Le jumelage des élections législatives avec celles locales portant renouvellement des Assemblées populaires des communes et des wilayas n'est pas écarté. Le président de la République, qui a juste évoqué cette possibilité, a, néanmoins, affirmé que l'option réclamée par un large pan de la classe politique est à l'étude. M. Kebci - Alger (Le Soir) - «Il n'est pas écarté d'organiser les élections législatives et locales à la même date. Cela représente une revendication légitime de la classe politique», a, en effet, affirmé Abdelmadjid Tebboune, avant-hier soir, lors de sa traditionnelle entrevue avec des représentants de médias nationaux, la première depuis son retour de son second séjour médical en Allemagne. Sauf que cette option n'est pas partagée par le président de l'Autorité nationale indépendante des élections qui n'a pas cessé, depuis l'irruption de cette idée, de signifier son refus, pas pour des raisons politiques mais plutôt des considérations logistiques et humaines. Selon Mohamed Charfi, cette option nécessiterait la mobilisation, notamment d'un nombre important de magistrats, ce qui est, selon lui, impossible. Et toujours au sujet des prochaines élections législatives, le chef de l'Etat a fait part de «toutes les facilitations et les garanties permettant aux jeunes de participer à ces échéances», surtout que, a-t-il ajouté, la loi électorale amendée dont la mouture finale devra être rendue et promulguée prochainement devra «permettre l'émergence de compétences, mais aussi la lutte contre l'argent sale qui prolifère encore au sein de la société». Un rendez-vous électoral qui fait partie, a encore rappelé Tebboune, parmi ses 54 engagements électoraux lors de la campagne électorale pour l'élection présidentielle de décembre 2019 et qui «ne ressemblera en rien à ceux du passé». À propos d'un probable fort taux d'abstention lors de ces futures législatives, le chef de l'Etat a considéré que le taux de participation «n'aura aucun impact sur les résultats de ces élections étant donné que de telles échéances ne réalisent pas de forts taux de participation à travers le monde» et que «la Constitution ne fixe pas un seuil de participation qui conditionne la validation du vote». Un profond changement du gouvernement après les élections législatives Evoquant le tout récent lifting qu'il a opéré au sein du gouvernement, le chef de l'Etat a avoué qu'il «ne correspondait pas, dans son ampleur, à ce qu'attendaient les Algériens, mais il relève tout de même que six départements dont les responsables «n'ont pas été à la hauteur, ont été changés». «Je n'ai pas voulu opérer un changement total du gouvernement par respect au peuple. Nous sommes à l'approche d'élections législatives qui seront organisées dans les deux ou trois mois prochains», a-t-il expliqué à ce sujet. Le Président Tebboune est revenu sur le deuxième anniversaire du Hirak et explique que les «principales revendications qu'il portait, à savoir l'annulation du cinquième mandat, la dissolution du Parlement et de nouvelles figures, sont satisfaites». Et de dénoncer, dans la foulée, ceux qui veulent instrumentaliser le Hirak pour faire valoir des agendas politiques qui «ne sont pas en rapport avec les attentes du peuple». Il rappellera, dans la foulée, que les membres du premier gouvernement ont été choisis «en satisfaction des revendications du Hirak béni et authentique qui appelait à un changement institutionnel». Des ministres dont «certains jeunes et d'autres issus du Hirak et dont le travail commence à porter ses fruits sur le terrain», a encore ajouté le chef de l'Etat. A propos du slogan porté lors des manifestations du Hirak appelant à une gouvernance civile, le chef de l'Etat a affirmé que le «régime algérien est bien défini aujourd'hui. Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préféré un changement institutionnel». Pour lui, «quelles que soient les revendications, pour moi ceux qui se sont dirigés vers les urnes lors de la présidentielle pour sauver la République sont 10 millions», ajoutant que «le nombre des habitants des zones d'ombre et enclavées s'élève à 8,5 millions d'habitants qui constituent un véritable appui au président de la République». Par ailleurs, le chef de l'Etat a évoqué ses relations avec l'armée que certaines voix continuent de qualifier de tumultueuses. Les démentant, Tebboune a parlé plutôt d'une «parfaite symbiose» avec l'institution militaire qui est, a-t-il encore ajouté, «professionnelle, républicaine et loin de la politique, son seul souci est la défense de la stabilité et la sécurité du pays». Pour le chef de l'Etat, «ceux qui alimentent les rumeurs à propos de tensions entre le Président et la haute hiérarchie militaire n'ont rien compris aux changements intervenus en Algérie», ajoutant que «le temps où l'institution militaire avait ses représentants au Comité central du FLN est révolu», concluant que «l'armée est mon meilleur appui et ma meilleure écoute». Pas de troupes de l'ANP à l'étranger Une armée dont les troupes ne seront pas envoyées au Sahel, comme distillé par les mêmes voix ou presque. Tebboune a, en effet, affirmé que «l'Algérie est une véritable force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous avons réussi à préserver notre prolongement en Afrique et ailleurs», estimant qu'il «n'est pas question d'envoyer les enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui». Seulement, «cette option ne serait envisagée qu'en cas de besoin de dissuasion», a précisé le chef de l'Etat. Des lobbies tentent de saborder les bonnes relations avec Paris À l'international, le chef de l'Etat a affirmé que l'Algérie entretenait de bonnes relations avec la France, loin du complexe d'ancien colonisateur. Des relations que de «puissants lobbies tentent, toutefois, de saper» avec l'implication, selon lui, de voisins qui «s'emploient à parasiter les relations entre les deux pays et un autre représentant, ceux qui ont perdu leur paradis (l'Algérie) et qui leur reste en travers de la gorge». Pour le chef de l'Etat, ces bonnes relations bilatérales ne sauraient, cependant, être au «détriment de l'Histoire ou de la mémoire» à laquelle il dira «ne jamais renoncer et qui ne peut faire l'objet de marchandage», préconisant «l'intelligence» et la «sérénité» dans le traitement de ces dossiers. Le voisin de l'Ouest pointé du doigt Le chef de l'Etat a, par ailleurs, accusé le Maroc, sans le citer nommément, d'héberger des sites web qui ont lancé des rumeurs sur son état de santé. Tebboune a, en effet, démenti les rumeurs colportées contre sa personne, notamment celles en lien avec son état de santé. Des rumeurs dont 97%, selon Tebboune, ayant comme sources des sites web, au nombre de 98, dans un pays voisin diffusant depuis l'Espagne et la France et qui parlaient d'une attaque dont il aurait été victime. M. K.