L�avant-projet de loi devant criminaliser le colonialisme, initi� d�but 2010 par une centaine de d�put�s, en majorit� FLN, et con�u comme une r�plique � tardive, il faut le dire � � la loi fran�aise du 23 f�vrier 2005, n�aura finalement pas connu un traitement diligent de la part du gouvernement. Ni cautionn�, ni formellement rejet�, le texte sommeille toujours dans les tiroirs du gouvernement. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir)- L�oracle n�ayant pas avis�, les pr�sidents de l�Assembl�e populaire nationale (APN) et du S�nat, Abdelaziz Ziari et Abdelkader Bensalah, se sont abstenus jeudi, lors de l�ouverture solennelle de la session de l�automne du Parlement, de la moindre allusion au fameux avant-projet. Pas le moindre tra�tre mot, au grand dam, on l�imagine, de ses initiateurs qui commencent � perdre patience. L�espoir qu�ils ont entretenu de voir le gouvernement d�livrer le quitus qui permettrait � leur texte de subir l�examen parlementaire durant l�actuelle session a fondu comme de la margarine sur une plaque chauffante. Le d�sappointement des d�put�s battant banni�re FLN, auxquels se sont associ�s des d�put�s d�Ennahda et d�El Islah pour donner de la consistance � l�initiative, a �t� ostentatoire jeudi, dans les trav�es de l�h�micycle. Ils ne savaient plus � quel membre de l�ex�cutif se vouer. M�me le ministre des Moudjahidine Mohamed-Cherif Abbas s�est fait parangon de la r�serve, solidarit� gouvernementale oblige. Invit� par la presse � s�exprimer sur la question, Mohamed- Cherif Abbas a pr�f�r� livrer l�avis d�ancien moudjahid et non celui de ministre : �En tant que moudjahid, je soutiens le projet, mais en tant que ministre, je n�ai aucun commentaire � faire sur le sujet. C�est au Premier ministre de s�exprimer.� Vraisemblablement, le ministre des Moudjahidine est �chaud� par les remontrances qu�il a eu � essuyer en novembre 2007 lorsqu�il a cru de bon ton de porter l�estocade au pr�sident fran�ais Nicolas Sarkozy � la veille de sa visite en Alg�rie. L�on se rappelle que Mohamed-Cherif Abbas a eu � exprimer une opinion si n�gative de Sarkozy et de Kouchner, d�clarant notamment que la nomination de ce dernier au poste de ministre attestait de ce que c�est le lobby juif qui a port� Sarkozy � la pr�sidence fran�aise. Mais aussi que �la normalisation des relations ou �une r�conciliation� entre l�Alg�rie et la France n��taient pas envisageables tant que la France ne se repent pas de ses crimes coloniaux commis en Alg�rie. Depuis, Mohamed-Cherif Abbas a mis de la mesure dans ses propos. N�ayant pas trouv� le r�confort chez le ministre des Moudjahidine, les d�put�s initiateurs de l�avant-projet de loi devant criminaliser le colonialisme ne le trouveront pas aussi chez le pr�sident de l�APN. Abdelaziz Ziari avait clairement li� le devenir du texte en question aux circonstances et conjonctures. �L�adoption ou non de l�avant-projet de loi criminalisant le colonialisme d�pendra de la circonstance et de la conjoncture dans lesquelles nous serons�, avait-il d�clar�. L�avant-projet de loi n��tant pas au menu de la session d�automne du Parlement, l�on est en droit de d�duire que la conjoncture et les circonstances ne sont pas jug�es opportunes pour retourner par �quivalence �l�amabilit� � la France. Cela �tant, la tergiversation du gouvernement quant � se prononcer sur l�avant-projet de loi qui lui est soumis conforte le ministre fran�ais des Affaires �trang�res, Bernard Kouchner qui, devant l�Assembl�e fran�aise, avait d�clar� que �l�ex�cutif alg�rien n�a aucunement pris position� et que, de ce fait, �son inscription (l�avant-projet de loi en question, ndlr) � l�ordre du jour n�est donc pas certaine, car c�est le gouvernement alg�rien qui en a la maitrise exclusive�. Mais avant que Bernard Kouchner ne rappelle cette pr�pond�rance de l�ex�cutif sur le l�gislatif en Alg�rie, la question de la repentance, un moment exig�e de la France pour ses crimes coloniaux, avait d�j� �t� gomm�e du discours officiel. Et c��tait le pr�sident Bouteflika lui-m�me qui avait sugg�r� d�emprunter une bifurcation pour ne pas condamner la relation alg�ro- fran�iase � la d�cr�pitude aggrav�e. Dans un message, lu par son conseiller � l�occasion de la comm�moration des massacres de Mai 1945, il avait soulign�, on se rappelle, qu�il faut explorer �une voie originale�.