La chambre d'accusation d'Alger rendra son verdict le 21 février prochain dans l'affaire Ali Ghediri, nous ont fait savoir, hier dimanche, ses avocats. Le dossier de l'ancien candidat à la présidentielle a donc été étudié hier matin par des magistrats de la chambre d'accusation d'Alger. Ce moment était très attendu par ses avocats depuis l'annonce de la décision de la Cour suprême (en décembre dernier) d'accepter le pourvoi en cassation introduit par la défense. Les plaidoiries étaient d'ailleurs essentiellement axées sur les points sur lesquels s'est basée cette haute instance de justice pour justifier l'annulation des charges retenues contre Ali Ghediri. Me Hatem Berache explique : «Ces points soulevés par la Cour suprême sont capitaux. Le magistrat qui a étudié le dossier a relevé que Ali Ghediri a été accusé sur la base d'éléments inexistants, c'est-à-dire qu'on lui reproche des faits sans dire de quoi il s'agit, et de ce fait, toute la procédure devient caduque et son incarcération injustifiée. Dans l'autre point, tout aussi capital, il est dit que la décision dont il avait fait l'objet, à savoir sa poursuite pour des charges non justifiées, pouvait être perçue comme étant une manière de l'avoir déjà jugé, alors que cette prérogative n'est pas celle des personnes qui avaient le dossier entre les mains. En s'appuyant sur toutes ces raisons, nous avons demandé l'application de la loi et donc la prononciation d'un non-lieu. Si la justice s'est trompée, elle doit le reconnaître, ce sera tout à son honneur. A présent, nous demandons la libération de Ghediri». Ce dimanche matin, des membres de la famille du général major à la retraite et des membres de son comité de soutien ont tenu à être présents à la cour d'Alger. Cette fois, il n'y avait pas autant de déception qu'il y en avait eu dimanche dernier après l'annonce du report de l'étude du dossier. Un vent d'optimisme soufflait au contraire, et tous espèrent que le 21 février apportera avec lui la nouvelle attendue. Le principal concerné est toujours à la prison de Koléa où il se trouve incarcéré depuis le 13 juin 2019. Arrêté une journée auparavant, il avait d'abord fait l'objet d'un interrogatoire qui avait duré de longues heures chez les services de sécurité. Ces derniers lui avaient ensuite remis une convocation le sommant de se présenter le lendemain au tribunal de Dar-el-Beïda, où décision avait été prise de le placer sous mandat de dépôt. Son inculpation a eu lieu sur la base de deux charges retenues à son encontre. La première, à savoir «transmission à des parties étrangères d'informations susceptibles de porter atteinte à l'économie du pays», a été annulée deux mois après son emprisonnement. L'abandon de cette charge est le résultat d'une rude bataille judiciaire menée par ses avocats pour prouver l'absence de preuves attestant de sa culpabilité. La justice retient, cependant, à son encontre un chef d'inculpation : «Atteinte au moral de l'armée.» Au sein de l'opinion, Ali Ghediri est considéré comme étant un détenu d'opinion, incarcéré dans un contexte tumultueux où se sont exprimées ses idées dérangeantes. La candidature de cet ancien haut gradé à des présidentielles très controversées figure d'ailleurs parmi les points forts de cette période. Dans une lettre, écrite au mois d'août dernier, dans sa cellule, il a tenu à prendre les Algériens à témoin, affirmant que sa mise en détention n'était «rien d'autre qu'un confinement politique, une conséquence de sa décision de se porter candidat à la présidentielle de 2019». Ali Ghediri a eu recours à ce procédé, après avoir maintes fois réclamé un procès équitable durant lequel il aurait pu s'exprimer. A la même période, il avait également annoncé sa décision d'entamer une grève de la faim illimitée qu'il a cependant dû suspendre une dizaine de jours plus tard car étant atteint du Covid. A. C.