Entre la baisse significative des cas de contamination et la stabilisation du nombre de patients hospitalisés, les dernières données épidémiologiques sont encourageantes. Les spécialistes évoquent même une embellie de la situation sanitaire en Algérie. Toutefois, bien que la décrue se confirme, la stabilité de la courbe des contaminations demeure fragile. Après le Delta, c'est un nouveau variant «Mu» qui attire l'attention des instances mondiales de la santé. Pour le cas de l'Algérie, cette potentielle «nouvelle menace» préoccupe certains spécialistes tandis que pour d'autres, elle n'inspire pas d'inquiétudes. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Faut-il craindre ce nouveau variant détecté en Colombie ? Les spécialistes semblent minimiser les risques de ce dernier, du moment que celui-ci est «maîtrisé». Le variant Mu n'est, pour le moment, pas considéré comme préoccupant, diront-ils. Les plus prudents soulignent, quant à eux, que les données relatives à ce variant sont limitées, et qu'il est difficile de dire avec exactitude s'il représente une réelle menace pour notre pays. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a signalé que le variant est, pour l'instant, classé comme «variant à suivre». Par ailleurs, les experts soutiennent que le nombre de contaminations par ce variant demeure dérisoire quand on sait qu'il a été détecté depuis plusieurs mois maintenant en Colombie. Encore plus, si l'on compare la vitesse de sa propagation à celle du variant Delta qui a donné lieu à la troisième vague en Algérie. Les explications du docteur Mohamed Bekkat Berkani à ce sujet rejoignent ce constat. Pour ce dernier, le variant Mu est loin de représenter une menace pour l'Algérie. «Les chances de voir ce variant apparaître dans le pays sont réduites», a-t-il affirmé. Il estime que du moment que celui-ci est prédominant en Amérique du Sud, notamment en Colombie, et n'est que très peu répandu en Europe, on ne peut voir cette souche comme potentiellement dangereuse pour nous. «Il faudrait que ce variant puisse d'abord migrer dans ces pays pour toucher le nôtre», explique-t-il, outre le fait qu'il n'y ait peu voire plus du tout de liaisons aériennes entre l'Algérie et les pays appartenant à ce territoire. Le président de l'Ordre des médecins considère que ce qui devrait inquiéter les autorités sanitaires, c'est la nonchalance qui caractérise la campagne nationale de vaccination. «L'urgence est de trouver le moyen d'amener ou même d'obliger les citoyens à se faire vacciner», appuie-t-il, en soulignant que la décrue des contaminations est certes avérée, mais qu'il faut que chacun prenne conscience que « la vaccination permet de prévenir les complications quel que soit le variant qu'on contracte ». Il convient de noter que l'OMS précise que «le variant présente des mutations qui pourraient indiquer un risque d'«échappement immunitaire» (résistance aux vaccins)». C'est justement l'élément qui interpelle d'autres spécialistes qui préfèrent ne pas s'avancer sur la question. C'est le cas du professeur Chabani, pneumo-allergologue, qui a indiqué : «Nous n'avons pas encore assez d'éléments pour dire si les vaccins sont efficaces pour lutter contre tous les variants, celui-là en particulier.» Contrairement au premier intervenant, le professeur Chabani juge qu'il faut tout de même rester vigilant. «Il n'est pas exclu que ce variant fasse son apparition en Algérie, du moment qu'il a migré en Europe», fait-il savoir. Néanmoins, il fait remarquer que ce variant semble «moins contagieux vu qu'il s'est manifesté depuis plusieurs mois, mais qu'il se propage encore très peu», par rapport au Delta. La vaccination demeure, selon les spécialistes, la meilleure alternative pour éviter une potentielle quatrième vague. Le variant Mu, comme n'importe quel autre, peut déclencher une nouvelle vague du virus, et ce, en fonction de sa vitesse de propagation. Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche en Algérie, se dit préoccupé par ce variant sans pour autant être alarmiste. «Tous les variants sont à prendre au sérieux, dans la mesure où ils constituent une potentielle menace.» L'intensification des opérations de vaccination est, pour lui, une nécessité. Car, «tous les vaccins ont une même fin, celle de prévenir les complications que peuvent engendrer le virus et ses mutants». Par ailleurs, le variant Mu est actuellement classé par l'OMS dans la catégorie des variants «préoccupants». Sa prédominance se traduit en Colombie ainsi que dans d'autres pays de l'Amérique latine par un bilan élevé des cas d'hospitalisation et de décès. M. Z.