C'est finalement Saidal qui produira exclusivement le vaccin Spoutnik V. Aucun laboratoire privé ne sera associé à ce projet. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique justifie ce choix par la nature «stratégique» et «sensible» de la production du vaccin contre le Covid-19. Pas de délai fixé, ni de projections sur les quantités à produire : l'Algérie espère maîtriser la technologie, satisfaire ses besoins en vaccins avant de penser à l'exporter vers des pays africains. Un projet qui nécessite «du temps», selon Lotfi Benbahmed. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- On en sait un peu plus sur la fabrication prochaine du Spoutnik V en Algérie. Le ministre de l'Industrie pharmaceutique apporte des précisions de taille : finalement, aucun laboratoire privé ne sera associé puisque seule l'entreprise publique Saidal bénéficiera du transfert de technologie, lui permettant de fabriquer le vaccin russe localement. Les raisons ? Lotfi Benbahmed explique ce choix par le caractère «stratégique» de la fabrication du vaccin. Intervenant sur la Chaîne Russia Today, le ministre de l'Industrie pharmaceutique a également motivé ce choix par les capacités dont dispose l'entreprise publique avec plus de trente années d'expérience, des unités de production implantées dans plusieurs wilayas, un centre de recherche et plus de 3 000 employés. L'entreprise publique fabrique 215 médicaments dont des médicaments stérilisés injectables, ce qui, aux dires du ministre, «la qualifie pour mener à bien ce projet». Concrètement, comment se fera la fabrication du Spoutnik V ? Plusieurs étapes seront nécessaires. Elles ont débuté avec les nombreux contacts entrepris entre les parties algérienne et russe et qui ont abouti à la remise du lien donnant accès à la plateforme numérique contenant des informations techniques sur la fabrication du vaccin, ce qui permettra aux experts algériens d'en prendre connaissance. Une fois le dossier technique étudié par les experts, l'Algérie procédera à une évaluation des besoins en matière d'équipements dont il faudra se doter. Selon le ministre de l'Industrie, la fabrication du Spoutnik V se fera «par étapes» ajoutant qu'il était impossible d'avancer des délais. «Nous avons besoin de temps pour étudier le dossier technique et voir laquelle des unités est la mieux dotée pour accueillir la production, après on enverra les experts algériens dans une unité de production en Russie pour une période suffisante pour leur permettre d'effectuer le transfert de technologie et de le reproduire en Algérie. On demandera aux Russes d'envoyer leurs experts en Algérie pour que le processus de production soit identique à celui en Russie». A quel moment la fabrication pourra démarrer ? Benbahmed répond qu'«on pourra rapidement commencer la fabrication si notre partenaire russe nous approvisionne en matière première. Si on voit que la Russie a des difficultés à nous approvisionner en matière première, il sera alors possible de se tourner vers ses autres partenaires qui fabriquent le Spoutnik V. Dans un premier temps, on fera sur une intégration progressive avant d'arriver au full process et enfin on fera des comparatifs entre le vaccin produit localement et celui produit par la Russie pour s'assurer qu'il réponde à toutes les caractéristiques. A ce moment, il sera enregistré puis commercialisé, tout cela exige du temps ». En quelles quantités ? « Les quantités ne nous intéressent pas autant que la maîtrise de la technologie qui est déjà un acquis et qui nous permettra de fabriquer d'autres vaccins. Nous visons évidemment la satisfaction des besoins de l'Algérie et pourquoi pas exporter vers l'Afrique. Personne ne sait si ce virus va disparaître ou s'il va rester comme c'est le cas de la grippe saisonnière », assure le ministre de l'Industrie pharmaceutique pour qui la fabrication du Spoutnik V en Algérie constitue un défi dans un contexte de pandémie, ce qui nécessitera de faire appel à toutes les compétences algériennes ou étrangères. N. I.