De Tunis, Mohamed Kettou L'annonce d'un nouveau gouvernement serait imminente. C'est ce qui ressort de la sortie sur le terrain du Président Kaïs Saïed. C'est lors d'une visite d'inspection, lundi, à l'aéroport Tunis-Carthage que le président de la République a fait cette annonce, tout en excluant toute possibilité de dialogue. Il a, d'ailleurs, saisi l'occasion pour rappeler à ses détracteurs qu'il n'y aura pas de retour à la situation antérieure au 25 juillet. À ceux qui demandent le rétablissement du Parlement, en particulier les dirigeants du parti islamiste, il répond qu'il a choisi sa voie qui est celle empruntée par le peuple. À la police des frontières, il a déclaré que la loi doit être appliquée sans aucune discrimination. Cela, en réaction aux reproches formulés par le parti islamiste dont le bloc parlementaire s'est élevé contre les mesures coercitives prises contre plusieurs personnalités (députés, ministres et hommes d'affaires), en étant assignées à la résidence surveillée ou interdites de voyage. Dans un communiqué, ce bloc estime que ces mesures sont arbitraires, et constituent une violation des droits individuels. Pour le président de la République, il s'agit de mesures applicables à des personnes soupçonnées de malversations et de corruption. À ce jour, 13 personnes ont été interdites de sortie du territoire. Les critiques du parti islamiste concernent aussi l'assignation à la résidence surveillée de certaines personnalités. En effet, c'est le cas, depuis la prise en main de tous les pouvoirs par Kaïs Saïed, de deux magistrats, un haut cadre du ministère de l'Intérieur, un ancien ministre et un député. Cependant, Ennahdha semble avoir tiré les enseignements qui s'imposent des récents événements. «Le slogan affirmant que l'islam est la solution» n'a plus de place. C'est l'un de ses hauts dirigeants qui le dit, selon Mohamed Goumani. Le parti doit revoir sa politique qui doit être conçue en fonction des préoccupations du peuple. Il a même ajouté : «Nous comprenons les mesures prises récemment et nous voulons apporter notre aide au Président.» Pour de nombreux observateurs, cette attitude s'inscrit dans le cadre des multiples tactiques utilisées souvent par le parti islamiste pour sortir la tête de l'eau et respirer avant de dégainer de nouveau. Le parti Courant démocratique à l'affût D'autres partis bougent aussi pour une place au soleil. Le parti Courant démocratique, à l'affût, espère doubler tout le monde au Parlement pour s'imposer comme la principale force. Pour cela, il compte sur une éventuelle condamnation par la justice du parti islamiste et de Qalb Tounes pour financement étranger de leurs campagnes électorales aux législatives de 2019. Tout en soutenant Kaïs Saïed, ce parti, Courant démocratique, appelle au rétablissement du Parlement et à l'application de l'article 163 de la loi organique de 2014. Car, au cas où la justice déclare illégale la députation d'Ennahdha et de Qalb Tounes, leurs listes seront suspendues et ce parti en tirera automatiquement profit, devenant majoritaire au Parlement. Ainsi, il contrôlera les deux pouvoirs, le législatif et l'exécutif. Mais, on est encore loin d'un tel scénario. Car, nul ne sait ce que prépare Kaïs Saïed. Va-t-il rétablir le Parlement, ou compte-t-il prolonger la période provisoire au cours de laquelle il restera seul maître du pays ? M. K.