Il arrive souvent qu'on ne comprenne rien à ce qui se passe, tellement on passe de la chose à son contraire en moins de temps qu'il n'en faut pour le souffler. Tenez, il n'y a pas si longtemps, les agricultures de Bouira, d'Aïn-Défla, de Mostaganem et on en oublie sûrement, se plaignaient du fait qu'ils n'arrivent pas à écouler leur pomme de terre dont la production est particulièrement généreuse cette année. Alors, on est resté sur cette idée, surtout que les prix sont restés à peu près stables et relativement corrects. Jusqu'à ce que le tubercule fait son bond vertigineux de 40 à 70 dinars et que « l'Etat » vienne à la rescousse pour un... plan Marshall de rééquilibrage du marché. Beaucoup d'Algériens qui ne sont pas « férus »en la matière ont découvert le terme « déstockage » dans la foulée de l'opération. Allez comprendre quelque chose, on pensait être dans la surproduction, qu'on était, une fois n'est pas coutume, confrontés à des problèmes de riches et nous voilà (déjà) revenus de nos désillusions. Il paraît que cette histoire tient de la manipulation politique destinée à détourner l'attention de choses autrement plus importantes. Si c'est vrai, c'est grave. Si ce n'est pas vrai, c'est-à-dire que le pays a vraiment un problème de patates, c'est... grave aussi ! Pour produire de la pomme de terre, il faut de la semence, de la terre, de l'eau et quelques autres broutilles. Nous avons la terre, nous avons de quoi importer les semences et un peu d'eau. Comme on ne peut pas combler le déficit d'eau en important des icebergs tel que le fait l'Arabie Saoudite pour sa production-imposture de blé, l'Etat, après avoir « déstocké », tourne les yeux vers le ciel pour demander de la pluie. On sait, on ne dérange pas la générosité providentielle pour avoir des patates mais plutôt pour les « cultures stratégiques », les céréales, quand c'est expliqué aux nuls. Le « débat » n'est pas là mais plutôt entre ciel et terre, si ce n'est entre... terre et terre. Parce que depuis longtemps, très longtemps, la « prière de la pluie » s'est vidée de la quête et de la foi sincères d'autrefois pour devenir une... imposture. Désormais, c'est ainsi et cette fois-ci n'est en rien différente des autres. C'est au moment où des prévisions précises et sûres annoncent plusieurs jours de pluie ininterrompue que les services du culte programment une « salat el istisqa». Est-ce que c'est sûr qu'il va pleuvoir pour autant ? C'est ce qu'on pourrait appeler une entreprise... perdant-perdant. S'il pleut, il n'y a pas grand monde pour croire que c'est à cause de « leur » prière. S'il ne pleut pas, c'est plus grave. De grosses précipitations étaient prévues, à cause de « leurs » figures, elles ont été bloquées quelque part aux frontières du pays. S. L.