De Tunis, Mohamed Kettou Mis en appétit, le peuple attend d'autres mesures qui rétabliraient la confiance perdue entre la base et le sommet. C'est un ouf de soulagement qu'ont poussé les Tunisiens à l'annonce des mesures inattendues par le Président Kaïs Saïed, dimanche soir. Cette annonce a eu un effet positif sur le moral des citoyens qui se considèrent libérés du poids, très mal supporté, de l'hégémonie exercée depuis plusieurs années par le parti islamiste Ennahdha sur les rouages de l'Etat. Toutefois, ce parti persiste et signe en accusant, encore une fois, à travers ses instances, le Président Saïed d'avoir mené un coup d'Etat contre la Révolution et la Constitution. En effet, son majliss choura croit dur comme fer à la théorie du coup d'Etat tout en se lamentant sur la destinée du pays comme si le peuple tunisien se limitait aux seuls adhérents d'Ennahdha. Faisant toujours de la résistance, ses députés, conduits par Rached Ghannouchi, se sont réunis en pleine rue, face au siège du Parlement, mais l'accès leur a été interdit par l'armée. Cependant, rien ne semble arrêter le chef de l'Etat qui s'est assuré le soutien de la centrale syndicale. Celle-ci l'a appelé, quand même, à respecter les libertés individuelles et le processus démocratique. Un appel similaire a été lancé au Président par l'Union des journalistes et les autres organisations nationales dont les responsables se sont réunis lundi dernier avec le Président. Mis en appétit, le peuple attend d'autres mesures qui rétabliraient la confiance perdue entre la base et le sommet. Le peuple attend un nouveau gouvernement et une feuille de route claire pour sortir de l'opacité qui caractérise encore la situation. D'autant plus que le pays est gangrené par la dépréciation de la qualité de vie, le chômage et la corruption. Réactions étrangères prudentes En ce qui concerne les réactions étrangères, l'on note, particulièrement, celles de la France et des Etats-Unis dont les responsables, sans accorder un soutien clair à Kaïs Saïed ni condamner son initiative, ont insisté sur le respect des libertés publiques et individuelles et le processus démocratique tout en encourageant le dialogue. Même attitude de l'Union européenne. À ce propos, Kaïs Saïed a réitéré sa volonté, voire sa détermination de respecter et de veiller au respect des droits de l'Homme dans leur ensemble. Au plan pratique, tous les membres du cabinet de Hichem Mechichi ont été limogés et la police des frontières a commencé à mettre en application les mesures d'interdiction de sortie du territoire (IST) concernant les hommes d'affaires, les hauts responsables, les députés, les maires ainsi que les présidents des associations sportives. De bons signes pointent à l'horizon en ce qui concerne la vie quotidienne des citoyens et leur pouvoir d'achat. Ces derniers ont accueilli avec joie la décision de l'Office de l'huile qui invite les fournisseurs à s'approvisionner en huile subventionnée inexistante sur le marché depuis fort longtemps au grand dam de la population. Ce n'est qu'un indice d'une volonté d'aller de l'avant. C'est donc la preuve que la lutte contre la spéculation a bien démarré. Il s'agit là d'un seul produit. Mais, le peuple espère que cela touchera tous les secteurs accaparés par les hommes d'affaires véreux et les contrebandiers. M. K.