La question de l'acquisition par l'Algérie d'avions bombardiers d'eau revient une nouvelle fois sur le devant de la scène à la faveur des terribles incendies que subissent la Kabylie et d'autres régions du pays. Tarek Hafid Alger - (Le Soir) - L'Algérie n'a toujours pas tranché la question de l'achat de ces aéronefs. Le plus célèbre est certainement le Canadair CL-415 fabriqué par la firme canadienne Bombardier aéronautique. Cet avion peut larguer en un seul passage plus de 6000 litres d'eau ou de retardant, produit chimique destiné à freiner la propagation des flammes. Cette capacité en fait un moyen de lutte particulièrement efficace. L'essentiel des pays utilisateurs de CL-415 sont situés sur le pourtour de la Méditerranée, à l'instar de la France, de la Grèce, du Maroc et de l'Italie. Il existe d'autres appareils qui remplissent des missions de lutte anti-incendie, notamment le Be-200 du constructeur russe Beriev ou encore une version modifiée du Hercule C-130 de l'américain Lockheed. L'option de la lutte aérienne contre les incendies est prise en compte par la Protection civile algérienne même si elle ne dispose pas de ce type d'avion. Pour cela, le groupement aérien de la Protection civile est équipé de six hélicoptères AgustaWestland AW139. Ces appareils polyvalents peuvent être dotés de seaux, ou bamby buket, d'une capacité de 900 litres. Mardi, à Tizi Ouzou, les hélicoptères de transports MI26 des forces aériennes ont été équipés de ce dispositif pour intervenir dans les massifs de la région. Il semble que les responsables de la Protection civile aient opté pour des hélicoptères plutôt que des avions bombardiers d'eau pour des raisons techniques. C'est ce qu'a précisé en août 2017 à nos confrères d'El Watan le colonel Farouk Achour, sous-directeur des statistiques et de la communication à la direction générale de la Protection civile: «Les canadairs n'interviennent pas la nuit et risquent de s'écraser sur les aspérités du relief ou d'entrer en collision avec les pylônes et les câbles de haute tension en raison du vol à basse altitude qu'ils sont obligés d'effectuer pour réussir leur mission (...) Ceci sans compter leur taille qui les rend difficiles à manier et exigeant un équipage professionnel chevronné, ayant les qualités reconnues chez les pilotes de chasse, eu égard à la complexité des manœuvres à effectuer.» Invité, hier, de l'émission matinale de la Chaîne 3, cet officier a une nouvelle fois soutenu que l'avion bombardier d'eau n'est pas «l'ultime solution». La question de la disponibilité au nord du pays de plans d'eau douce permettant les opérations de remplissage ainsi que le refus de larguer de l'eau de mer sont deux arguments mis en avant par certains experts. Pourtant, du côté de la Direction générale des forêts, dont les officiers et les agents sont en permanence dans les massifs forestiers du pays, l'utilisation de l'avion bombardier d'eau doit être prise en considération. La question a été évoquée au mois de mai dernier lors d'une réunion à «la préparation de la campagne de lutte contre les feux de forêt pour 2021» qui s'est déroulée au ministère de l'Agriculture. «L'acquisition d'avions bombardiers d'eau, à l'instar de certains pays du Bassin méditerranéen, serait d'un apport non négligeable pour la lutte contre les incendies de forêt en Algérie», avait indiqué Ilhem Kabouya, directrice de la protection de la flore et de la faune, auprès de la DGF. Une option qui semble s'imposer également pour le gouvernement puisque le Premier ministre a annoncé mardi que l'Etat a «décidé d'affréter auprès de certains pays européens des avions bombardiers d'eau». Selon lui «les contacts sont très avancés pour le parachèvement rapide de cette opération». Reste maintenant l'aspect financier. Selon le site Menadefense, un Canadair CL-415 coûte 31 millions de dollars et un Beriev Be-200 40 millions de dollars mais les constructeurs imposent des périodes d'attente importantes pour la livraison. Il serait donc possible de lancer la commande d'une flotte et de recourir entre-temps à un affrètement auprès de compagnies spécialisées. Il faut compter environ deux millions de dollars par appareil pour une saison. À condition, bien entendu, de signer des contrats d'affrètement plusieurs mois à l'avance car les interventions en situation d'urgence font exploser les tarifs. T. H. L'Algérie affrète deux avions bombardiers d'eau auprès de l'UE L'Algérie est parvenue à un accord commercial avec l'Union européenne (UE) pour l'affrètement de deux avions bombardiers d'eau (ABE), qui étaient en cours d'exploitation dans l'opération de lutte contre les incendies déclarés en Grèce, a indiqué mercredi un communiqué des services du Premier ministre. «Les deux avions bombardiers d'eau seront déployés à partir de jeudi 12 août dans les wilayas où se sont déclarés des feux de forêt, et ce, dans le cadre de la mobilisation de tous les moyens pour l'extinction de ces incendies», ajoute-t-on de même source. APS