Un communiqué des services du Premier ministère a annoncé, jeudi, la reprise « progressive et contrôlée », dès ce vendredi, des transports routiers sur les liaisons interwilayas, avec la limitation du nombre de voyageurs à 50% pour le cas des bus et autocars, et à 5 personnes au lieu de 9 places et 4 personnes au lieu de 7 places pour le cas des taxis. La mesure devait s'effectuer dans le strict respect des mesures barrières, à travers les protocoles sanitaires spécifiques élaborés pour chaque mode de transport et adoptés par le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie de coronavirus, indique le communiqué. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Il s'est avéré, cependant, hier vendredi, lors de notre visite sur les lieux, que rien n'a été fait. En fait, un tour du côté des deux gares routières, taxis et autobus de Kharouba (Caroubier), à Alger, fait apparaître que rien n'a changé. Les voyageurs prennent leur mal en patience et, comme à l'accoutumée, ils sont agglutinés à proximité de la station-service Naftal, à deux pas des gares routières hermétiquement fermées. Les taxis, eux, gardent les mêmes habitudes depuis l'interdiction de l'activité qui remonte au mois de mars, date à laquelle les autorités ont décidé la mise à l'arrêt des transports terrestres interwilayas. Les rares automobiles de couleur jaune et en provenance de différentes wilayas du pays sont stationnés en retrait des foules, à l'abri des policiers, et s'affairent au remplissage au plus vite de quelques places avant l'arrivée du fourgon de police. En réalité, ils risquent de graves sanctions allant du retrait des papiers du véhicule à sa mise en fourrière. Sur place, des grappes humaines, impatientes, éparpillées çà et là, se donnent rendez-vous autour de la station d'essence devenue, par la force des choses, la gare routière improvisée et le lieu de prédilection de ramassage des passagers. Ces derniers vivent encore dans l'impatience de la quête d'un taxi. « À l'écoute du communiqué de jeudi, j'ai ressenti un grand soulagement de gagner enfin mon domicile dans les meilleures conditions », nous exprime un passager à destination de Constantine, qui s'est pointé dès les premières heures à la gare routière de Kharouba. Non loin, un autre se lamente : « J'ai vraiment cru qu'enfin, j'allais me débarrasser des tracasseries endurées durant de longs mois .» C'est un ouvrier en provenance de l'est du pays qui témoigne qu'il a décidé de limiter ses retours à son foyer. « Cela fait un peu plus de deux mois que je n'ai pas regagné mon foyer.» À quelques mètres de là, un chauffeur de taxi en provenance de Sétif, qui vient juste de déposer des passagers, est sur le qui-vive. La crainte d'être intercepté par des policiers est évidente. Approché pour nous commenter la décision de la reprise du transport par taxi, annoncée jeudi par les médias, il se montre au bord de la fureur. « Sachez bien que nous avons été chassés dès les premières heures de la gare routière de Sétif par des policiers, nous qui croyions que tout a été réglé », s'écrie-t-il. « Sachez bien que nous endurons toujours le calvaire et que personne ne pense à nous », s'attaquant cette fois à l'Union syndicale des taxis, qu'il ne reconnaît pas d'ailleurs. Et si les taxis exercent dans les pires conditions et éprouvent les pires avanies depuis l'interdiction de circuler entre les wilayas, les clandestins, eux, sont stationnés presque au milieu de la foule des voyageurs et procèdent au ramassage des passagers sans le moindre souci. C'est justement ce que déplore un chauffeur de taxi d'Oran, qui nous révèle que les clandestins ne sont jamais inquiétés par les policiers. Autant dire que tout comme les taxis, les voyageurs espéraient que la nouvelle année allait s'annoncer sous de meilleurs auspices, suite à la nouvelle, rendue publique la veille, par le biais du communiqué des services du Premier ministère concernant le rétablissement du transport interwilayas par taxi. Cette reprise qui devait concerner, selon le même communiqué, le transport interwilayas par autocars et par taxis, avec la limitation du nombre de voyageurs à 50 %, s'est avérée, elle aussi, sans fondement puisque le décor observé, au cours de la matinée d'hier, donne à voir une gare routière désespérément vide, puisque les portails d'accès restent hermétiquement fermés à l'instar des jours précédents, depuis plus de 9 mois. La situation vécue hier dans les deux gares routières de Kharouba conduit plus d'un à conclure que les décisions annoncées par les services du Premier ministre ne sont pas parvenues aux services de Sûreté des wilayas du pays. A. B.