Le RCD et le FFS, deux partis fortement implantés en Kabylie, sont face à une question lancinante : faut-il boycotter les élections locales du 27 novembre prochain au nom de la constance des positions après le boycott de la présidentielle du 12 décembre 2019, du référendum sur la Constitution du 1er novembre 2020 et des législatives du 12 juin 2021, au risque de parachever leur sortie de la vie institutionnelle ? Ou faut-il y prendre part afin de préserver leur présence dans les assemblées élues, surtout avec toutes les spécificités que représentent les élections locales qui peuvent constituer l'argumentaire en faveur de la participation ? Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Aucun responsable des deux partis n'est en mesure de répondre à ces questions, tant que la décision, contrairement aux autres partis, ne se prend pas de manière unilatérale par un dirigeant ou un groupe de cadres quel que soit leur rang. Il faut donc attendre la tenue des conseils nationaux des deux partis, dans les prochaines semaines, avant de prendre connaissance des positions officielles des deux formations du camp démocratique. Cependant, l'enjeu est de taille. Les deux partis sont fortement impliqués en Kabylie qui a massivement boycotté les trois derniers rendez-vous électoraux avec un taux de participation inférieur à 1%. Si les deux partis poursuivent leur logique de boycott, ils auraient achevé, le 27 novembre, leur sortie définitive de la vie institutionnelle du pays. Un pari très risqué. S'ils participent, ils sauveront leur présence dans les assemblées locales élues, mais risquent de rompre cette «constance» des positions qui a poussé le RCD et le FFS à bouder toutes les initiatives du pouvoir. Mais la spécificité des élections locales et la proximité des élus avec les électeurs, contrairement à l'Assemblée populaire nationale, peuvent jouer en faveur du choix de la participation qui a toutes les chances de l'emporter. En tout cas, des débats houleux sont attendus au sein des instances de décision des deux partis dans les prochaines semaines. Le RCD a signé, hier, le communiqué du PAD qui a dénoncé l'entêtement du pouvoir à organiser des élections, mais cette position ne signifie pas la non-participation dont seul le conseil national est habilité à trancher. Le FFS aussi doit attendre la réunion de son conseil national pour trancher, mais des voix s'élèvent déjà pour appeler à la participation. C'est le cas de Samir Bouakouir, conseiller du premier secrétaire du parti, qui appelle la direction nationale à annoncer la participation sans attendre la décision du conseil national. «Le FFS devrait annoncer sans attendre sa participation aux élections locales. La direction du FFS ne doit pas se laisser dicter une fois de plus sa position par des minorités agissantes, politiquement infantiles, ou céder aux stupides petits calculs d'appareil sans lendemain, comme ce fut le cas lors des législatives», a-t-il écrit sur sa page Facebook. Mais pour la direction du parti, il n'est pas question de violer les prérogatives des instances souveraines. «Le FFS tiendra une session extraordinaire de son conseil national dans les prochains jours. Notre parti profitera de cette importante rencontre, afin d'entamer les débats sur le sujet des élections locales décidées par le pouvoir. Nous aurons donc l'opportunité et la responsabilité de décortiquer objectivement le contexte politique, social et régional qui entoure cette joute électorale. Les membres du conseil national du parti vont, comme de coutume, mettre en relief les avantages et les inconvénients de toutes les options qui s'offrent à nous», a indiqué Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle du FFS. Contacté par nos soins, M. Belahcel a affirmé que le parti prendra en considération les dernières évolutions, notamment celles liées au fléau du séparatisme et les incidences dangereuses qui peuvent découler des logiques des ultras de tous bords. «En tout état de cause, le FFS fera connaître sa position définitive au sujet de ces élections locales au moment opportun et après un long et large débat au sein de ses instances souveraines et habilitées», a-t-il précisé. K. A.