Le membre du Comité scientifique chargé du suivi de la pandémie, Mohamed Bekkat Berkani, a estimé que le retard qu'a pris l'Algérie dans la réception du premier lot du vaccin contre le Covid-19 n'est pas sans conséquences. Celui-ci s'est, par ailleurs, montré sceptique vis-à-vis du mode de fonctionnement de la plateforme numérique destinée à réserver les dates de vaccination. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) – Le spécialiste a émis, hier vendredi, de grandes réserves sur la gestion de la campagne de vaccination contre le coronavirus. Dans un entretien qu'il a accordé au média électronique Sabqpress, il a soutenu que «le retard accusé dans le lancement de cette campagne de vaccination n'est pas dans l'intérêt du pays». Qu'il soit d'une seule journée ou d'une semaine, ce retard aura des conséquences, a-t-il averti. Dans le sens où «la plupart des pays européens ont déjà entamé le processus depuis un moment, après avoir constaté que le seul remède contre le virus est la vaccination». Il juge, par conséquent, qu'il s'agit d'une responsabilité politique qui pèse lourdement sur l'exécutif. Interrogé sur la plateforme numérique dédiée au programme de vaccination, Bekkat Berkani déclare que ce genre de mesures «doivent obligatoirement être suivies d'un dispositif d'accompagnement fin et précis». Il fait savoir qu'il aurait été judicieux, par exemple, d'associer la Caisse nationale d'assurance sociale à cette opération. «En sachant que toutes les informations nécessaires se rapportant aux malades et aux personnes âgées se trouvent sur la base de données des assurances sociales», explique-t-il. Pour lui, il est inconcevable que n'importe quelle personne s'inscrive elle-même pour choisir le lieu où elle sera vaccinée. Cette opération exige aux autorités de cibler et de trouver les personnes malades ou âgées, avant de leur donner rendez-vous, et non l'inverse. Autre «faille» relevée par le docteur Bekkat Berkani, «le fait que les personnes qui s'inscrivent sur la plateforme en question soient tenues de donner uniquement leurs adresses et leurs numéros de téléphone». Un point qu'il juge totalement «insensé», car cette opération ne détermine pas tout de suite les spécificités de chacune d'elles. Autant d'insuffisances techniques qui donneront du fil à retordre au ministère de la Santé pour la réussite de la campagne de vaccination. Revenant sur le maintien de certaines restrictions, malgré la décrue des nouveaux cas de contamination au Covid-19, le membre du Comité scientifique prévient que «le danger plane toujours, et que le risque d'une nouvelle vague du virus reste omniprésent». Il rappelle que la levée du confinement en août dernier avait donné lieu à une hausse vertigineuse des cas de contamination, qui dépassaient les 1 000 par jour. Il précise, toutefois, que toutes les études ont démontré que les salles des fêtes, les restaurants, ainsi que les lieux de plaisance sont les principaux vecteurs de la propagation du Covid-19. Néanmoins, en Algérie, «pratiquement, toutes les activités économiques ont repris aujourd'hui». Mohamed Bekkat Berkani s'est, dans ce sens, dit favorable au maintien des frontières fermées. «N'oublions pas que de nouveaux variants du virus ont fait leur apparition un peu partout dans le monde», appuie-t-il en soulignant que «ce n'est pas le moment de prendre un tel risque». Il précisera, cependant, que les vols de rapatriement doivent se poursuivre en imposant «un isolement de quelques jours pour toutes les personnes rapatriées de l'étranger». M. Z.