«Devrait-on rendre la vaccination obligatoire ?» Telle est la dernière question posée par Le Soir d'Algérie à ses lecteurs dans le cadre des sondages régulièrement publiés dans ses colonnes. Ce texte n'a pas l'intention, encore moins la prétention d'influer le vote des sondés, c'est seulement l'avis de l'un d'eux. Allons-y alors, pour dire d'abord que la question ne manque pas de pertinence. Si l'objectif est d'amener un maximum d'Algériens, sinon tous les Algériens à se vacciner, il va être difficile de trouver beaucoup de monde pour s'opposer à cette éventualité, le vaccin obligatoire, en l'occurrence. Mais pour que tout le monde, du moins la majorité, envisage le vaccin comme une obligation, il faudrait d'abord que tout le monde soit convaincu que le vaccin est efficace et, par conséquent, l'unique solution médicale jusqu'à ce que la recherche trouve un traitement. D'aucuns rétorqueront que même dans ce cas, «il vaut mieux prévenir que guérir» mais bon... Au point où on en est, on ne va pas chipoter pour si peu ! Est-ce que les Algériens ont donc intégré que le vaccin peut les prémunir contre la terrible maladie pour se décider, d'abord à aller tendre le bras pour la double dosette, puis concevoir d'être vaccinés de manière coercitive et éventuellement accepter une sanction pour les récalcitrants ? Voyons. Il y a une chose sur laquelle tout le monde peut s'accorder : nous avons toujours été dans la réaction plus que dans l'action. Autrement dit, dans le cas précis comme en d'autres situations, c'est dos au mur que nous avons initié ou rejoint les entreprises les plus lucides et les réactions les plus salvatrices. Justement, par miracle et pas seulement peut-être, les faits de la pandémie n'ont, à aucun moment, poussé les Algériens vers le... mur ! Ils n'ont donc pas eu « suffisamment peur » pour développer l'anticorps de leur survie. Jusqu'à maintenant, alors qu'il est censé avoir traversé toutes les étapes, connu tous les cas de figure et passé en revue toutes les expériences, bien malin celui qui nous dira ce que pensent vraiment nos compatriotes de la maladie et des meilleurs moyens d'en finir. Mais les constats ne font pas les explications. Quand une communauté n'a pas les bons réflexes, c'est rarement de sa faute ; c'est qu'on l'a toujours aidée quelque part... De plus haut, bien sûr et systématiquement ! On n'a même pas pu convaincre l'Algérien ordinaire que le Covid-19 n'est pas une vue de l'esprit, n'est pas un... complot ! On n'a pas pu lui imposer la bavette et l'assurer que les embrassades entre cousins ne sont pas une fatalité ! Il a réagi au quart de tour quand on lui a dit que les pistonnés vont accaparer les dosettes mais rechigne à se faire vacciner maintenant que les chapiteaux l'attendent sur les places d'Alger et des autres villes du pays. Alors, faut-il l'obliger à le faire ? On ne sait plus, franchement. S. L.