Après la publication de deux contes pour enfants, Lotfi à La Casbah d'Alger, et Lotfi au palais de Khdaoudj El Amia, la journaliste, productrice et auteure, Meriem Guemache, s'attaque à un autre registre d'écriture, celui de la littérature de ville. En effet, à l'occasion du Salon international du livre d'Alger, elle a publié aux éditions Casbah son premier recueil de nouvelles intitulé La demoiselle du métro. Tout au long des 168 pages du livre, la journaliste, animatrice et productrice à la Chaîne 3, Meriem Guemache, livre 13 nouvelles aux sujets ancrés dans la société algérienne. Cette licenciée en langue anglaise manie également la langue de Molière avec beaucoup de finesse, en utilisant des phrases courtes. En témoigne ce recueil de nouvelles au style assez fluide, rehaussé de tournures de phrases et de senteurs bien algériennes. Ainsi, Meriem Guemache, à la plume assez alerte, s'inspire de la société dans laquelle elle vit pour dresser certains profils de personnages qu'elle a connus, observés ou dont elle a entendu parler, le tout saupoudré d' un zest d'humour bien de chez nous. Le lecteur est tout de suite séduit par ces petites histoires au parcours bien singulier. L'imagination et la fiction sont étroitement imbriquées entre elles pour donner, au final, des histoires soutenues, baignant dans une musicalité aux notes plurielles. Dans cet univers musical bien choisi, on retrouve, entre autres, Supertramp, Jacques Prévert, Mahler, Supertramp, Mozart ou encore Django Reinhard. L'auteure étrenne son recueil par la nouvelle Bingo. Malek est un petit garçon de dix ans, qui perd ses parents adoptifs. Ballotté de famille d'accueil en famille d'accueil, il subit les pires humiliations et vexations. Un beau jour, la chance finit par lui sourire, puisqu'il gagne au loto algérien. Devant cette richesse naissante, il mesure l'hypocrisie et le profit de son entourage. La demoiselle du métro renseigne sur la rencontre fortuite du narrateur avec une belle jeune fille dans le métro d'Alger. Les rêves les plus fous sont alors échaffaudés. Dans la nouvelle «Biyouna on air», Meriem Guemache rend un vibrant hommage à la Radio Chaîne 3 à travers son métier d'animatrice qu'elle exerce depuis plus de 25 ans. Elle évoque le passage de l'hilarante comédienne Biyouna dans l'une de ses émissions, «Sucre bleu». Cette fiction, qui colle au caractère extravagant de Biyouna, renseigne sur le retard de cette star au studio. Accompagnée de son caniche de couleur poivre sel, elle réussira à susciter stress et panique chez l'animatrice et l'équipe technique. «Beyouna air» est une fiction qui colle le caractère extravagant. Dans Dans la peau d'un mâle, le lecteur est invité à découvrir la possession des femmes de la ville. En l'espace d'un après-midi, les rôles sont inversés. Les femmes se mettent dans la peau des hommes. Et les hommes dans la peau des femmes. Les femmes investissent les lieux publics sans aucune retenue. Avec un humour décapant et déchirant à la fois, les femmes se mettent à lancer des remarques désobligeantes de drague aux hommes. «Debout sous le porche d'un immeuble, un air de désinvolture accroché à la figure, Lilia et Aïcha tirent sur leurs cigarettes en scannant chaque passant, de pied en cap. «Vise-moi ce morceau ! Quelle belle allure d'Apollon ! Faut pas le laisser filer celui-là. Ne bouge pas ! Je reviens, lâche Lilia» lit-on en page 114. Meriem Guemache raconte des tranches de vie à travers la nouvelle Bâtiment D, troisième étage. Plusieurs profils aux destins différents habitent le même espace. Les personnages sont scannés à la loupe avec leurs qualités et défauts à la fois. L'auteure revient sur des faits historiques à travers la nouvelle intitulée Marx à Alger. Karl Max a débarqué au port d'Alger en février 1882 sous les recommandations de son médecin traitant. En effet, atteint d'une bronchite aiguë, son médecin lui a préconisé de passer l'hiver à Alger. La ville lui ouvre les bras. Au gré de ses errements, il se rend à la rue de la Lyre, à Bab Azzoun, à La Casbah d'Alger, en passant par le jardin botanique d'El Hamma. La nouvelle La villa est un hommage posthume au miniaturiste algérien Mohamed Racim. L'âme plane dans l'ex-maison de l'artiste, où Tarek et sa petite famille sont installés. Le nouveau maître de maison découvre son penchant prononcé pour les arts plastiques. La journaliste et animatrice, Meriem Guemache, imagine sa propre mort à travers la nouvelle Déjà je ne suis pas plus. Avec des mots pathétiques et émouvants, elle rembobine le parcours d'un défunt jusqu'à sa dernière demeure en ne manquant pas de revenir sur l'hypocrisie de certaines personnes et l'utilisation à outrance des téléphones portables. Le recueil de nouvelles La demoiselle du métro, de Meriem Guemache, est à lire absolument, tant les histoires contées nous ressemblent et nous réconcilient avec nous-mêmes.