Empêtré dans les sables du Sahara Occidental, tout porte à croire que le Makhzen fonce droit dans le mur par son alignement aveugle sur les causes perdues. C'est dans un communiqué publié sur son site web, que l'ambassade allemande avait annoncé, hier vendredi, que les visas Schengen ne seront plus délivrés aux citoyens marocains, sauf pour certaines catégories. Cette décision annoncée par l'ambassade d'Allemagne à Rabat ressemble à une mesure de rétorsion en réponse aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a intimé l'ordre aux services du Premier ministère de Saâd Eddine El Osmani de rompre tout contact avec la représentation diplomatique de Berlin. Rappelons que les autorités marocaines avaient décidé de suspendre, en début de la semaine écoulée, «tout contact, interaction, ou action de coopération» avec les autorités et les fondations politiques allemandes. Le Maroc tenait ainsi à protester contre la position de l'Allemagne jugée favorable à la lutte du peuple sahraoui pour l'indépendance, d'autant que Berlin est l'initiatrice de l'inscription de la question pour un débat sur le Sahara Occidental. L'Allemagne, en tant qu'acteur majeur de l'Union européenne (UE), encourage une solution pacifique à travers le respect des règles et la mise en œuvre des résolutions de Conseil de sécurité. Dans cet esprit, l'ambassadeur allemand à l'ONU avait également mis en garde contre le décision prise par l'ex-Président Donald Trump, dans le troc honteux de reconnaissance de la prétendue souveraineté de royaume marocain sur les territoires occupés du Sahara Occidental, en échange de la normalisation des relations du royaume alaouite avec l'Etat d'Israël. Visiblement, le Makhzen n'est pas au bout de ses déboires dans son aventure au Sahara Occidental. Depuis la violation du cessez-le-feu conclu entre les deux parties belligérantes sous les auspices de l'ONU, au mois de novembre dernier, l'effet boomerang frappe de plein fouet les autorités marocaines qui ne s'attendaient pas à ce retour de manivelle aussi violent. Pis, l'affaire Guerguerate aura plutôt permis de briser l'omerta de 30 ans sur l'occupation des territoires sahraouis. L'agression marocaine a donc l'avantage de ruiner une fois de plus les illusions du royaume du Maroc, en faisant éclater devant l'opinion publique mondiale la question du droit des Sahraouis à l'autodétermination et à l'indépendance. La célébration du 45e anniversaire a démontré au besoin le soutien renouvelé de nombreux Etats et organisations internationales à la lutte des Sahraouis, lesquels mènent depuis cinq mois une offensive armée contre les garnisons du royaume basées le long du mur de sable. Le projet d'un deuxième mur est un aveu de l'échec de l'expansionnisme marocain, malgré le black-out imposé sur les pertes humaines et matérielles sur le terrain des affrontements. Par ailleurs, certains observateurs ne manquent pas de montrer du doigt les autres sources de friction entre les deux pays. C'est le cas de la Conférence de Berlin sur la Libye, initiée par la chancelière Angela Merkel, qui n'a pas jugé utile de convier à cette rencontre le royaume du Maroc. Rappelons que celle-ci avait, dans une communication téléphonique, transmis l'invitation à Abdelmadjid Tebboune, en sa qualité de Président de pays frontalier et du rôle d'avant-garde de l'Algérie dans la recherche d'une sortie de crise de ce pays frontalier. Nasser Bourita met les pieds dans le plat en exprimant publiquement son mécontentement, arguant des accords de Skhirat. La chancelière allemande, qui n'est pas née de la dernière pluie, sait très bien que le Maroc que séparent des milliers de kilomètres de la Libye, objet « du désir », cache un jeu qu'elle n'ignore pas, à savoir de « rouler » pour un agenda étranger, c'est-à-dire la France, en perte de vitesse dans ce dossier libyen. Visiblement, la diplomatie marocaine sous la conduite de son actuel ministre des Affaires étrangères va de mal en pis. Empêtrée dans les sables du Sahara Occidental, tout porte à croire qu'elle fonce droit dans le mur par son alignement aveugle sur les causes perdues. Brahim Taouchichet