Premier finaliste italien de l'histoire de Wimbledon, Matteo Berrettini surfe sur le haut de la vague qui porte le tennis de son pays vers les sommets, après des décennies de disette. Neuvième mondial avant le Grand Chelem sur gazon, il est le mieux classé d'un solide contingent de dix compatriotes installés dans le Top 100. Et surtout le plus prometteur avec les deux jeunots Jannik Sinner et Lorenzo Musetti (19 ans chacun). La progression des Italiens a été spectaculaire et rapide. Il y a seulement cinq ans, ils n'étaient que trois à faire partie de cette élite. Depuis trois saisons, c'est Berrettini qui a signé les performances les plus mémorables. En 2019, il a remis l'Italie dans le dernier carré de l'US Open, 42 ans après Corrado Barazzutti. Puis il est devenu dans la foulée l'«Azzurro» le mieux classé à l'ATP, 8e, depuis le même Barazzutti en 1978. Une première au Queen's Il y a trois semaines, juste après son quart de finale à Roland-Garros, il a été le premier Italien à inscrire son nom au riche palmarès du Queen's, traditionnel tournoi de préparation au Grand Chelem sur gazon, où il a certes été aidé par un tableau moins relevé que d'autres fois (il était tête de série N° 1). Berrettini s'y est imposé dès sa première participation, comme un certain Boris Becker en 1985. Mais le parallèle s'arrête là car «Boum Boum», celui qui allait gagner Wimbledon un mois plus tard n'avait que 17 ans à l'époque, alors que l'Italien en a déjà 25. Ce Romain a été un champion à maturation lente, voire très lente à l'âge où Rafael Nadal gagnait son premier Grand Chelem, 19 ans, Berrettini naviguait au-delà de la millième place mondiale. Ce n'est qu'à 22 ans qu'il est entré pour la première fois dans le top 100 et sa grande percée remonte seulement à 2019. Ses débuts ont été classiquement ceux d'un gamin tombé tout petit dans le tennis, à qui on a mis sa première raquette en main dès l'âge de quatre ans et qui va bientôt été imité par son frère cadet, lui aussi classé à l'ATP (448e fin juin). Il leur arrive de jouer en double sur le circuit. Service et coup droit Au Queen's, Berrettini s'est imposé sans concéder le moindre break en 46 passages au service, un coup qui est son arme principale, favorisée par sa haute taille (1,96 m). Pour le reste, il s'appuie sur un grand coup droit et sur son envergure s'il faut conclure au filet. «C'est un joueur moderne classique» a dit de lui Adriano Panatta, le seul vainqueur italien en Grand Chelem chez les messieurs durant l'ère Open (à Roland-Garros en 1976), dont il n'a pas le fameux toucher mais qu'il surclasse en puissance. Dans le temple du tennis, Berrettini est en train de vivre le plus grand moment de sa carrière. Aucun Italien n'y avait atteint les demi-finales depuis Nicola Pietrangeli en 1960. Pour s'imposer, il devra réussir, et de très loin, le plus grand exploit de sa carrière. Quelques Top 10 figurent bien à son tableau de chasse, Dominic Thiem (trois fois) et Alexander Zverev notamment, mais stopper Novak Djokovic dans sa course à l'histoire le ferait passer dans une autre dimension.