À Alger et partout ailleurs, dans les autres villes du pays, la peur gagne les esprits. La hausse alarmante des contaminations au Covid-19 avec une forte multiplication des formes sévères de la maladie et l'enregistrement de plus en plus de décès, sont loin de rassurer les citoyens. Et il y a de quoi! Le pays a battu tous ses records. Il a dépassé de loin le pic du 24 novembre 2020 où 1133 infections quotidiennes avaient été enregistrées. Aujourd'hui, la courbe culmine à plus de 1 350 cas et maintient son palier avec une moyenne quotidienne de 1100 contaminations sur les 7 derniers jours. Le nombre de décès a, lui aussi, battu le record en enregistrant pour la première fois, 23 morts pour la seule journée de jeudi dernier. C'est dire que rien ne porte à la quiétude et de l'aveu même du ministre de la Santé «la situation épidémique est préoccupante». Tellement préoccupante que plusieurs communes ont décidé de recourir au confinement total. Cela est notamment le cas de la daïra de Boghni où les maires de Boghni, Assi Youcef, Mechtras et Bounouh, ont annoncé, de concert, confiner leurs communes pour une durée de 15 jours. En Kabylie, plusieurs comités de villages ont commencé également à appliquer des mesures plus strictes en interdisant les rassemblements, les visites, les mariages.... À Béjaïa, les autorités locales ont décidé de fermer le plus grand marché hebdomadaire de la ville alors que les services de santé de Bouira tirent la sonnette d'alarme en raison du manque d'oxygène. Même situation à M'Chedallah où quelques médecins ont été amenés à solliciter l'aide des autres communes pour un approvisionnement en oxygène, via les réseaux sociaux. Et cette pénurie d'oxygène dans les établissements de santé et au niveau national, semble perdurer depuis quelques jours déjà. Le constat, fait par des médecins, est alarmant que ce soit à Oran, Blida, Tizi Ouzou, Médéa ou Alger. La crise est telle qu'elle a donné des idées à des opportunistes qui en ont fait un moyen pour s'enrichir. Pourtant et à suivre la déclaration du ministre de l'Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmed, l'oxygène ne devait en aucun cas manquer, l'Algérie disposant de plusieurs unités opérationnelles et produisant des quantités jugées suffisantes de 430000 litres d'oxygène liquide quotidiennement, de quoi prendre en charge des dizaines de milliers de malades. «Il ne s'agit pas simplement de produire cet oxygène, mais aussi de le transporter», a expliqué Benbahmed qui a décidé, jeudi, de réquisitionner l'ensemble des entreprises activant dans la production et le transport de l'oxygène liquide. Le ministre a également annoncé l'importation de 6000 concentrateurs dans les semaines à venir dont près d'un millier dans les deux prochains jours. Il faut dire que le ministre n'a pas vu la crise d'oxygène venir et a manqué de perspicacité sur cette question, mais les décisions qu'il vient de prendre, certes, avec un peu de retard, demeurent idoines permettant de parer à cette pénurie. Outre ce manque d'oxygène, il y a aussi la saturation des structures sanitaires qui pointe du nez. Le président Tebboune a présidé, il y a quelques jours, une réunion d'urgence du Comité scientifique, pour donner plusieurs orientations dont principalement l'augmentation des capacités d'accueil dans les hôpitaux. Cependant, l'afflux important des malades risque de mener rapidement vers la saturation. Ce qui a amené d'ailleurs, Abderrahmane Benbouzid à annoncer qu'«un grand hôtel» sera réservé dans chaque wilaya pour la prise en charge des patients souffrant du manque d'oxygène. Il a indiqué que l'Armée nationale populaire (ANP) allait mettre à la disposition du secteur de la santé un hôtel à Alger, d'une capacité de 120 lits et équipé de respirateurs. Et il est à se demander, à ce propos, pour quelle raison, les pouvoirs publics n'ont-ils pas encore recouru aux moyens de l'ANP dont les premiers responsables ont affirmé, depuis le début de la pandémie, être mobilisés et préparés afin de parer à toute éventualité d'une évolution de la pandémie? Recourir à des hôpitaux de campagne ne va pas seulement faire baisser la pression sur les structures sanitaires, mais aussi permettre à ces dernières de rouvrir d'autres services, réquisitionnés dans leur majorité pour les cas de coronavirus. Commander c'est prévoir et il faut se l'avouer, la vague actuelle de coronavirus, causée principalement par le variant Delta est d'une férocité jamais égalée. Les bilans annoncés ne reflètent pas la réalité, étant donné que seuls les cas dépistés par PCR sont pris en compte. Sur le terrain, la situation est alarmante et les décisions à prendre doivent refléter cette gravité. Il ne s'agit plus de faire avancer le confinement d'une heure ou de permettre aux Algériens d'aller à la plage, dans les cafés, les restaurants, d'assister aux enterrements et aux mariages... sans aucun respect des gestes barrières. Non. Il faut stopper l'épidémie et sauver des vies!