Une opération menée par la police judiciaire relevant du secteur de Bab-el-Oued a fait l'évènement hier. Un communiqué de la DGSN fait état de l'arrestation d'un groupe de personnes activant dans une association culturelle financée par une représentation diplomatique étrangère en Algérie. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce dernier point semble constituer d'ailleurs l'un des éléments principaux de l'enquête autour de cette organisation, non agréée, précise le même communiqué. Le pays n'est pas cité dans le texte, qui indique en revanche qu'il s'agit d'un grand Etat possédant une représentation diplomatique en Algérie. Les éléments fournis dans le texte publié par la DGSN tiennent aussi à préciser que l'enquête diligentée suite à un ordre du procureur de la République a donné lieu à des investigations au sein d'une institution économique (dont le nom n'est pas cité là aussi), ce qui a permis d'identifier la partie étrangère à l'origine du financement de cette association. L'enquête s'est soldée par l'arrestation de 8 personnes, dont l'âge varie entre 26 et 60 ans qui, précise encore le communiqué, ont reconnu être financées par cette représentation diplomatique. La DGSN ajoute que ce financement a permis à cette association culturelle de se doter « d'un matériel et d'équipements technologiques modernes, utilisé dans la production de films et documents provocants ainsi que des prospectus et pancartes comportant des messages subversifs, brandies durant les marches populaires connues sous le nom du Hirak ». La même source indique enfin que l'opération menée a permis la récupération de « 677 banderoles imprimées, 7 unités centrales d'ordinateurs, une caméra ultramoderne, 3 scanners et douze imprimantes ». L'on comprend par là que les « films et documentaires provocants » évoqués par le texte de la Direction générale de la sûreté nationale ont été filmés grâce au matériel filmé par l'ambassade mise en cause, sans être nommée. L'indication semble cependant avoir un lien direct avec des documentaires sur le Hirak diffusés durant les mois précédents par plusieurs chaînes françaises. En mai 2020, Alger avait même rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations après la diffusion d'un documentaire (France 5 et la chaîne parlementaire LCP), jugé provocateur. Le ministère des Affaires étrangères avait publié un communiqué condamnant « cet activisme où l'inimitié le dispute à la rancœur, qui dévoile les intentions malveillantes et durables de certains milieux ne souhaitent pas l'avènement de relations apaisées entre l'Algérie et la France, après 58 ans d'indépendance et ce, dans le respect mutuel et l'équilibre des intérêts qui ne sauraient faire l'objet de concession ou de marchandage ». Si l'association culturelle concernée par l'opération menée hier n'a pas été citée dans le communiqué de la DGSN, l'affaire semble elle être directement liée à celle de Nacer Maghnine, président de SOS Bab-el-Oued arrêté lors de la marche de vendredi dernier. Lundi au soir, une perquisition menée par la police au siège de l'association s'est effectuée en sa présence. Son arrestation a été largement dénoncée. Nacer Maghnine a été présenté hier devant le procureur du tribunal de Baïnem où comparaissaient également plusieurs activistes du Hirak interpellés ce vendredi. Toute cette affaire intervient enfin près d'une dizaine de jours après une réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS), sanctionnée par un communiqué évoquant « des menaces qui se développent en se greffant dans le mouvement pacifique et à l'égard desquelles l'Etat sera intransigeant face à ces dérapages qui sortent du cadre de la démocratie et des droits de l'Homme ». « Des instructions pour une application immédiate et rigoureuse de la loi, destinée à mettre un terme à ces activités non innocentes et ces dépassements sans précédent, notamment à l'égard des institutions et symboles de l'Etat, et qui tentent d'entraver le processus démocratique et de développement en Algérie », annonçait le HCS. A. C.