La Fondation du 8-Mai-45 s'en est encore prise au bureau de l'Assemblée nationale et au gouvernement qui sont responsables du blocage de l'avant-projet de loi criminalisant la colonisation. Cette sortie virulente de la Fondation du 8-Mai-45 intervient en soutien à la position de Saïd Abadou, secrétaire générale de l'Organisation nationale des moudjahidine, qui a ouvertement soutenu l'initiative du député FLN Moussa Adi de lancer le texte de loi. Et pour cause, les réactions officielles, notamment celle de Ziari, président de l'APN, de certains ministres, qui évoquaient les lenteurs procédurales avant de soumettre le texte à l'approbation des députés et celles des partis politiques, qui ont pêché par leur ambigüité et leurs contradictions, comme le FLN qui ne semble pas vouloir faire avancer le projet alors que dans le parti, la position est nettement tranchée en faveur du texte. La position du SG de l'ONM ne souffre d'aucune tergiversation, selon la Fondation, qui estime, dans un communiqué, qu'elle “ne manque pas d'exprimer en clair l'acuité et la justesse de l'analyse tout en mettant chacun devant ses responsabilités en levant le doute sur les tergiversations et les tentatives des uns et des autres d'entraver l'avenir de ce projet, elle honore la mémoire des chouhada”. Elle accuse ouvertement le bureau de l'APN et le gouvernement de dresser des obstacles pour éviter de passer la loi. Les arguments des deux institutions ne sont faits, selon la fondation, que pour “différer ou étouffer la volonté populaire à incriminer le colonialisme”. “Il n'y a en réalité aucun obstacle, qu'il soit juridique, diplomatique, politique ou historique à freiner cet élan populaire légitime et souverain”, lit-on dans le communiqué de la fondation présidée par M. Boukherissa. Alors que le gouvernement a opté pour la prudence, la Fondation du 8-Mai-45 n'a pas hésité à traiter tous les responsables indécis presque de “traîtrise” et d'atteinte à la mémoire des chouhada. Comme elle rejette les motifs invoqués par des ministres et autres responsables alors que d'autres textes à la portée beaucoup plus sensible ont été adoptés sans encombre. La fondation n'a pas attendu les réactions pour monter au créneau. En effet, dès que l'existence de l'avant-projet connue, la fondation a salué l'initiative, l'a soutenue et appelé à l'adopter, estimant qu'il s'agit là d'une riposte légitime à la loi du 23 février glorifiant le fait colonial par l'Assemblée française et aussi d'un geste de reconnaissance en hommage au sacrifice des martyrs. Les politiques semblent cependant temporiser ou prendre en compte des considérations qui relèvent du strict politique avec cette hantise d'implications diplomatiques qui perturberaient les timides tentatives de refondation des relations algéro-françaises. Des considérations politiciennes qui, au contraire de ce côté-ci de la Méditerranée, entravent le pays de se doter d'une loi criminalisant la colonisation, ce droit “légitime et souverain”, pour reprendre la fondation. Ce projet, selon l'organisation, se situe bien au-delà des appartenances et des obédiences et des couleurs partisanes.