Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) dénonce le commerce illégal et les dons anarchiques de médicaments liés à la pandémie de Covid-19 sur les réseaux sociaux. Il met en avance les dangers que représentent ces pratiques sur la santé des citoyens. Ce fléau perturbe également le marché du médicament, d'où l'indisponibilité de certains médicaments en officines. Depuis quelques semaines, des particuliers se sont improvisés en fournisseurs de médicaments prescrits dans le cadre du protocole thérapeutique de Covid-19, sur les réseaux sociaux. Certains «revendeurs» n'hésitent pas à proposer ces produits pharmaceutiques à des prix exorbitants, notamment des anticoagulants, alors que d'autres les cèdent gratuitement. Joignant à leur annonce un numéro de téléphone, ils exhibent fièrement leurs stocks, souvent important, via des photos ou des vidéos postées, pour la plupart, sur Facebook. Ce commerce illégal qui surgit au moment où certains médicaments sont en rupture de stock dans les officines a suscité l'indignation du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) qui l'a vigoureusement dénoncé. «Ces pratiques constituent un véritable danger pour la santé du citoyen», affirme son président, Messaoud Belambri. Il souligne, à cet effet, les risques de la mauvaise utilisation de ces produits, notamment les intoxications. «Il ne faut jamais recourir aux anticoagulants, aux antibiotiques et aux corticoïdes sans prescription médicale. Même la vitamine D est très toxique. Elle fait partie des médicaments dont la dose thérapeutique est très proche de la dose toxique. Il suffit de dépasser la dose thérapeutique de quelques milligrammes pour se retrouver avec des effets secondaires irréversibles, notamment lorsqu'elle est associée aux compléments alimentaires qui contiennent des minéraux et des vitamines dont la vitamine D», explique-t-il.Rappelant que le médicament est un produit qui obéit à une réglementation très stricte, le président du Snapo précise que la loi punit l'exercice illégal d'une profession médicale et de la pharmacie. «Il faut laisser le médicament au pharmacien, lui seul est habilité à le détenir et à le dispenser aux patients en marché de ville ou en milieu hospitalier, conformément à la réglementation et aux règles d'usage», dit-il. D'ailleurs, poursuit-il, «la filière pharmaceutique est tellement organisée et cadrée que le producteur et l'importateur ne peuvent vendre le médicament qu'aux distributeurs agréés, et le distributeur n'a le droit de vendre le produit pharmaceutique qu'aux pharmaciens agréés». Il estime que personne ne peut s'aventurer à se procurer ces médicaments sous prétexte de bonne foi, d'aide humanitaire ou de pénurie. «Ces individus n'ont pas le droit de détenir ces produits pharmaceutiques, ni de se les procurer pour les revendre ou pour en faire don. Même le pharmacien n'a pas le droit de dispenser des médicaments sans ordonnance. Nous nous interrogeons, d'ailleurs, sur leurs sources d'approvisionnement», dit-il. Messaoud Belambri fait savoir, par ailleurs, que ce genre de comportement perturbe fortement le marché du médicament, surtout dans de pareilles circonstances de crise sanitaire de Covid-19 et de forte demande sur ces produits. «Ces pratiques accentuent les tensions sur ces produits pharmaceutiques et leur indisponibilité. Si ces médicaments sont détournés du circuit légal, même les pharmacies seront dans l'incapacité de les mettre à la disposition des patients», dit-il. Interpellant les citoyens sur le danger de ces pratiques, le Snapo appelle à dénoncer la vente illégale des produits pharmaceutiques sur les réseaux sociaux. Toutefois, il note avec satisfaction la réaction des services de sécurité qui, dernièrement, ont mis fin à nombre de ces pratiques. «Plusieurs individus qui activaient sur la toile, à Alger et Blida, ont été interpellés et présentés devant la justice, et leurs comptes Facebook ont été carrément supprimés», conclut le président du Snapo. Ry. N.