Le mécontentement dans le secteur de la santé ne fait qu'augmenter. Le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) interpelle le président de la République sur ce qu'il qualifie de dérive du système de santé. Le syndicat tire la sonnette d'alarme considérant que la « survie » du système de santé était désormais en jeu. Après avoir mis en sourdine ses revendications pour cause de situation sanitaire, le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) revient à la charge en appelant à l'intervention « urgente » du président de la République pour la mise en place de mesures devant permettre de sauver le système de santé. Dans un communiqué rendu public hier, le syndicat autonome en appelle à des « mesures urgentes et salvatrices, car le système de santé et particulièrement public est menacé de s'effondrer et la reconstruction de ce qui risque de s'effondrer sera des plus problématiques ». Le SNPSSP dit avoir longtemps décrit un secteur « vidé de ses forces vives, déserté par les compétences, incapable de fournir les soins de qualité que le citoyen est en droit d'attendre à travers le territoire national, et en proie à une profonde crise de confiance de la population envers le système de santé d'une part, et des professionnels de santé envers leur employeur, d'autre part ». Une évolution due en partie à la crise sanitaire mais également à des actions qui n'ont pu être mises en place et qui ont fini par « plonger le pays dans une gigantesque zone d'ombre sanitaire » où « les praticiens spécialistes de la santé publique se sont retrouvés marginalisés dans leur propre secteur » en l'absence de stratégie de revalorisation de la ressource humaine au niveau du ministère de tutelle, « qui se limite, pour toute stratégie en la matière, à affecter les promotions successives de spécialistes dans le cadre éphémère et inefficace du service civil sans rien faire pour les motiver à rester à son issue, voire même par certaines dispositions vexatoires, les encourage activement à le déserter ». Le SNPSSP rappelle qu'il avait longtemps milité pour la mise en place d'un véritable plan de carrière pour les spécialistes mais que « ces revendications ignorées année après année ont semé la désespérance dans la corporation et c'est pour cela que nous assistons depuis plusieurs années à une véritable hémorragie de compétences vers le secteur privé et l'étranger et ce, dans l'indifférence générale des responsables». Le syndicat rappelle que de nombreuses questions avaient déjà été traitées par les instances concernées et leurs dossiers ficelés, mais restent en souffrance depuis plusieurs années, suspendues à un feu vert du Premier ministère pour leur règlement. Il s'agit, notamment, de la généralisation de la prime dite du service civil à l'ensemble des praticiens spécialistes exerçant dans le Sud et Grand Sud, les Hauts-Plateaux et les zones enclavées ainsi que la mise en œuvre des autres mesures incitatives annoncées par le gouvernement en 2019, la mise en conformité de la prime d'intéressement avec les différents grades du statut ainsi que la question de la discrimination en matière d'imposition. Pourtant, le SNPSSP avait pris acte avec « satisfaction » des annonces faites par le gouvernement en 2019 et plus récemment celles faites par le président de la République en faveur des professionnels de la santé et des praticiens spécialistes de la santé publique en particulier avec la décision d'abroger le service civil et de le remplacer par un dispositif incitatif. Pour le syndicat, « la principale mesure incitative réside dans la réparation des anomalies et des dispositions iniques contenues dans le statut particulier de novembre 2009, et dont la proposition d'amendement est en souffrance auprès de la Direction générale de la Fonction publique depuis 10 ans. La mise en place de toutes ces mesures incitatives est une revendication du syndicat depuis 18 ans, mais nous sommes toujours en attente de leur concrétisation ». Plus récemment, la suspension de l'octroi de la prime Covid-19 a suscité « incompréhension et attentes chez les professionnels de la santé qui se sentent injustement abandonnés au milieu du gué, alors même qu'ils vivent encore des situations critiques ». N. I.