A l'instar de certains chefs d'Etat maghrébins, le président Bouteflika continue à entretenir le suspense concernant sa participation au sommet France-Afrique qui est prévu pour le 31 mai à Nice en France. Hier encore, personne n'était en mesure de dire avec certitude si le chef de l'Etat participera ou non à cette rencontre à laquelle il a été officiellement invité par son homologue français. Contactée hier par nos soins, la directrice de la communication de la présidence de la République, Farida Bessa, a fait savoir que la décision du chef de l'Etat sera connue le 30 mai prochain. « Tout ce que je peux vous dire, c'est que votre réponse vous l'aurez la veille du sommet », a indiqué Mme Bessa, ajoutant que le président de la République pourrait éventuellement déléguer quelqu'un à sa place dans le cas où il déciderait, pour une raison ou pour une autre, de ne pas se rendre à Nice. Il faut dire que les autorités françaises ne sont pas mieux loties que l'opinion publique algérienne puisqu'elles aussi ne savent pas, à ce jour, si le président Bouteflika répondra favorablement à leur invitation. « Il n'y a pas de réponse des autorités algériennes », a indiqué jeudi, l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, dans un entretien accordé au quotidien Liberté. Le sommet France-Afrique, faut-il rappeler, intervient dans un contexte où les relations politiques entre l'Algérie et la France traversent une période de tension. La raison tient essentiellement au fait que les deux parties n'arrivent toujours pas à trouver des solutions durables à un certain nombre de contentieux. La question de la mémoire, le dossier Hasseni, la résurgence de l'affaire des moines de Tibhirine et la décision de Paris de réviser les accords migratoires signés par les deux pays en décembre 1968 sont autant d'éléments, soutiennent de nombreux observateurs, qui ont précipité les relations algéro-françaises dans la crise. La crispation entre Alger et Paris est telle que les visites d'officiels entre les deux pays se sont d'ailleurs considérablement réduites ces deux dernières années. Mais ces six derniers mois, la situation a atteint un tel niveau de dégradation que le président Sarkozy a dû, en février dernier, envoyer à Alger le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, pour renouer le dialogue avec les autorités algériennes et tenter d'aplanir les divergences (ou de lever les malentendus). Si, à ce jour, rien n'a filtré sur le contenu des discussions entre Claude Guéant et Ahmed Ouyahia, il reste qu'une participation du chef de l'Etat au sommet France-Afrique pourrait éventuellement vouloir dire que les présidents algérien et français ont convenu de repartir sur de nouvelles bases. Le sommet France-Afrique sera, rappelle-t-on, coprésidé par Nicolas Sarkozy et le président égyptien. Selon la presse parisienne, le président français s'active, en coulisses, pour réunir un maximum de chefs d'Etat. M. Sarkozy se serait même fixé pour défi de faire mieux que son prédécesseur Jacques Chirac qui a la réputation d'avoir des amitiés et des réseaux solides en Afrique. Pour l'heure, trente-deux invités de prestige sont déjà annoncés. Parmi eux, l'Egyptien Hosni Moubarak, l'Ethiopien Mélès Zenawi, le Rwandais Paul Kagamé, le Sud-Africain Jacob Zuma et le Nigérian Goodluck Jonathan. Lors du sommet Afrique-France de Cannes, en février 2007, quarante chefs d'Etat et de gouvernement avaient répondu à l'invitation de Jacques Chirac.