Les avocats et le comité de soutien de Ali Ghediri poursuivent leur combat pour la libération de l'ancien candidat à la présidentielle de 2019 resté sans procès depuis son incarcération au mois de juin de la même année. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce samedi 12 juin marquait la fin de deux années depuis la mise sous mandat de dépôt de Ali Ghediri, une occasion de plus pour son comité de soutien d'exprimer son inquiétude face à la lenteur des procédures devant mener à l'organisation d'un procès et réclamer en même temps sa libération et son «retour parmi les siens». Sur la page Facebook de ce comité, une photo frappée d'un écrit lourd de sens accompagne un communiqué. «L'oublié de la justice» ou «l'homme qui n'a pas le droit à un procès» peut-on lire sur cette photo au-dessus de laquelle un texte rappelle les qualités du général-major à la retraite et son « tort, celui de s'être porté candidat pour redresser le pays et redonner l'espoir à un peuple et pays meurtri par vingt années de rapine et de népotisme et menacé par un autre round de cinq années de concussion, favoritisme, clientélisme... » « En cette triste date, poursuit le communiqué, il est temps que le calvaire imposé à cet innocent, sa famille et soutien cesse .» L'inquiétude des avocats et du comité de soutien est d'autant plus grande que les chances de voir le procès de Ali Ghediri programmé avant la prochaine session criminelle (septembre) sont très faibles, probablement inexistantes, selon les avocats du concerné. Ces derniers rappellent que le dossier a été renvoyé devant le tribunal de Dar-el-Beïda alors que tous les procès devant être jugés en session criminelle pour l'année en cours avaient déjà été programmés. Sur le sujet, Me Aouicha Bekhti fait part de toutes ses appréhensions « du moment que le dossier est arrivé au moment où tous les procès avaient déjà été programmés». Au cours d'une conférence de presse organisée par des membres du collectif de défense, Me Miloud Brahimi s'était dit choqué par l'affaire « car c'est la première fois de ma carrière que je me trouve face à un dossier totalement vide ». « Il ne reste plus rien à plaider dans ce dossier », déclarait, de son côté, Me Khaled Bourayou après l'annonce par la Cour suprême de sa décision d'accepter le pourvoi en cassation introduit par la défense. En décembre dernier, cette haute instance de justice rendait son verdict en motivant sa décision en notant que le magistrat qui avait instruit l'affaire Ghediri « avait usé d'un ton péremptoire alors que ce rôle ne lui revient pas », expliquait encore Me Khaled Bourayou. Le fait que le pourvoi en cassation ait été accepté avait laissé souffler un vent d'espoir parmi les proches du détenu, mais il est vite retombé après la décision de la chambre d'accusation d'Alger de maintenir Ghediri en détention et de transmettre le dossier au tribunal chargé des affaires criminelles (Dar-el-Beïda). C'est là que l'ancien candidat à la présidentielle de 2019 devrait être jugé après programmation de son affaire. Ce qu'il faut savoir est que depuis novembre 2019, Ali Ghediri est sous le coup d'un seul chef d'accusation qui est celui « d'atteinte au moral de l'armée ». La première accusation « transmission à des parties étrangères de documents pouvant nuire à l'intérêt national » avait été retirée par la chambre d'accusation après un long combat (six mois) mené par ses avocats. De sa prison (Koléa), le détenu a écrit deux lettres dans lesquelles il qualifie sa détention de « confinement politique » une « mise à l'écart » en raison de sa décision de se présenter à l'élection présidentielle de 2019. Durant l'été 2020, il avait pris la décision d'entamer une grève de la faim qu'il avait été contraint d'arrêter après sa contamination au coronavirus. A. C.