Ali Ghediri ne sortira pas de prison. La chambre d'accusation d'Alger a rejeté, hier dimanche, la demande de mise en liberté provisoire introduite par ses avocats, et confirmé le caractère criminel de son dossier. L'espoir qu'avait soulevé l'acceptation de la cassation introduite par ses avocats auprès de la Cour suprême s'est évanoui ce dimanche aux portes de la cour d'Alger où s'étaient, une nouvelle fois, réunis des membres de sa famille et de son comité de soutien. Entraînés par l'euphorie suscitée par la série de libérations des détenus d'opinion, certains de ses proches ont même décidé d'effectuer le déplacement à la prison de Koléa, certains de pouvoir accueillir Ali Ghediri à sa sortie. La nouvelle tombe, cependant, peu après 14 h : la famille est sous le choc, les avocats hésitent à s'avancer. «Tout est possible, pour nous, c'est bien plus qu'un choc», réagit à chaud Me Bourayou en rappelant les raisons pour lesquelles la Cour suprême avait accepté la cassation introduite un mois plus tôt. «Les magistrats qui se sont penchés sur le dossier ont relevé le ton péremptoire utilisé par le juge qui a traité le dossier au niveau de la chambre d'accusation. Cela veut dire qu'il y avait besoin d'approfondir l'enquête, d'aller vers des preuves », indiquait ce dernier en ajoutant que le dossier était désormais vide et qu'il n'y avait plus rien à plaider. En novembre dernier, la chambre d'accusation a été destinataire d'un document émanant de la Cour suprême après acceptation de la cassation introduite par la défense du concerné. Les magistrats qui ont pris connaissance des faits reprochés à Ghediri ont remis en cause le chef d'accusation pour lequel il était poursuivi, a savoir «atteinte au moral de l'armée». Un autre chef d'inculpation «transmission à des parties étrangères de documents pouvant porter atteinte à l'intérêt du pays» avait également été annulé six mois plus tôt après une longue bataille judiciaire menée par ses avocats. Dans sa plaidoirie devant la chambre d'accusation, Me Hatem a, lui aussi, insisté sur le fait que le dossier était désormais vide, et qu'il fallait par conséquent prononcer un non-lieu. Les avocats n'ont pas voulu aller plus loin hier. «Nous attendons de lire le document de la chambre d'accusation», ont fait savoir ces derniers tout en gardant espoir de voir le dossier se dénouer rapidement. Le comité de soutien à Ali Ghediri a, en revanche, publié un communiqué sur sa page Facebook dans lequel il se dit «sous le choc de la nouvelle». «Tout comme les membres de sa famille, nous avions nourri l'espoir de voir ce long cauchemar prendre fin et attendions que le juge prononce un non-lieu après l'acceptation de la cassation par la Cour suprême. Nous lançons un appel au premier magistrat du pays afin qu'il intervienne pour rétablir la justice.» Placé sous mandat de dépôt le 13 juin 2019 par le tribunal de Dar-el-Beïda, le général-major à la retraite et ancien candidat à la présidentielle de 2019 a adressé, l'été dernier, une lettre à l'opinion publique dans laquelle il dit faire l'objet d'un «confinement politique». A. C.