Pour pouvoir atteindre l'immunité collective, l'Algérie s'est fixé comme objectif de vacciner 70% de sa population. C'était compter sans le variant Delta qui fausse ces calculs. En ciblant enfants et adolescents, il a forcé de nombreux pays à revoir à la hausse le taux de vaccination espéré pour atteindre jusqu'à 90%. L'Algérie ne fait pas exception mais reste encore loin du seuil espéré avec un peu plus de 3 millions de personnes vaccinées et seulement 724.812 ayant reçu les deux doses. Le président de la Société algérienne d'infectiologie assure que l'immunité collective est tributaire du nombre de vaccins réceptionnés mais surtout de la cadence de la vaccination. Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, un seul mot d'ordre : vacciner pour atteindre une immunité collective. Comment y arrive-t-on ? Théoriquement, l'immunité collective correspond au pourcentage d'une population donnée qui est protégée contre une infection. Elle peut être obtenue par l'infection naturelle ou par la vaccination. Où en est-on en Algérie ? Le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d'infectiologie, explique que «pour parler d'immunité collective, il faut vacciner au moins 70% de la population. Cela est valable pour n'importe quel vaccin. Au début, on était partis pour vacciner 70% de la population adulte parce que la souche classique ne touchait que très rarement les enfants ou les adolescents. Elle touchait essentiellement les adultes jeunes, même si, au début, elle touchait essentiellement les personnes plus âgées», ajoutant que «selon le principe de l'immunité collective, même les non-vaccinés seront protégés à ce stade-là. C'est-à-dire que l'effet de la vaccination fait que le virus circule faiblement. Donc que ce soit les enfants ou même les adultes non vaccinés, ils seront protégés grâce à l'immunité des autres parce que le fait que les autres soient vaccinés, cela freine la circulation du virus, et c'est cela l'immunité collective». Avec l'arrivée du variant Delta, explique le Dr Yousfi, les données changent affirmant que «d'après les récentes études effectuées un peu partout, 70% de la population vaccinée peut s'avérer insuffisant en raison du variant Delta parce qu'il est plus contagieux et qu'il touche les enfants et les adolescents. Ce qui explique que la majorité des pays vaccinent les adolescents âgés de plus de 12 ans, ce n'était pas le cas il y a quelques mois. Pratiquement, il faut arriver à 80, voire 90% de la population». Par le langage des chiffres, le Premier ministère faisait savoir vendredi dernier que 3 421 279 de personnes avaient été vaccinées avec seulement 724 812 personnes ayant reçu la deuxième dose du vaccin anti-Covid-19. Des chiffres qui restent très loin de l'objectif d'au moins 20 millions de personnes vaccinées. Une seule solution pour y arriver, explique le Dr Yousfi : vacciner vite et à grande échelle. Avec la réception de 9 millions de vaccins fin juillet, et une cadence de réception appelée à être maintenu pour les deux mois à venir, le rythme de la vaccination pourrait alors s'accélérer, faisant dire au président de la Société algérienne d'infectiologie que «même s'il y a moins d'un million de personnes actuellement qui sont totalement immunisées, les chiffres bougent un peu mais essentiellement pour les premières doses. Il y a une accélération parce que d'un côté, il y a plus de doses et que, d'un autre, il y a un engouement pour la vaccination. Pendant les premiers mois, les doses n'étaient pas disponibles, ce n'est plus le cas maintenant», ajoutant qu'« il nous faut au moins 40 millions de doses. Il faut également que les doses réceptionnées soient administrées. La semaine passée, on a réussi à atteindre 200 000 vaccinés par jour. Pour consommer neuf millions de doses par mois, il faut au moins atteindre 300 000 vaccins par jour mais, là, on dépasse largement les capacités des structures de santé d'où la nécessité de mobiliser les vaccinodromes et les structures extrahospitalières». L'immunité collective espérée est, conclut-il, tributaire de deux conditions : avoir beaucoup de doses et vacciner à grande échelle et rapidement. N. I.