Le rapport du médiateur de la République sera remis au chef de l'Etat d'ici la mi-janvier courant, un document où seront mentionnés, notamment, les institutions et les responsables qui n'ont pas eu à «collaborer» avec cette instance mise en place en février dernier pour tenter de «dégeler» la relation empreinte de «méfiance» extrême entre le citoyen et l'administration. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Multipliant les sorties de vulgarisation de l'instance qu'il préside, Karim Younès ne fait pas l'économie, à chacune de ses escales dans les wilayas du pays qu'il sillonne ces derniers temps, comme Aïn-Témouchent et Tlemcen où il était ces derniers jours d'exprimer son irritation quant au manque, voire l'absence de collaboration de responsables locaux et centraux avec ses délégués locaux. Au fur et à mesure de son pèlerinage dans les diverses wilayas du pays, le médiateur de la République touche du doigt la méfiance régnant entre le citoyen et les démembrements de l'Etat, avec ses corollaires, le népotisme, la bureaucratie et la corruption. Autant de fléaux auxquels l'institution qu'il préside et instituée au début de l'année dernière est justement dédiée à l'effet de les combattre. Une instance, comme ne cesse de le préciser Karim Younès, qui ne vise que «l'accompagnement» et la «facilitation» de toute procédure pour faire valoir les droits des citoyens. Ceci à travers le recueil des doléances ayant trait au fonctionnement des instances administratives, des collectivités locales et de toute structure du service public. Sauf qu'au vu de l'ampleur de la bureaucratie et du népotisme qui gangrènent les administrations, les délégués du médiateur de la République au niveau des wilayas sont devenus les réceptacles de doléances et de requêtes de toutes natures, de citoyens qui les sollicitent pour le règlement de leurs divers différends. Depuis février dernier, la médiature de la République a reçu 8 052 requêtes et a reçu plus de 3 000 citoyens. Ce qui a poussé le médiateur de la République à dire que « le délégué n'est ni wali, ni juge, ni avocat des citoyens et de l'administration, mais plutôt un cadre supérieur de l'Etat désigné par le président de la République pour aider les citoyens». «Le rôle du médiateur délégué de la République consiste à aider les individus à régler tout différend avec l'administration, s'il estime que celle-ci n'a pas agi conformément à la mission de service public qui lui est dévolue, en plus de protéger les droits des citoyens et les libertés fondamentales, les promouvoir, les renforcer et défendre les droits de l'Homme», a tenu à ajouter l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale. Des délégués locaux que Karim Younès a invités à l'intégrité et à une connaissance des affaires publiques, à l'écoute et à la compréhension du citoyen pour traiter son problème et l'orienter au besoin. Aussi, le médiateur de la République a tenu à avertir les responsables au niveau des diverses directions exécutives et les directions centrales à l'échelle des ministères qui ne répondent pas aux requêtes qui leur parviennent des médiateurs de la République au niveau des wilayas, lui dont les services sont en cours de finalisation du rapport annuel qu'il doit remettre, d'ici la mi-janvier courant au chef de l'Etat. Un document où, selon le médiateur de la République qui était, hier mercredi, à Aïn-Témouchent dans la matinée avant de se rendre à Tlemcen dans l'après-midi, seront portés les dysfonctionnements, les dépassements et les problèmes sociaux qui n'ont pu trouver de solutions auprès d'administrations gangrénées par la corruption, les pots-de-vin et autre népotisme. Des fléaux qui requièrent une «lutte» qui ne doit pas se suffire du «simple discours», de la «parole bellement emballée» , ou d'un «produit de consommation». Pour Karim Younès, cette bataille qu'il avoue «pas facile du tout» nécessite des «mécanismes juridiques et des mesures coercitives». Ledit rapport de dix mois d'exercice va citer également les ministères et les wilayas ayant joué leur rôle vis-à-vis de la médiation et les autres n'ayant pas répondu à ses requêtes, précise Karim Younès. M. K.