Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la san6té publique (SNPSSP) a appelé à l'intervention urgente du président de la République, Abdelmadjid Teboune, pour sauver le secteur de la santé publique d'un éventuel effondrement. Et ce, en raison de la situation alarmante dans laquelle se trouve le secteur. Dans un communiqué rendu public, hier, le syndicat des praticiens spécialistes a tiré la sonnette d'alarme sur «la lente dérive du système public de santé» qui, selon le syndicat, «est vidé de ses forces vives, déserté par les compétences, incapable de fournir les soins de qualité que le citoyen est en droit d'attendre à travers le territoire national, et en proie à une profonde crise de confiance de la population envers le système de santé, d'une part, et des professionnels de la santé envers leur employeur, d'autre part». Cette situation s'est considérablement aggravée en raison de la crise sanitaire en cours «qui a reporté sine die les éventuelles actions de redressement projetées suite à la nouvelle loi relative à la santé, dont les textes d'application n'ont toujours pas vu le jour plus de deux ans après sa promulgation», déplorent les rédacteurs du communiqué. «Plongeant ainsi, selon leurs propos, la totalité du pays dans une gigantesque zone d'ombre sanitaire». Le syndicat a déploré le fait que les praticiens spécialistes de la santé publique soient marginalisés dans leur propre secteur. En rejetant «l'entière responsabilité sur l'absence de tout projet structuré de revalorisation de la ressource humaine au niveau de notre ministère de tutelle, qui se limite pour toute stratégie en la matière à affecter les promotions successives de spécialistes dans le cadre éphémère et inefficace du service civil sans rien faire pour les motiver à rester à son issue, voire même par certaines dispositions vexatoires, les encourage activement à le déserter». Pourtant, affirment les rédacteurs du communiqué, le SNPSSP n'a cessé d'alerter les différents responsables à travers tous les niveaux, et ce, depuis plusieurs années. En précisant que les revendications du SNPSSP n'avaient pour but que de mettre en place un cadre professionnel et un profil de carrière motivants pour cette catégorie de professionnels. Et par là, permettre de bâtir un système public de santé fort au bénéfice de toute la population. Mais, déplorent-ils encore, «ces revendications, ignorées année après année, ont semé la désespérance dans la corporation et c'est pour cela que nous assistons depuis plusieurs années à une véritable hémorragie de compétences vers le secteur privé et l'étranger et ce, dans l'indifférence générale des responsables». Le SNPSSP a affirmé que «de nombreuses questions ont déjà été traitées par les instances concernées (fonction publique, finances) et leurs dossiers ficelés, mais restent en souffrance depuis plusieurs années, suspendues à un feu vert du Premier ministère pour leur règlement». Et de citer les principales revendications à débloquer en urgence. Entre autres, la généralisation de la prime dite de service civil à l'ensemble des praticiens spécialistes exerçant dans le Sud et Grand Sud, les Hauts-Plateaux et les zones enclavées ainsi que la mise en œuvre des autres mesures incitatives annoncées par le gouvernement en 2019. La mise en conformité de la prime d'intéressement avec les différents grades du statut. Et de mettre fin à la discrimination en matière d'imposition. En précisant encore que «le SNPSSP avait pris acte avec satisfaction des annonces faites par le gouvernement en 2019 et plus récemment les annonces faites par le président de la République en avril 2020 en faveur des professionnels de la santé et des praticiens spécialistes de la santé publique, en particulier avec la décision d'abroger le service civil et de le remplacer par un dispositif incitatif». Pour le syndicat, la principale mesure incitative réside dans la réparation des anomalies et des dispositions iniques contenues dans le statut particulier de novembre 2009, et dont la proposition d'amendement est en souffrance auprès de la Direction générale de la fonction publique depuis 10 ans. «La mise en place de toutes ces mesures incitatives est une revendication du syndicat depuis 18 ans, mais nous sommes toujours en attente de leur concrétisation», soutient le syndicat. La «prime Covid» suscite des interrogations ! Par ailleurs, précise le syndicat, la prime dite «prime Covid» a fait partie de ces mesures d'encouragement à caractère temporaire, décrétées par le président de la République. Et ce, comme reconnaissance minimale pour ces personnels engagés à leur corps défendant dans la lutte contre la pandémie. Néanmoins, souligne-t-on, sa suspension alors même que la pandémie est toujours en cours suscite incompréhension et attentes chez les professionnels de la santé qui se sentent injustement abandonnés au milieu du gué, alors même qu'ils vivent encore des situations critiques. Au regard de la situation, le SNPSSP a ainsi sollicité le président de la République pour mettre un terme à ce statu quo mortifère. Et ce, en attendant les mesures structurelles de nature à améliorer la gouvernance générale du secteur de la santé dans le cadre d'une véritable politique de santé. Il s'agit réellement de mesures urgentes et salvatrices «car le système de santé, particulièrement publique, menace de s'effondrer et la reconstruction de ce qui risque de s'effondrer sera des plus problématiques».