De Tunis, Mohamed Kettou Rached Ghannouchi serait-il sur le départ ? Selon certaines sources, les appels de bon nombre de ses partisans, de hauts responsables de son parti, le tiennent pour principal responsable des déboires d'Ennahdha. Le chef islamiste qui s'est évertué à ajourner, à maintes reprises, la tenue du congrès de son parti dans l'espoir d'aboutir à un amendement du règlement intérieur qui lui permettrait de briguer un troisième mandat, serait convaincu de la nécessité de jeter l'éponge. Encore plus, les récentes décisions du Président Saïed lui auraient fait prendre conscience de son échec dans la direction de son parti et, par ricochet, dans la gestion du Parlement. Toutefois, ces informations, véhiculées par un journal électronique de la place, auraient, selon les observateurs, un lien avec des tactiques dont il garde le secret pour redorer le blason de son parti détesté, aujourd'hui, par la plupart des citoyens. Sur un autre plan, Samir Dilou, l'une des rares colombes du parti islamiste, s'est élevé contre les assignations à résidence et empêchement de sortie du territoire, affirmant que ceux qui s'en réjouissent «perdent toute crédibilité». Par ailleurs, Nabil Karoui, président du parti Qalb Tounes, allié du parti islamiste, a disparu depuis le 25 juillet et, peut-être avant cette date, selon des sources concordantes. Depuis, il a coupé tout contact avec son groupe parlementaire. De nombreuses sources le donnent en fuite à l'étranger. Mais, aussi, il se serait caché en Tunisie comme d'autres députés fuyant la justice. 30 députés devant les tribunaux De son côté, le président de la République, Kaïs Saïed, s'opposant, parfois avec colère, à la coterie politico-affairiste, fait cavalier seul, aujourd'hui, face à tout le monde (islamistes, gauche, modernistes.). Sans se soucier des réactions de ces derniers, il fonce dans la voie qu'il s'est choisie, à savoir celle du peuple, comme il l'a toujours dit. «Ma feuille de route est celle du peuple tunisien», se plaît-il à répéter. C'est aussi sa lutte contre la corruption qui gangrène le pays. D'ailleurs, il ne cesse de multiplier les déclarations et les gestes qui traduisent ses intentions quant à l'avenir du pays. Mercredi, il a opéré des changements au sein du ministère régalien de l'Intérieur et, surtout, en plaçant de nouveaux cadres à la tête de la Sûreté et de la Garde nationale. Ces changements seraient dictés par son souci de s'assurer de la fidélité de ces deux corps qui seraient, selon des informations persistantes, fortement infiltrés par des éléments islamistes. Ces changements interviennent à deux jours de l'échéance fixée de la fin du gel du Parlement. Rien ne filtre encore et nul ne sait si le Président, actuellement, rétablira le Parlement dans sa situation antérieure au 25 juillet ou s'il en prolongera la suspension en attendant la prise des mesures qu'il considère comme étant les plus adéquates pour remettre le pays sur les rails. Cela passe, selon lui, par une purge à opérer au niveau des rouages de l'Etat. À ce propos, au moins 30 députés devront comparaître devant les tribunaux pour divers délits, parfois commis avant leur entrée au Parlement. Certains se cachent pour fuir la justice. Dans le même sens, de nombreuses personnes sont assignées à la résidence surveillée. Il s'agit de deux anciens ministres dont un nahdhaoui, deux magistrats, trois consultants dans les cabinets de Youssef Chahed et Hichem Mechichi et d'un directeur des services spéciaux. Le tout sur fond de lutte acharnée contre la propagation de la Covid-19. À ce sujet, les nouvelles sont rassurantes, selon certains praticiens qui affirment que la Tunisie est proche d'une immunité collective de l'ordre de 50%. M. K.