Avec des records de contaminations confirmées au Covid-19 et des bilans faisant état de plus de 1 200 contaminations quotidiennes, le pic de la pandémie n'est pourtant pas encore atteint. Il le sera probablement dans les jours à venir, selon des membres du Comité scientifique. La pression sur les hôpitaux risque de devenir ingérable. Certains directeurs de la santé s'y préparent d'ores et déjà en lançant des appels au volontariat en direction du personnel de la santé à la retraite et aux paramédicaux issus des écoles de formation privées. Les pouvoirs publics n'ont, quant à eux, toujours pas jugé utile de prendre les mesures courageuses qu'impose la situation épidémiologique et réclamées par un large pan du personnel médical. Des présidents d'APC sautent le pas en décrétant le confinement total de leurs communes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le scénario tant redouté depuis le début de la pandémie a fini par devenir réalité. La troisième vague de Covid-19 prend l'allure d'une déferlante avec des conséquences dramatiques : les hôpitaux peinent à répondre à la forte demande sur les lits d'hospitalisation. La tension sur l'oxygène médical n'a jamais été aussi forte avec des besoins multipliés par cinq au niveau du plus grand hôpital d'Algérie, le CHU Mustapha-Pacha. La situation pourrait empirer dans les jours à venir. La raison ? Les spécialistes affirment que le pic de cette troisième vague n'a pas encore été atteint. Deux membres du Comité scientifique chargé du suivi de la pandémie l'affirment. Le professeur Ryad Mahiaoui et le Dr Elyès Akhamokh sont affirmatifs à ce sujet. Ils affirment tous les deux que le pic pourrait être atteint dans une semaine. Des prévisions plus qu'inquiétantes qui, pour le moment, n'ont toujours pas poussé les pouvoirs publics à prendre des mesures en vue de casser la chaîne de contaminations et de limiter les dégâts. Qu'en pensent les membres du Comité scientifique qui ont la charge de faire des recommandations au pouvoir décisionnel ? Le Dr Akhamokh, qui s'exprimait ce jeudi sur les ondes de la Radio nationale, dit « respecter l'avis de ceux qui réclament un retour à un confinement total » mais n'hésite pas à ajouter qu'imposer un confinement total sans faire respecter les gestes barrières « n'avait pas de sens », évoquant la possibilité d'imposer plus de restrictions au niveau des communes ou des wilayas qui connaissent un plus grand nombre de contaminations. Un scénario qui semble loin de faire partie du plan de riposte du gouvernement. Rien dans les déclarations des différents responsables ne laisse présager un éventuel retour au confinement. Bien au contraire, les récentes déclarations du ministre de la Santé vont dans un tout autre sens puisque le Pr Benbouzid considère que l'arme ultime contre la propagation du Covid-19 n'est autre que la vaccination. Si cette dernière peut être une solution à moyen et à long terme, ce sont des mesures urgentes que réclament le personnel de santé épuisé et dans l'incapacité de faire face à la forte pression exercée sur les structures de santé. Le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique, va droit au but estimant que « lorsque la vague de contaminations prend cette allure, que le nombre de malades et de morts augmente, que la pression devient forte sur les structures de santé au point de saturer, la seule mesure urgente, c'est un retour à un confinement total ou partiel en fonction des cas pour une durée de quinze jours avec une application stricte des mesures barrières, notamment le port obligatoire des masques ». À défaut de mesures prises au niveau central, des initiatives sont prises au niveau local. Le directeur de la santé de la wilaya de Chlef a lancé un appel au volontariat en direction du personnel retraité et des paramédicaux issus des instituts privés de formation pour prêter main-forte à un personnel fatigué mais également contaminé au Covid-19. À Tizi-Ouzou, c'est un confinement total qui est imposé depuis vendredi dans les quatre communes de la daïra de Boghni. Les présidents des Assemblées populaires communales de Boghni, Assi-Youcef, Mechtras et Bounouh ont, en effet, pris cette décision qui sera effective quinze jours durant. Depuis le début de la pandémie, les walis et les présidents d'APC ont la latitude de prendre les décisions qu'ils jugent utiles pour circonscrire les contaminations. Tous ne l'ont pas fait, préférant attendre des décisions prises au niveau central. Ces dernières tardent à être prises devant une situation devenue anxiogène et qui risque de très vite devenir incontrôlable. N. I.