La colère ne cesse d'enfler chez les élus locaux et les sinistrés touchés par le séisme du 18 mars dernier, face à ce qui est qualifié de « laxisme » des autorités concernées dans l'organisation des secours. Cinq jours après le puissant tremblement de terre qui a frappé Béjaïa, jeudi passé, à 1h04, provoquant d'énormes dégâts matériels, les familles sinistrées se sentent totalement abandonnées par les autorités à leur tête le wali et le P/APC de Béjaïa, « incapables de gérer les conséquences du séisme » . Les sinistrés habitant le vieux bâti dans la haute ville ont crié une nouvelle fois leur colère ce lundi en procédant à la fermeture de la route. « Une délégation de cinq ministres s'est déplacée à Béjaïa mais depuis le jour de leur visite aucune action n'a été organisée pour le relogement des familles dont les habitations sont durement affectées », se plaignent les protestataires. La majorité des élus à l'APC de Béjaïa ont également tenu un rassemblement dans la matinée de ce lundi devant le siège de la Wilaya pour demander à la première autorité de l'administration locale des mesures urgentes. « Nous avons déjà réclamé une première fois une session extraordinaire pour débattre de la situation qui prévalait dans notre commune suite à la crise sanitaire mais sans suite. Après la terrible secousse qui a ébranlé la région, nous avons une nouvelle fois demandé la convocation d'une assemblée générale des élus de la commune pour envisager les secours des sinistrés mais le maire et son exécutif sont restés sourds à notre appel. Notre APC dispose des moyens financiers appropriés pour faire face à la situation », a déclaré Boualem Chouali, l'un des élus contestataires. Dans leur déclaration signée par 19 élus sur les 31 que compte l'APC de Béjaïa FFS (6), Ensemble pour Béjaïa (7), RCD (3), Debout Béjaïa (3), ils ont tiré à boulets rouges sur le P/APC et le wali devant « la lenteur des secours à une population sinistrée livrée désormais à elle-même », fait-on constater. « Au lieu d'appeler en urgence à la tenue d'une assemblée populaire communale extraordinaire dans l'heure qui a suivi le séisme, le président de l'APC par intérim s'est contenté, dans la journée du jeudi, d'une sortie ''selfie'', obligeant les élus à des actions isolées, discréditant toute l'assemblée auprès de notre population » notent les élus signataires de la déclaration tout en reprochant au P/APC par intérim l'absence d'initiatives sérieuses dans la prise en charge des sinistrés. « Au lieu de rassurer nos concitoyens par des mesures d'urgence, le président de l'APC par intérim, toute honte bue, n'a pas trouvé mieux que la loge des agents de sécurité du siège de la commune pour une aussi sérieuse et importante opération portant recensement des sinistrés », regrettent les mêmes élus dans leur document. Le chef de l'exécutif a été aussi sévèrement vilipendé par la majorité des élus . « Le wali a brillé par son absence la nuit du séisme, il n'a pas été rassurant en réitérant les promesses déjà faites par les services techniques (CTC), au moment où nos chers concitoyens attendent des mesures d'urgence notamment le relogement immédiat des familles sinistrées », a-t-on dénoncé. « Alors que cette catastrophe a démontré toute la défaillance de l'Etat en matière de politique de logement social à Béjaïa qui n'a bénéficié d'aucune distribution depuis deux décennies, de l'arrêt des différents dispositifs de réalisation de logements et de l'existence de logements en état d'abandon. Comme une montagne qui accouche d'une souris, la forte délégation ministérielle dépêchée n'a pas été à la hauteur des attentes et des espérances des citoyens traumatisés par ce sinistre », poursuit la majorité des élus à l'APC de Béjaïa dans sa déclaration demandant au même wali « en urgence, avant qu'il ne soit trop tard, avant d'avoir sur notre conscience des victimes du plateau Amimoun, de Bab Elouz, de Tamindjout et des autres quartiers sinistrés, de libérer les logements inoccupés pour procéder à leur relogement ». Il s'agit, selon les élus de la majorité à l'APC de Béjaïa des logements RHP abandonnés de la cité Oued-Romane, des logements inoccupés de la cité Zedma, de la cité 200 logements Ihaddaden, de Sidi Ali Lebher et de la cité Edimco et aussi de procéder à la distribution de logements des pôles d'Ighzer-Ouzarif et de Sidi-Boudrahem. Les mêmes élus ont appelé le secrétaire général, les divisionnaires techniques et administratifs, les directeurs exécutifs à la tenue d'une assemblée populaire communale extraordinaire le mardi 23 mars 2021 à 10h au siège, rue Si-el-Houes pour examiner « les mesures d'urgence de relogement des familles sinistrées devant l'irresponsabilité, la léthargie, le laxisme et le mutisme avérés du président par intérim ». A. Kersani Pour cause de dégâts occasionnés par le séisme La reprise des cours reportée d'une semaine dans 22 écoles La reprise des cours prévue initialement pour le dimanche dernier après une semaine de vacances, a été reportée au 28 mars prochain dans 22 établissements scolaires des trois paliers durement touchés par le violent séisme de jeudi passé. Selon le directeur de l'éducation de Béjaïa, la décision est motivée par le diagnostic établi par les services du CTC. D'après le même responsable, les entreprises chargées des travaux de réfection entamés dimanche ont été instruites pour la livraison des établissements scolaires affectés avant la date de reprise programmée pour le dimanche prochain. Il convient de signaler que sur les 22 infrastructures scolaires affectées, neuf établissements se trouvent à l'intérieur de la wilaya de Béjaïa dans les municipalités de Kendira, Toudja, Boukhelifa, Fenaï, Aokas, Timezrit, Tala Hamza et Ferraoun. A. K. Création d'une annexe du Craag En déplacement à Béjaïa, dimanche, accompagné de son staff technique, pour répondre aux inquiétudes de la population fortement traumatisée par le violent séisme de jeudi passé, le directeur général du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (Craag), Abdelkarim Yellès Chaouche a annoncé la création prochaine d'une annexe du Craag. Cette décision intervient suite à la proposition du wali de Béjaïa qui s'est engagé à mettre tous les moyens nécessaires pour l'installation et le fonctionnement de ladite annexe dans la wilaya en étroite collaboration avec l'université de Béjaïa. A. K.