La France souhaite mettre un terme d�finitif � la p�riode de tension qui caract�rise, depuis deux ann�es, ses relations avec l�Alg�rie. C�est le message essentiel qu�a souhait� faire passer, hier, l�ambassadeur fran�ais � Alger � l�occasion d�une rencontre avec la presse. La participation de Bouteflika au sommet de Nice, la rencontre Ouyahia- Gu�an, le non-lieu dans l�affaire Hasseni et la nomination de Jean-Pierre Raffarin sont, selon Xavier Driencourt, autant �d��l�ments positifs� qui plaident pour une redynamisation des relations entre les deux pays. N�anmoins, il reste encore de nombreux dossiers sensibles en suspens. En choisissant de passer par le canal des m�dias, l�ambassadeur de France � Alger semble vouloir prendre � t�moin les opinions publiques des deux pays. Pour Xavier Driencourt, il est aujourd�hui temps d�en finir avec la p�riode de �crispation� entre Paris et Alger. Ainsi, le premier semestre 2010 aurait �t� marqu� par quatre ��l�ments positifs�. �Il est temps d�insuffler un nouveau rythme, un nouveau cours aux relations alg�ro-fran�aises. Nous devons sortir de cette p�riode de crispation. L��change entre Ahmed Ouyahia, le Premier ministre alg�rien, et Claude Gu�an, le secr�taire g�n�ral de l�Elys�e, la participation du pr�sident Abdelaziz Bouteflika au Sommet de Nice ont �t� les premi�res �tapes. Elles ont �t� suivies du non-lieu dont a b�n�fici� Mohamed-Ziane Hasseni et de la d�signation r�cente de Jean-Pierre Raffarin. Ce sont autant d��l�ments positifs qu�il faut exploiter. Nous devons donc aller de l�avant apr�s cette p�riode difficile�, a soulign�, hier, l�ambassadeur de France � Alger � l�occasion d�une rencontre avec les repr�sentants de six journaux. Raffarin en facilitateur Le diplomate est longuement revenu sur la mission dont a �t� r�cemment charg� l�ancien Premier ministre fran�ais, Jean-Pierre Raffarin. �Il faut �tre tr�s pr�cis, j�ai lu dans la presse que M. Raffarin a �t� nomm� �Monsieur Alg�rie� et qu�il aurait beaucoup de sujets � traiter : question de visas, �migration, questions relatives � la m�moire, etc. Ce n�est pas la r�alit�. La r�alit�, c�est que lors de la r�union entre le secr�taire g�n�ral de l�Elys�e et le Premier ministre alg�rien, M. Gu�an a eu l�id�e de proposer de nommer deux personnalit�s, une alg�rienne et une fran�aise, afin de coordonner les diff�rents projets �conomiques de part et d�autre. On s�aper�oit que les entreprises fran�aises sont ici depuis longtemps et qu�en termes d�interlocuteurs il y a plusieurs minist�res. Elles ont tendance � avancer en ordre dispers�, et l�id�e �tait de nommer quelqu�un pour essayer de coordonner et de f�d�rer les diff�rents projets fran�ais. Donc, c�est une mission � caract�re �conomique. La lettre de mission de M. Raffarin, sign�e par le pr�sident Sarkozy, est pr�cise. Elle consiste � ordonner la coop�ration �conomique franco-alg�rienne ainsi que le d�veloppement des investissements fran�ais en Alg�rie et alg�riens en France. Il a le r�le de facilitateur�, a pr�cis� l�ambassadeur. Une mission, donc, plus ax�e vers l��conomie que la politique. Sauf que Xavier Driencourt reconna�t que les relations �conomiques entre les deux pays sont fortement marqu�es par le contexte politique. �La relation entre la France et l�Alg�rie est un contexte tr�s politique. Quand le contexte va mieux, l��conomie va mieux.� Raffarin devrait entreprendre sa premi�re visite � Alger, en qualit� de �facilitateur�, au cours des prochains mois. Anne-Marie Idrac, secr�taire d'�tat fran�aise charg�e du commerce ext�rieur, est attendue dimanche prochain pour d�blayer le terrain. Investissements fran�ais et LFC 2010 Xavier Driencourt n�h�site pas � �voquer l�existence de �difficult�s et de blocages� qui tendent � freiner les activit�s des entreprises fran�aises en Alg�rie. �Il y a un nombre de projets fran�ais en Alg�rie qui datent d�j� d�un certain temps et s�ils ne se sont pas r�alis�s, c�est qu�il y a des difficult�s. Des obstacles qui peuvent �tre de natures diff�rentes. Les chefs d�entreprise n�ont pas toujours acc�s aux ministres alg�riens et vous connaissez les proc�dures du c�t� alg�rien avec la commission nationale des investissements �. Le diplomate laisse �galement entendre que les mesures introduites dans les deux lois de finances compl�mentaires 2009 et 2010 laissent peu de champ d�action aux entreprises �trang�res. �J�ai lu les articles qui se rapportent � la loi de finances compl�mentaire 2010. Je dois dire que cette LFC est compliqu�e. J�ai constat� qu�il y a un certain nombre d�am�nagements sur le cr�dit documentaire. En fait, tout ceci se situe dans le prolongement de la LFC 2009. Il n�y a pas de bouleversement complet. Les entreprises, qu�elles soient fran�aises, allemandes, am�ricaines canadiennes ou autres, pr�f�reraient, je suppose, travailler dans un cadre juridique enti�rement lib�ral. Pour ce qui est des entreprises fran�aises, elles sont conscientes qu�elles travaillent dans ce cadre et qu�il faut s�y adapter (�) Les entreprises fran�aises sont l� sur le long terme sinon elles seraient d�courag�es depuis longtemps. Le march� alg�rien est un march� important et les entreprises fran�aises