La mesure est forte, historique et pour certains, elle aurait pu intervenir bien plus tôt. Après le rappel de notre ambassadeur à Rabat, suite à la manœuvre anti-algérienne du représentant du Makhzen à l'ONU, le discours trompeur de Mohammed VI, le roi, aucun signal de bonne volonté n'est venu de chez notre voisin obligé de l'Ouest. Le rappel de notre ambassadeur est resté sans écho. Quant à espérer un mea-culpa susceptible de dissiper ce qui pourrait être juste un nuage sur les relations traditionnelles entre les deux pays, ce serait faire une mauvaise appréciation des intentions cachées, nourries depuis des lustres contre l'Algérie. Il faut d'abord observer que les us en diplomatie sont bafoués par la partie marocaine. Pis, face aux coups fourrés est venu celui du consul marocain à Oran qui a traité, en public, l'Algérie de pays ennemi. Du côté d'El Mouradia, le sang-froid a prévalu. L'on a privilégié le bon sens et la sagesse et de ne pas faire de la publicité à cette affaire qui a offusqué jusqu'au citoyen lambda. Pourtant, cela a été pris pour de la faiblesse au moment où l'Etat se focalise sur la gestion de la situation intérieure des plus compliquées, léguée par l'ancien président. Les sujets de la monarchie alaouite en profitent et affûtent leurs armes contre un pays «frère». Rappelons le soutien aux terroristes du GIA, accueillis avec tous les égards. Aujourd'hui, l'intention de nuire prend une autre tournure avec la guerre de la drogue. Pour se donner bonne conscience quant à cette hostilité récurrente, certains veulent établir un lien avec la question du Sahara Occidental. En réalité, le Makhzen n'a de cesse de rechercher les prétextes à querelle bien avant son aventure coloniale au Sahara Occidental. Il faut reconnaître à la monarchie marocaine son caractère belliqueux, d'une part. D'autre part, elle est mue par son rêve de puissance. Ses velléités expansionnistes visent, outre notre pays (le grand Maroc), la Mauritanie et vont jusqu'au fleuve Sénégal. Du reste, cela n'est un secret pour personne, diriez-vous. Certes oui, sauf qu'en faire une doctrine politique mérite vigilance à tout instant. Ne jamais baisser la garde. Loin de s'en tenir à la légalité internationale, les maîtres réels, c'est-à dire cachés, du pouvoir au Maroc échafaudent de pires plans, l'Algérie comme cible. Les offres de services du Makhzen ne s'accommodent point de décence. La normalisation avec l'Etat sioniste, contre la volonté des Marocains, lui donne de nouvelles idées : passer outre les décisions de la communauté internationale, prenant en cela exemple sur son désormais mentor usurpateur, tueur des Palestiniens, l'Etat d'Israël. En toute impunité, dans un contexte de lâcheté générale. La décision même tardive de rompre avec le Maroc officiel doit être vue comme un sursaut face aux visées d'un agenda qui n'augure rien de bon. Le Makhzen, lui, a choisi de rompre avec un patrimoine commun en matière de liens multiples qui tiennent à l'histoire. À moins que l'image de ce Maroc-là ne soit, en définitive, qu'un leurre. Brahim Taouchichet N. B. : J'attendais la réaction de la Ligue arabe. J'ai eu connaissance de son communiqué, mercredi 24 août. Une fois de plus, je suis pétrifié quant à la vacuité d'une telle association.