Zelda, comme le prénom de la romancière américaine Zelda Fitzgerald, est le titre du nouveau roman de Meriem Guemache. «Ce prénom est venu comme ça, de nulle part», nous a confié l'auteure de ce livre paru chez Casbah Editions et qui sortira aujourd'hui, dimanche, en librairies. À 39 ans, Zelda, journaliste-reporter pour un magazine touristique sur le web, mène une vie tranquille. Elle aime l'art, la musique classique, le jazz, la soul et le chaâbi. Passionnée par son travail, elle voyage en Algérie et à l'étranger afin de faire découvrir des lieux, des histoires et des monuments aux lecteurs d'Evasion, le journal électronique qui l'emploie. Elle habite rue des Tilleuls, un quartier résidentiel d'Alger, avec son fils Yanis (11 ans) dont elle partage la garde alternée avec son ex-mari. Son couple a volé en éclats quatre ans plus tôt, suite à l'infidélité de son époux. À l'approche de la quarantaine, Zelda sent que le temps lui échappe. L'idée de vieillir seule la hante. En même temps, tous les hommes dont elle fait la connaissance sur les réseaux sociaux ou dans la vraie vie semblent débarquer de la planète Mars. La journaliste rêve de vivre une histoire passionnelle comme celle de Hizia et Sayed, Soliman et Roxelane, Frida Kahlo et Diego Rivera, May Ziadé et Khalil Gibran. Lors d'un voyage à Palerme, en Sicile, pour un reportage, l'amour lui tombe dessus sans préavis. Il s'appelle Lorenzo, a 43 ans et un délicieux accent. L'Italien est électrisé par le charme de Zelda. Le «latin lover» lui sort le grand jeu de la séduction, lui fait visiter Palerme et lui promet de lui rendre visite très vite à Alger après cette parenthèse aux couleurs de la dolce vita. Lorenzo tiendra sa promesse. Il débarque à Alger. Devant la stèle d'Albert Camus à Tipasa, genou à terre, il déclare sa flamme à Zelda, balayant d'un revers de la main tout ce qui peut faire barrière : distance, culture, religion... Trop beau pour être vrai ? Lorenzo reçoit un mystérieux appel téléphonique. Il plie bagage et se précipite à l'aéroport Houari-Boumédiene laissant Zelda en proie à un paquet de questionnements. Pourquoi ce départ soudain ? Sous son attitude rassurante, Lorenzo ne lui cache-t-il pas quelque chose ? La mafia ? Zelda ne sait vraiment pas à quel saint se vouer. Une petite voix résonne dans sa tête : «Tu vas souffrir, tu vas souffrir»... Outre l'Italien Lorenzo, Yanis, le fils de Zelda, et Roméo, son chat persan chinchilla, le lecteur rencontre d'autres personnages aux caractères différents. Yasmine, 37 ans, est la meilleure amie de Zelda. Gynécologue obstétricienne, elle travaille au service gynécologique de l'hôpital Mustapha. Elle a divorcé après avoir découvert l'homosexualité de son mari. Karim est le voisin d'en face. Il est agent immobilier et poursuit Zelda de ses assiduités. Fouad est le directeur du magazine touristique Evasion. Il y a aussi Hakim, l'ex-mari de Zelda, et Farida, sa nouvelle épouse, Aïcha, la mère de Zelda, Lila, sa sœur aînée (elle s'est mariée très jeune, renonçant à ses études d'architecture), ainsi que Maya et Malya, ses nièces, deux jumelles de 18 ans. La première est influenceuse sur les réseaux sociaux ; la seconde, une sorte de militante écologique à la Greta Thunberg. Zelda est un roman qui parle de la femme en particulier et explore les sentiments humains dans une société algérienne où les hommes imposent souvent leurs lois. Quelle place pour la femme ? Quelle liberté lui concède- t-on ? Quelle marge de manœuvre pour exister par soi et imposer ses propres choix ? Telles sont les questions posées dans cette nouvelle œuvre littéraire. Meriem Guemache évoque aussi plusieurs thématiques : la place de la femme divorcée dans la société, les fausses amitiés, les trahisons, l'infidélité, la solitude, l'homosexualité, la peur de vieillir (notamment pour les femmes), l'hypocrisie, le rapport homme-femme dans l'espace public, les dérives d'internet et des réseaux sociaux. L'humour est omniprésent tout au long de l'histoire. Il y a de nombreuses références à la musique (Dire Straits, etc.), au cinéma, aux séries télé, à la littérature, à l'art plastique, la poésie... Il y est notamment question de Marguerite Duras, d'Isabelle Eberhardt, Aurélie Picard (Lalla Tidjania), Dassine, la poétesse targuie... L'autrice nous entraîne sur l'île Sainte-Marguerite (sud de la France) sur les traces de l'Emir Abdelkader et de sa smala. C'est sur cette île de Lérins que six cents Algériens forcés à l'exil trouvèrent la mort entre 1843 et 1848. Elle nous fait aussi découvrir la Sicile (Palerme) à travers son histoire et sa culture. «Cette ville où j'ai passé des vacances d'été il y a deux ans m'a beaucoup inspirée. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de ressemblance avec Alger. Les Siciliens sont très chaleureux. De vrais Méditerranéens avec lesquels j'ai beaucoup échangé. Ils sont nombreux à parler français, surtout ceux qui ont entre 40 ans et plus car ils ont étudié le français comme deuxième langue à l'école», nous a expliqué l'auteure algérienne. Meriem Guemache utilise de nombreuses expressions du parler algérien ainsi que des mots italiens. Une certaine musicalité se dégage de ce roman. Zelda s'inscrit dans la veine de la littérature ‘Feel good' qui fait du bien au moral tout en nous questionnant sur notre société et nos rapports aux autres. L'Illustration de la une de couverture est réalisée par l'artiste-peintre et comédien Arselane Lerari (toile : La belle des champs, 1988). Née à El Biar, sur les hauteurs d'Alger, Meriem Guemache a suivi des études de lettres anglaises à l'Université d'Alger. En 1989, elle intègre la Chaîne III de la Radio algérienne. Elle y produit et anime des émissions culturelles et de divertissement. En parallèle, elle collabore en tant que journaliste dans plusieurs titres de la presse écrite et dans de nombreux magazines. En 2017, elle publie son premier livre destiné aux enfants, Lotfi à La Casbah d'Alger. Il sera suivi en 2018 par Lotfi au palais de Khedaoudj El Amia et de Lotfi au Mausolée Royal de Maurétanie en 2019 (Collection Kounouz Bladi, Casbah Editions). Passionnée de lecture et d'écriture, elle signe en 2018 son premier recueil de nouvelles, La demoiselle du métro. Il a été présenté dans des conférences en Algérie et aussi lors des journées consacrées à la littérature contemporaine à Cannes (Nice). En 2019, Meriem Guemache sort une biographie romancée consacrée à Fadhma Ath Mansour intitulée Un jour tu comprendras. L'autrice a animé une conférence autour de ce livre au Centre culturel algérien de Paris le 4 mars 2020. En 2021, Meriem Guemache récidive avec Zelda, un nouveau roman (Casbah Editions), qui sera présenté au Salon national du livre prévu du 11 au 20 mars 2021 à la Safex d'Alger. Meriem Guemache produit et anime actuellement une émission littéraire sur Alger Chaîne III, «Les Bonnes Feuilles à croquer». Kader B. Roman Zelda de Meriem Guemache. 236 pages. Casbah Editions. 850 DA.