s�inscrivent en Alg�rie dans le long terme quelles que soient les �tapes�, dira-til. Pour ce qui est de l�obligation d�investissement en partenariat avec un op�rateur alg�rien pour toute entreprise �trang�re ayant obtenu un march�, l�ambassadeur a estim� que cette mesure devrait �tre difficilement applicable. La cause ? Le manque de partenaires alg�riens. �Cette disposition g�n�rale devrait concerner tous les secteurs d�activit�. J�ai eu l�occasion d�en discuter avec le ministre de l�Energie. C�est une disposition qui, pour �tre mise en �uvre, n�cessite la pr�sence de partenaires alg�riens. C�est l� la principale source de gage. Mais ce n�est pas �vident. Il n�y a pas une multiplicit� d�entreprises alg�riennes pr�tes � investir. Le tissu industriel n�est pas tr�s d�velopp� en Alg�rie�. Probl�matique ran�on L�ambassadeur de France s�est montr� quelque peu embarrass� en �voquant la lib�ration de Pierre Camatte, l�otage fran�ais au Mali, par les terroristes d�Al Qa�da Maghreb. �La France n�a pas pay� de ran�on�, a r�p�t� � plusieurs reprises le diplomate. Comment expliquer la lib�ration de Camatte? �C�est le Mali qui a d�cid酻, dira vaguement Xavier Driencourt. Il reconna�tra les pr�occupations du gouvernement alg�rien � propos du ph�nom�ne dangereux que repr�sente le paiement de ran�ons aux groupes terroristes. �L�Alg�rie est pr�occup�e par les ran�ons. Elle a d�pos� � l�ONU un projet visant � criminaliser ces actes�. A ce titre, le repr�sentant de la France a soulev� quelques r�serves sur cette initiative et, surtout, sur son application. �C�est une initiative politique de la part de l�Alg�rie. Mais ce n�est parce qu�on vote un texte qu�il est syst�matiquement appliqu�. Ce n�est qu�une r�solution de l�ONU. Mais c�est une initiative politique int�ressante � suivre. L�Alg�rie a choisi un certain nombre de pays avec qui elle souhaite travailler, notamment la Grande-Bretagne. Nous sommes pour le principe mais nous ne sommes pas d�accord sur toutes les modalit�s.� Il reviendra bri�vement sur la r�cente op�ration franco-mauritanienne dont l�objectif �tait de lib�rer un second otage, Michel Germaneau. �Cette op�ration mauritanienne aid�e par la France a �t� pr�sent�e par la presse comme un �chec. C�est un �chec dans la mesure o� M. Germaneau a �t� ex�cut�, mais cette op�ration militaire a d�montr� que la France est tr�s pr�occup�e par la prolif�ration de zones de non-droit dans la r�gion du Sahel. D�un autre c�t�, nous reconnaissons les efforts que fait l�Alg�rie dans la lutte contre le terrorisme, notamment dans cette r�gion. Nous connaissons parfaitement le r�le actif et le leadership que doit avoir l�Alg�rie. Le pr�sident Sarkozy a pris note des efforts et des initiatives visant � regrouper les Etats de la r�gion. Nous sommes conscients qu�il faut conjuguer les efforts pour parvenir � une meilleure situation dans cette zone.� Gare � l�escalade Dans le registre des sujets qui f�chent, l�ambassadeur a fait part de ses craintes quant aux effets que provoquerait l�adoption de la proposition de loi visant � criminaliser les faits commis durant la colonisation de l�Alg�rie. �Nous ne sommes pas franchement pour cette proposition de loi criminalisant la colonisation fran�aise. Nous suivons la proc�dure l�gislative alg�rienne. Pour l�instant, d�apr�s ce que je comprends, ce projet est bloqu�. C�est une proc�dure alg�rienne et nous respectons le Parlement alg�rien qui est libre de voter ou de ne pas voter ce texte. Il est vrai que si ce texte venait � �tre vot�, cela ne faciliterait pas les choses dans les relations bilat�rales. Comme vous le savez, il y a un certain nombre de personnes en France qui sont tr�s attentives � cela. Souvenez-vous quand le Parlement fran�ais avait adopt� la loi du 23 f�vrier. Il y a eu un certain nombre de cons�quences en cha�ne. Il est donc vraisemblable qu�une loi de ce type aurait des cons�quences en cha�ne. Des r�actions individuelles ou de groupes divers qui sont actifs dans le sud de la France. Ce n�est pas le meilleur moyen de mettre de l�huile dans les rouages.� No comment Au cours de cette rencontre avec la presse, l�ambassadeur de France a �vit� d�aborder certains sujets. Le plus souvent pour ne pas commenter des affaires actuellement pendantes devant la justice. C�est le cas notamment des sanctions inflig�es par la Banque d�Alg�rie � certaines banques fran�aises, de l�affaire des moines de Tibhirine et m�me du cas du chanteur Cheb Mami (Xavier Driencourt avouera ne rien savoir sur ce sujet). Par contre, il mettra en avant le principe d�obligation de r�serve pour �viter de commenter les propos tenus par son ministre, Bernard Kouchner, qui avait �voqu�, en f�vrier dernier, la pr�sence de la �g�n�ration de Novembre� aux plus hauts postes de l�Etat alg�rien. Les journalistes n�en sauront pas plus �galement � propos de la vente de fr�gates fran�aises � la marine alg�rienne. �C�est un dossier de tr�s long terme, j�en entends parler depuis plusieurs ann�es.� Idem pour la visite d�Etat en France de Abdelaziz Bouteflika. �On n�en a plus jamais reparl�. Elle aura lieu quand le pr�sident de la R�publique alg�rienne d�cidera de se rendre en France.