font face à de sérieuses difficultés financières. Quelles sont les véritables causes de ces subites hausses de prix ? Sont-elles réellement la conséquence directe de la décision de mettre fin à la subvention sur le blé destiné à la transformation ? «Pas du tout», répond le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), précisant que le texte de loi interdisant l'utilisation du blé tendre et du blé dur subventionnés dans la fabrication d'autres types de farines, de pâtes alimentaires et de couscous, publié le 7 septembre dernier au Journal officiel, a été gelé depuis quelques semaines. Selon lui, la hausse des prix des dérivés de la semoule du blé dur, notamment des pâtes alimentaires, a été justement parmi les causes principales de ce gel. «Certes, il fallait séparer entre la semoule à destination des ménages et celle à destination de l'industrie de l'agroalimentaire, afin de réguler le marché en ce qui concerne ce produit subventionné, mais cette mesure a eu des répercussions sur les prix des dérivés de la semoule», dit-il. Ayant atteint 40% des prix initiaux des différentes pâtes alimentaires, ces hausses demeurent, pour Mustapha Zebdi, «justifiées». D'autant, poursuit-il, que «cette hausse a été opérée sur des stocks déjà existant avant l'entrée en vigueur de ce texte de loi». Et d'expliquer qu'après la promulgation du décret exécutif en septembre dernier, «les industriels ont cessé leur production pour avoir une meilleure vision sur l'approvisionnement de la matière première. À ce moment, les grossistes ont saisi l'occasion pour spéculer sur les pâtes alimentaires et autres dérivés de la semoule». Malgré le gel de ce texte, les prix des pâtes alimentaires restent toujours élevés. «Malheureusement, dans les habitudes de notre marché, lorsqu'un produit connaît une hausse, c'est exceptionnel que son prix revienne à la normale», fait-il remarquer. Dénonçant, à cet effet, l'anarchie qui sévit dans le marché algérien, le président de l'Apoce estime que certains textes qui régissent les activités commerciales doivent être révisés et d'autres mécanismes doivent être mis en place pour «réguler, contrôler et bien gérer le marché». Aujourd'hui, c'est aux services de contrôle de la qualité et des prix de s'impliquer et de jouer leur rôle pour réguler le marché, notamment les prix affichés par les commerçants, et ramener les prix des pâtes alimentaires et autres dérivés de la semoule de blé dur aux prix d'avant le décret exécutif du 7 septembre dernier. Ry. N.