La justice continue à communiquer au sujet de l'affaire de la vidéo montrant un mineur de quinze ans entouré de personnes l'incitant à évoquer des actes immoraux subis durant son interpellation samedi dernier. Jeudi, le procureur de la République de la cour d'Alger est de nouveau intervenu et accusé nommément le mouvement terroriste Rachad d'être à l'origine d'une manipulation. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - C'est la seconde conférence de presse que le représentant du ministère public organise ainsi en l'espace de deux jours seulement. Le dossier sensible a conduit, comme on le sait, à l'ouverture d'une enquête judiciaire dont les premiers éléments ont été fournis mardi en fin de journée. Vers 19 h, le procureur général s'est exprimé face à des médias informant que le mineur avait été conduit auprès de deux médecins légistes de l'hôpital Mustapha. Le premier médecin avait rédigé un rapport établissant que l'adolescent ne montrait aucune trace d'actes immoraux mais qu'il avait refusé de se soumettre à un examen approfondi (par le second médecin). Il déclare également que « les éléments des services de sécurité ignoraient qu'il s'agissait d'un mineur au moment de son interpellation », et que ce dernier, habitant à Blida, « avait été conduit à Alger par un groupe de personnes dont une partie avait déjà été arrêtée ». Parmi ces personnes, des activistes bien connus du Hirak qui étaient apparus sur la vidéo entourant le mineur à sa sortie d'un commissariat d'Alger (dans la nuit) et l'incitant à raconter ce qui lui était arrivé. Le procureur général promet de dévoiler, dans les jours à venir, les nouveaux éléments d'enquête. Il l'a fait ce jeudi donc accusant cette fois directement le mouvement islamiste Rachad d'avoir monté toute cette affaire. « Les investigations, dit-il, ont dévoilé des faits dangereux, car parmi des éléments du groupe qui entouraient le mineur, se trouvent des personnes et des entités porteurs de projets soutenus par des parties étrangères ainsi que le mouvement Rachad qui agit pour la planification et le financement ». La même source met l'accent sur l'existence de « preuves établissant que l'un des activistes arrêtés, dénommé Riahi, était en contact avec des membres d'une organisation constituée de Marocains qui se disent victimes d'expulsions arbitraires d'Algérie », «c'est son voisin dans la région d'Aïn-Témouchent », ajoute-t-il. Le procureur général fait également état de « financements suspects entre les membres du groupe qui entouraient le mineur » et que ces derniers entretenaient « des contacts avec des parties connues pour leurs activités destructrices ». Il cite les noms Benhalima Mohamed Azouz, Rebiaa Sofiane, Boukhors Amir (dit Amir DZ) et Ahmed Ismaïl. « Nous avons les preuves que ces personnes ont planifié ces faits, des dossiers criminels ont été constitués à leur encontre, le groupe est poursuivi pour complot, incitation des citoyens à se rebeller contre l'autorité de l'Etat, atteinte à l'unité nationale et réception de financements de l'intérieur et de l'extérieur du pays en vue de commettre des actes pouvant porter atteinte à la sûreté de l'Etat, à la stabilité de ses institutions et leur bon fonctionnement, à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale .» Quelques heures avant la tenue de cette conférence de presse, quatre activistes arrêtés dans le cadre de l'enquête qui se mène dans l'affaire du mineur, ont comparu devant le tribunal de Sidi-M'hamed où ils ont été placés sous mandat de dépôt. Parmi eux, Mohamed Tadjaadit, activiste plusieurs fois détenus, et Malik Riahi (son nom a été cité par le procureur), tous deux ont été arrêtés dans un appartement à Aïn Benian quelques heures après la diffusion de la fameuse vidéo. Jeudi, les avocats des mis en cause ont dénoncé le fait que leurs clients aient été présentés devant la justice à 8h30 du matin, et donc sans défense, alors que les procédures de ce genre s'effectuent habituellement en milieu de matinée. A. C.