Foncier industriel non assaini, mauvais signaux que renvoie l'instabilité institutionnelle, exportation hors hydrocarbures, la bureaucratie et les lourdeurs administratives, système bancaire dépassé sont, entre autres, les thématiques sur lesquelles a été interrogé, hier, Mohamed Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), qui a rendu le rapport annuel sur la sphère économique. Ahmed Kessi- Alger (Le Soir) - Injecter des milliards aux entreprises publiques défaillantes à maintes reprises, pour qu'elles échouent une nouvelle fois n'est pas adéquat. « Eponger le déficit des entreprises publiques défaillantes durant 20 ans, en puisant du Trésor public, n'est pas une solution », a indiqué Mohamed Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), qui a animé une séance-débat à l'occasion du rapport annuel de la confédération. «Il faut trouver la solution idoine pour chacune d'entre elles, entre autres le partenariat avec le privé. Il faut assister les comités de participation de ces entreprises pour trouver les solutions appropriées. Dans tous les cas de figure, il faut éviter le statu quo », a-t-il précisé en notant au passage que la question de ces entreprises est directement liée au marché informel. D'ailleurs, « comment voulez-vous qu'une entreprise publique ne connaisse pas des difficultés dans un environnement économique dominé par l'informel à 50% ? » s'interroge-t-il. Il a estimé, par ailleurs, qu'apporter des solutions aux entreprises en difficulté est « une urgence vitale, voire une priorité de l'heure, étant donné qu'elles peuvent être génératrices de richesses et de devises. Sans toutefois négliger le volet des PME/PMI et l'économie numérique ». Interrogé la relance du dossier de l'importation de véhicules, qui est actuellement entouré de zones d'ombre, l'orateur a eu en guise d'éléments de réponse une série de questions, dont essentiellement : étant dans le besoin de construire des véhicules, a-t-on les capacités de le faire ? Et d'affirmer : « Pour certains pays, construire et exporter des véhicules relève d'une vision de 20, voire 30 ans .» La question de l'heure, à ses yeux, est « la protection et la sauvegarde de l'économie nationale ». Comment récupérer le foncier agricole qui est resté des années inexploité ? Saluant la décision prise par le gouvernement dans ce sens, le responsable de la CAPC s'est montré modéré et pragmatique. « La pandémie de Covid-19 a ouvert une parenthèse qui laisse perplexe le législateur par la crise induite. Ecouter, essayer de comprendre cas par cas le pourquoi du blocage nécessite un temps avant l'assainissement de la situation .» Comment s'y prendre face aux objectifs escomptés (autosuffisance alimentaire, booster les exportations hors hydrocarbures,...), l'obligation de résultat et la réalité du terrain qui fait perdre le nord au plus déterminant des opérateurs ; bureaucratie ambiante, blocages et lourdeurs administratifs, système bancaire dépassé, etc. L'orateur a estimé que « la bonne volonté pour introduire des changements y est, certes, mais n'est pas suffisante. Il faut avoir une vision prioritaire pour l'exportation et une méthode planifiée et assainie de toutes embûches ». Le fait que le constat ait été fait depuis de nombreuses années et que le rapport qu'il présente n'apporte rien de nouveau, « que doit-on faire ? Se taire, attendre ? On fait des propositions et on essaie d'apporter des solutions aux différentes problématiques qui entravent la relance de l'économie nationale », a-t-il rétorqué. Et d'enchaîner : « C'est la première fois, depuis l'indépendance, que le Président fait une réunion de travail avec la confédération. Symboliquement, cela prend tout son sens et traduit une volonté réelle, une vision économique claire. D'ailleurs, même certains responsables affichent les mêmes prédispositions au changement. Abordant l'actuelle loi portant sur l'investissement qui, tranche-t-il, est « à renouveler », il estime que cela « recommande une stabilité et nécessite une vision à court, moyen et long terme ». Invité à donner son avis sur les mauvais signaux envoyés par l'instabilité des institutions (à l'exportation, c'était un ministre délégué aujourd'hui c'est réduit à une direction au commerce extérieur. De même pour la prospective), Sami Agli a répliqué en disant : « Ecoutez, on fait de notre mieux et on s'adapte. Il faut plutôt poser la question aux politiques. Ils sont à même habilités à répondre à la question .» La CAPC a plaidé, dans le rapport rendu public hier, le long de la séance que son président a eue avec les représentants de la presse nationale, en faveur d'un nouveau modèle économique, à travers soixante-deux propositions, fruit d'un travail de plusieurs mois avec les chefs d'entreprises. Sami Agli a qualifié le plan en question de « plan de la dernière chance ». Si ce plan échoue, dira-t-il, « plusieurs années seront compromises et ça sera le retour à la case départ ». A. K.