Serait-ce un retour à la case départ qui s'annonce pour des milliers de jeunes entrepreneurs ? Les pouvoirs publics semblent avoir enfin compris que le dispositif d'aide à l'emploi Ansej est un monumental flop, si l'on se fie, cette fois, au constat dressé par Nassim Diafat, le ministre délégué à la Microentreprise, qui a annoncé l'éloquent chiffre de 70% des entreprises créées dans le cadre de l'Ansej souffrant de grosses difficultés. Ainsi, il se trouve que, désormais, plus de 70% des entreprises créées dans le cadre du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) «sont en crise et nécessitent une prise en charge, notamment à travers le rééchelonnement de leurs dettes et la possibilité de disposer de plans de charge», selon le constat établi et qui, en fait, ne surprend guère puisque le dispositif en question a été plusieurs fois remis en cause tant, entre autres, les dossiers de défaut de remboursement des crédits accordés aux jeunes entrepreneurs dans le cadre de l'Ansej s'amoncellent depuis quelques années sur les bureaux des banquiers. Afin d'y remédier dans l'urgence, le ministre délégué à la Micro-entreprise a donné l'assurance que ces entreprises se verront accorder un rééchelonnement de leurs créances pouvant aller jusqu'à cinq années et d'un différé de paiement allant jusqu'à douze mois, avec un effacement des agios, des intérêts, des pénalités de retard, des frais de commissions et taxes. Ceci parmi une batterie de mesures destinées à sauver ce qui peut l'être d'un dispositif, certes indispensable, mais qui aurait gagné à être mieux adapté à la réalité économique du pays depuis des années maintenant. En effet, à l'instar d'une multitude d'entreprises, les toutes petites créées avec l'idée d'insérer les jeunes dans le monde de l'emploi ont souffert de maintes tares du fait, pêle-mêle, de la réservation de l'essentiel de la commande aussi bien publique que privée par ce que l'on pourrait appeler «des circuits bien huilés», les jeunes entreprises se contentant de miettes, sans parler de l'environnement économique peu propice depuis le début de la crise de 2014, soit trois années à peine après le boom de la création des entreprises Ansej, une idée du pouvoir de l'époque qui, de crainte de voir le pays gagné par les soulèvements qui secouaient de nombreux pays de la région, s'était mis à distribuer des crédits dans le but de gagner la paix sociale et prémunir l'Algérie contre une contamination du Printemps arabe. Les temps ne sont donc plus au populisme et autres pas très innocents subterfuges, la crise économique qui frappe le pays appelle une nouvelle démarche pour sauver le dispositif, une démarche qui, en fait, s'intègre dans le plan de relance économique envisagé par les pouvoirs publics afin, entre autres objectifs majeurs, d'absorber le chômage chronique. De la batterie de mesures dont a fait part le ministre délégué à la Microentreprise, la révision des conditions d'accès au dispositif d'appui et de développement de l'entrepreneuriat à travers la suppression de la condition de chômage, ainsi que l'amendement des textes régissant l'Ansej et le dispositif de création d'activités dont elle a la charge, en la remplaçant par «l'Agence nationale d'appui et de développement de l'entrepreneuriat». Des amendements à travers lesquels il est envisagé l'élargissement du dispositif aux salariés ou aux étudiants souhaitant se convertir en entrepreneurs et l'octroi du bénéfice des avantages accordés, au titre de l'extension des capacités de production à d'autres promoteurs qui sont financés par d'autres mécanismes (artisans, promoteurs Angem, agriculteurs et autres détenteurs de registre de commerce), selon les explications du ministre délégué qui a également annoncé l'octroi d'un prêt non rémunéré supplémentaire (prêt crédit d'exploitation) pour permettre aux microentreprises de faire face aux difficultés de trésorerie lorsqu'elles accèdent aux marchés publics. Pour leur part, les entreprises Ansej se trouvant en difficulté pourront bénéficier d'un refinancement pour qu'elles puissent réhabiliter et relancer leurs activités, d'un côté, alors que le Fonds de garantie a été chargé d'apporter son soutien aux microentreprises en difficulté par le rachat de leurs créances dues aux banques. De quoi, en somme, permettre à de très nombreux jeunes entrepreneurs d'entrevoir le bout du tunnel, après une entrée ratée dans le monde de l'entrepreneuriat. Azedine Maktour